30 % des lits d’Unités Neuro-Vasculaires fermés à Paris !

Paris, le mercredi 3 novembre 2021 – Dans une tribune publiée par le journal Le Monde, des chefs de service dénoncent le manque de lits et de personnels dans les unités neurovasculaires (UNV) qui compromet la prise en charge des patients atteints d’AVC.

Toutes les 4 minutes en France, une personne est victime d’un accident vasculaire cérébral. L’AVC est la première cause d’handicap acquis chez l’adulte, la deuxième cause de démence et la troisième cause de mortalité. Une prise en charge la plus rapide possible du patient par une unité neurovasculaires (UNV) est primordiale pour diminuer fortement le risque de mortalité ou de handicap. « Chaque minute compte à la phase aigüe d’un AVC » répète les médecins. Mais dans les UNV français, le manque de personnel et de lits est criant.

Une situation dénoncée par plusieurs chefs de service et médecins des services de neurologie d’Ile de France dans une tribune publiée ce mardi dans le journal Le Monde. Selon les auteurs de la tribune, 12 % des lits en UNV d’Ile de France sont fermés. La situation serait particulièrement critique à Paris avec 30 % des lits fermés et 50 % des postes d’infirmiers non pourvus. Si ce manque d’effectifs est dénoncé depuis plusieurs années par les acteurs du secteur, il s’est semble-t-il aggravé cet été, avec le départ de nombreux infirmiers et aides-soignants à l’occasion de la crise sanitaire. Pour faire tourner les services, les UNV sont obligés de travailler en sous-effectif ou de faire appel à des intérimaires non spécialisées.

La fermeture de lits et le manque de soignants aurait des conséquences graves sur la prise en charge des patients souffrants d’AVC. Les délais de prise en charge s’allongent, augmentant ainsi le risque de décès ou de handicap. Les médecins signataires de la tribune expliquent en être contraints à procéder à une « priorisation des patients qui pose d’importantes questions éthiques et crée une perte de chance pour les patients ».

« La situation est devenue catastrophique »

Une crise des UNV est confirmé par un médecin exerçant au service de neurologie d’un hôpital parisien contacté par le JIM qui dresse un tableau particulièrement alarmant de la situation « Actuellement dans notre service de soins intensifs neurovasculaire, 14 lits sont fermés, dont 6 lits de soins intensifs scopés dédiés à la prise en charge des AVC en urgence. Cela est directement dû au départ de notre personnel infirmier ces derniers mois. La situation est devenue catastrophique en sortie de crise covid avec un départ massif du personnel, non remplacé. Les conséquences sont désastreuses avec des malades ayant des AVC restant des jours à attendre aux urgences et de nombreux patients que nous ne pouvons plus prendre en phase aigue d’un AVC pour leur proposer les traitements de reperfusion adaptés ».

La situation critique des UNV d’Ile de France n’est pas un cas isolé. En janvier dernier, lors du congrès de la Société française neurovasculaire, le Dr Denis Sablot, coordinateur scientifique de la société savante, avait dénoncé le « grand danger » que courait le maillage territorial des UNV. Selon des chiffres publiés lors du congrès, plus de 18 % des postes dans les UNV français étaient vacants. Seulement 44 % des UNV ne déploraient aucun poste vacant. 15 UNV déclarent être en situation critique et un UNV, celui d’Evreux, a finalement dû fermer par manque d’effectif.

Ce manque de soignants dans les UNV n’est qu’une des manifestations de la crise d’attractivité que traverse l’hôpital public français et que l’épidémie de Covid-19 a à la fois révélé et aggravé. Pour y remédier, plusieurs solutions sont mises en avant par les acteurs du secteur : l’augmentation de la rémunération des infirmiers et des praticiens hospitaliers, la lutte contre les lourdeurs administratives, mais aussi un plus grand recrutement de médecins étrangers.

Quentin Haroche

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Vos réactions (2)

  • Officiers de santé et médecins étrangers

    Le 03 novembre 2021

    Pénurie médicale partout grâce à la gestion désastreuse de la formation des médecins depuis plus de 40 ans.
    Solutions proposées : créer des officiers de santé (pardon Infirmier-e de pratique avancée) ou piller les pays à faible pouvoir d'achat en faisant venir des médecins étrangers payés au lance-pierre et qui vont manquer pour soigner leurs compatriotes.

    Dr Alain Montagnac

  • L’évidence interdite

    Le 07 novembre 2021

    Cela fait plusieurs années que le système hospitalier français est en souffrance par manque de personnel soignant, et lorsqu’on parle de personnel soignant il ne s’agit évidemment pas seulement des médecins mais aussi des infirmiers, des aides-soignants, des ambulanciers, des brancardiers, bref toute la famille qui forme l’équipe.

    Lorsque sur ce système déficient vient se greffer une obligation vaccinale, de fait, cet équilibre précaire se déstabilise alors et sombre dans le chaos, ce qui se passe actuellement. La fuite de personnel a eu lieu juste après la loi du 5 août. Je suis sidéré de voir à quel point les gens ne font pas le lien entre les deux ou peut-être est-ce interdit de le faire. Il va falloir à un moment remettre en cause ces décisions aberrantes qui mettent en danger notre pays et notre santé à tous.

    Dr Bentolila

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