Prétendre avancer en reculant ...
Jouer les divisions alors qu'on a plus que jamais besoin d'unité dans la profession.
Porter une vision méprisante envers les spécialistes en médecine générale, qui ont plus que jamais besoin d'être en relation de confiance et d'égalité avec les autres spécialistes d'organe.
Parler de subordination des auxiliaires médicaux au lieu de complémentarité.
Proposer le "renforcement du secteur 2 avec liberté tarifaire pour tout le monde" source de tant d'inégalités d'accès aux soins au lieu de la "revalorisation d'un secteur unique" qui valoriserait le travail de tous, sans jalousies, avec plus d'égalité sur tout le territoire et pour toute la population.
Bref, faire croire qu'on est pour le changement alors qu'on est profondément passéiste.
Et en prime, me souvenir qu'en pleine négo conventionnelle ce cher confrère a déclaré sa flamme à une licorne, en disant que puisqu'elle avait gagné tant d'argent sur notre dos c'est qu'elle devait bien savoir comment organiser les soins, donc pourquoi ne pas leur en laisser les clés (devant un parterre médusé).
Non, vraiment, rien ne m'attire chez ces gens.
Je leur souhaite un bon gros bide.
Ensuite on pourra peut-être reprendre la discussion avec toutes les personnes de bonne volonté pour aller dans le sens de l'unité, pour le bien de tous : professionnels de santé, mais aussi et surtout patients.
Dr David Azerad
Point de vue d'un spécialiste en médecine générale
Honnêtement, je comprends les réactions de mes deux confrères.
Cependant à écouter le Dr Gasser, je perçois ses besoins qui n'ont pas été acceptés par la CNAM.
Il joue certes la division, car c'est la CNAM qui joue ce jeu. Il joue pour gagner pas pour figurer. Seulement dans ses équations, vu les ressources limitées octroyées, il risque de rendre moins prioritaires les généralistes que d'autres spécialités (je n'en sais rien au fond). En échange, il apportera des demandes spécifiques pour une relation de précision attentive à chaque spécialité, ce pourquoi je l'en félicite.
Il propose l'accès à tous au secteur 2. Voilà qui effacera l'affront pluri-décennal fait aux MG. Bravo là encore, s'il avait prévu l'accès vraiment à tous. Maintenant ce qui favorise les inégalités d'accès aux soins avec le secteur 2, c'est l'absence de limite claire au "tact et mesure" où on peut voir fleurir des +200, +600, +1800€ (en théorie non opposables aux patients en difficulté financière, mais en réalité nombreux sont mes patients sans le sou (voir en négatif) à qui le tarif secteur 1 a été refusé, bien que nombreux soient aussi ceux qui ont eu droit à une négociation en relation avec la capacité de remboursement maximal de leur mutuelle). Mettons fin à ce flou et à ce gavage et alors, je suppose qu'il n'y aura plus beaucoup de raison de se plaindre du secteur 2.
Pour la subordination, je vois vraiment le médecin en tant que chef d'orchestre des soins. Je ne vois pas un trompettiste être nommé acteur complémentaire du chef d'orchestre, même s'il peut faire des solos (encadrés dans l'avantage du patient ou du moins des dépenses "publiques").
D'ailleurs le spécialiste de la coordination des soins, c'est le spécialiste en médecine générale. Maintenant un accès direct, avec un volet de synthèse médical auto-mis à jour par le DMP, ça ne me choque pas. Ça fera gagner quelques jours sur une prise en charge en sautant le MG et fera perdre quelques jours également par errement du patient qui deviendra son propre chef d'orchestre, à ses frais.
Le Dr Gasser n'a que deux bras, je comprends qu'il préfère être plus efficace en ne s'attaquant qu'à une partie des médecins. La question est : comment se comportera-t-il lors de conflit entre ses ouailles et ses autres confrères ? Si son système est universel pour les "spécialistes", il n'y a pas de raison qu'il ne défendent pas également tous les médecins (tous spécialistes sauf d’extrêmement rares exceptions de MEP qui de fait sont spécialisés dans leur exercice particulier).
Pour la ROSP, c'est un beau jeu de distorsion chez les MG avec la prime aux anciens qui cumulent sans travailler plus nombres de jeunes en bonne santé qui gonflent les chiffres. C'est de l'anti-jeunisme primaire avec en prime, une incitation à sélectionner ses patients. Il faut revaloriser l'acte, pas un nombre de contrat sans incidence réelle et constante sur l'exercice. J'irai plus loin, il faut valoriser le temps passé en consultation, comme en Suisse. Les ROSP sont utiles pour guider les soins, mais honnêtement si la littérature contre-dit les ROSP on entre en conflit avec soit sa conscience soit son gagne-pain et beaucoup, nature humaine oblige, choisiront une attitude passive en suivant les recommandations rédigées par des (médecins bourrés de) conflits d'intérêt. Libérons les médecins des ROSP, gardons nos recommandations imparfaites mais retirons-leur le statut de texte réglementaire opposable au profit de la littérature scientifique (et de ses failles, connues et soulevées).
Bon courage à lui et à tous les confrères des différents syndicats qui se sont engagés à défendre nos intérêts.
Dr Pierre Serveille