
Paris, le lundi 15 février 2010 – Lorsqu’elle avait été annoncée en mai par Roselyne Bachelot, la décision avait été saluée par tous. De fait, en choisissant de retirer la transsexualité de la liste des affections psychiatriques, le ministre de la Santé empruntait une voie unique au monde, une orientation qualifiée « d’historique » la semaine dernière par le porte-parole de l’Interassociative lesbienne gay bi et trans. Le geste de Roselyne Bachelot était d’autant plus apprécié par les organisations défendant les transsexuels qu’il était assorti d’une promesse : ce changement de statut ne s’accompagnerait pas d’une disparition de la prise en charge par l’assurance maladie des dépenses liées aux traitements conduisant à un changement de sexe. Il était ainsi prévu que le transsexualisme fasse partie des affections longue durée hors liste ou soit considéré comme une « maladie orpheline ». La situation était ainsi résumée en octobre par Philippe Castel interrogé dans l’Express : « Les « trans », comme les femmes enceintes, ne sont pas des malades, mais des personnes qui peuvent avoir besoin de soins médicaux ».
Promesse non tenue ?
Alors que le décret officialisant la suppression des « troubles précoces de l’identité de genre » de la liste « des affections psychiatriques de longue durée » est paru la semaine dernière, la satisfaction est entachée au sein de quelques organisations d’une certaine inquiétude. Le texte ne fait en effet pas mention de la persistance de la prise en charge des soins liés au transsexualisme. Aussi, l’association Transgenre Strasbourg n’a pas tardé à monter en créneau en affirmant dans un communiqué diffusé ce dimanche 14 février : « L’Etat français ne vient absolument pas de « dépsychiatriser » la transidentité. Il vient de la dérembourser ». Loin de se féliciter de la décision française à l’instar de plusieurs autres organisations, Transgenre Strasbourg assure que le décret publié mercredi dernier prive « bon nombre de personnes transidentitaires de tout moyen de remboursement de leurs soins, sans leur en fournir d’autres, par exemple sous forme d’une ALD « indéfinie » comme le gouvernement l’avait pourtant promis officieusement en 2009 » s’indigne l’association. Pour l’heure, le ministère de la santé n’a pas donné de nouvelles précisions quant à la poursuite effective du remboursement des dépenses de santé engendrées par le changement de sexe.
Aurélie Haroche