Adresse aux Français pour stopper la mise à mort de nos Hôpitaux Publics

Paris, le samedi 12 novembre 2022 - L’épidémie de Covid a révélé de façon brutale les difficultés auxquelles sont confrontés depuis des années nos hôpitaux publics. Si chaque épidémie de grippe contribuait à mettre les équipes sous tension, la pandémie a été une épreuve d’une ampleur sans précédent et a fini d’épuiser les dernières ressources, même si au plus fort de la crise, une inattendue souplesse d’organisation a été remarquée (qui n’a cependant pas été pérennisée).
Aujourd’hui, ce sont les hôpitaux pédiatriques qui traversent à leur tour une grave période de turbulence, déjà annoncée par de nombreuses alertes lors des saisons précédentes. Aussi, dans ce texte, le Professeur Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon lance un appel aux Français et à leurs médecins et infirmiers.
Il y décrit sans nuance ce qu’il dit être « l’état réel de vos hôpitaux » afin de créer un électrochoc dans l’opinion.

Si certains considéreront avec réserve les prises de position qui concluent ce texte, il a le mérite de se faire l’écho de la souffrance éprouvée par ceux qui, à son service depuis si longtemps, se désolent de voir dépérir la santé publique dans notre pays.

Par le Professeur Laurent Thines, neurochirurgien, CHU de Besançon

Vous, françaises, français, êtes loin de connaître l’état réel de vos hôpitaux et de savoir les drames humains qui s’y déroulent chaque jour. Je dresse ici un état des lieux de la situation sur le terrain pour susciter une réelle prise de conscience de la gravité des choses et lancer un appel à un sursaut citoyen pour ne pas accepter l’agonie de notre système de Santé.

En route vers l’A-normalité


On a vu ces derniers jours l’APHP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris) avoir recours à des transferts importants d’enfants (à minima 31 selon le ministre de la Santé) nécessitant de la Réanimation Pédiatrique vers la Province et cela parfois à des centaines de kilomètres de chez eux, comme à Rennes. Du jamais vu dans notre pays, depuis l’épidémie de Covid 2019 ! Ceci confirme, si cela était encore nécessaire, l’état de dégradation avancée de notre système de Santé hospitalier qui n’est même plus capable d’absorber une banale épidémie de bronchiolite saisonnière.

Au-delà du drame que cela peut représenter pour des parents d’être éloignés de leur enfant, il est important de souligner que transférer des bébés intubés et ventilés sur de longues distances, parfois en hélicoptère, ajoute un risque non négligeable de complications, de séquelles voire de décès… Est-ce tolérable en France ?

On n’est cependant pas étonné que cela se produise au sein de l’APHP, un des plus grands complexes hospitaliers européens (excusez du peu), qui a été patiemment dépecé (moyens) puis vidé de sa substance (soignants) par Martin Hirsch, son ancien directeur. Lors de sa période de fonction, il a continué d’appliquer, avec il faut le dire ici beaucoup de zèle, des logiques managériales toxiques et des mesures d’austérité qui ont fini d’achever la structure.

Une fois le travail de mise à sac effectué, et en bon carriériste de Direction Hospitalière, celui-ci coule maintenant des jours heureux comme vice-président de Galileo Global Education, la plus grande société privée d’enseignement supérieur en Europe. Comme pour Mme Buzyn avant lui, qui a été recasée à l’OMS, il n’a pas eu besoin de « traverser la rue pour trouver un emploi ». Le système néo-libéral sait comment rétribuer ses meilleurs fossoyeurs.

Mais ce phénomène, qui peut vous paraître nouveau et inquiétant, n’est rien en comparaison des drames qui se nouent chaque jour au sein de vos établissements de « Santé ». Les soignants, eux, constatent avec amertume et découragement chaque jour cette dégradation qui s’est accélérée nettement depuis septembre 2021. Vous ne devez pas vous habituer à l’A-normalité.

Car il n’est pas normal qu’un patient porteur d’une énorme hernie discale, et qui s’est vu refuser l’admission aux urgences d’un hôpital de la Région après appel du 112, finisse par arriver sur la table d’opération à 5h du matin après un délai de 42h. Ceci a eu pour conséquence pour lui d’avoir une paralysie des membres inférieurs et de la vessie, des séquelles l’obligeant aux auto-sondages urinaires et à marcher avec deux cannes. On imagine aussi aisément la perte de qualité de vie, les difficultés psychologiques et corporelles pouvant être associées (trouble érectile) et les complications sociales (perte d’emploi, difficulté à se déplacer) qui peuvent en découler.

Il n’est pas normal qu’un homme d’âge moyen qui fait un coma brutal sur son lieu de travail (BTP) par rupture d’anévrisme n’arrive sur la table opératoire pour l’évacuation de l’hémorragie cérébrale et la sécurisation de son anévrisme qu’au bout de 9h de délai, après un passage par le chaos des urgences, quand on sait que le centre référent est à 1h de voiture… Nous avons fait notre maximum pour lui, avec un résultat opératoire excellent, mais des suites malheureusement dramatiques en raison d’un délai de compression cérébrale responsable d’une ischémie complète de son hémisphère gauche et d’une survie impossible sans séquelles neurologiques majeures et dépendance physique / psychique totale.

Il n’est pas normal que dans un CHU comme Dijon, une personne âgée décède récemment, de malnutrition, de déshydratation et d’alitement, en attendant une opération bénigne pour fracture du péroné reportée jour après jour aux calendes grecques. Il nous arrive également dans notre CHU de reporter de plusieurs jours certains gestes en apparence bénins pour des problèmes d’accès aux salles opératoires. La semaine passée, j’ai dû reporter, pour réduction supplémentaire des vacations opératoires, une patiente souffrant d’une névralgie cervico-brachiale sur hernie cervicale et qui ne pouvait faire autrement que mettre son bras au-dessus de sa tête pour se soulager de la douleur. Cela s’est fait à la dernière minute en raison d’une décision unilatérale de la Direction qui n’avait pas été transmise aux équipes de chirurgie. J’ai dû m’excuser auprès de la patiente et ravaler ma colère de subir une situation que je n’avais pas encore une fois créée.

Il n’est pas non plus normal que dans un EHPAD de la Région, les soignants qualifiés soient remplacés par des contractuels non formés qui ont des pratiques totalement déviantes sur nos aînés : refus de mise au fauteuil, erreur d’administration de médicaments, utilisation de détergent pour le sol pour la réalisation des toilettes intimes… situation similaire rencontrée dans certaines crèches françaises il y a peu, où une employée a administré un détergent à un bébé qui pleurait trop souvent…

Tout cela est bien A-N-O-R-M-A-L. Et la fréquence avec laquelle surviennent ce que l’on pourrait appeler « dysfonctionnements » est réellement inquiétant. Tout cela se traduit maintenant pour vous et vos proches de façon brutale en perte de chance, perte de qualité de vie, handicaps, séquelles voire décès. Nous soignants qui faisons tout sur le terrain pour maintenir à bout de bras le système hospitalier sommes épuisés de nous battre seuls, tels des Don Quichottes, contre un système qui nous broie.

Se tirer une balle dans le pied en fermant des lits


Dans notre service, comme dans tous les services de notre CHU (et comme dans tous les CHU français), il nous manque selon les semaines jusqu’à 30 à 50% des infirmières, 25% des aides-soignantes, 20-40% des vacations opératoires. Nous faisons notre maximum mais pour maintenir la qualité des soins et la sécurité des patients et des personnels, nous en sommes conduits à nous tirer nous-mêmes « une balle dans le pied » en fermant des lits.

C’est ce que nous avons, dans un cri de détresse, annoncé à la direction de notre CHU il y a 1 mois. Qu’avons-nous reçu depuis comme réponse ? Rien, ce qui équivaut à un mépris total. Pourtant, nous sommes un service d’accueil régional, entendez par là que les patients de Franche-Comté (1 million 250 000 habitants) n’ont que Besançon comme centre de recours en neurochirurgie. Pourtant nous sommes de bons élèves : notre activité génère +500 000 euros de « bénéfice » (désolé d’employer ainsi le langage de nos bourreaux) pour le CHU.

Pourtant, depuis 7 ans nous avons donné un nouvel élan à notre équipe avec un recrutement de praticiens formés à la pointe de la neurochirurgie (recrutement vasculaire national pour les pontages cérébraux et les anévrismes géants, endoscopie hypophysaire, chirurgie tumorale éveillé, chirurgie sous-scanner peropératoire…). Pourtant, grâce à la rigueur et à de nouveaux protocoles, nous avons réduit par 2 la mortalité hospitalière et par 3 les infections nosocomiales… Sommes-nous récompensés pour autant ?

Il n’est pas normal qu’une direction laisse ses équipes seules au milieu du désert. Ces directions d’hôpitaux, et leurs directeurs qui ne viennent jamais sur le terrain pour voir les conditions de travail, sont endoctrinées par leurs logiciels de pensée et de gestion managériale, déconnectées de la réalité du terrain et inféodées à une idéologie libérale austéritaire et mortifère qui consiste à transformer l’hôpital public en entreprise rentable : transformer un « hôpital de stocks » (les patients) en un « hôpital de flux » (la durée d’hospitalisation), comme une ligne de fabrication automobile, le Fordisme appliqué à la Santé.

Ces mêmes directions, qui pleurent maintenant des larmes de crocodile, en nous disant qu’elles ne trouvent plus de soignants volontaires pour travailler…pas étonnant quand on voit comment les Directions les considèrent, comment elles les ont sous-rémunérés (salaires au rabais, miettes du Ségur, heures sup non payées), comment elles les ont maltraités (lean-management, rappel sur WE et congés, ballottement d’un service à un autre, refus de formation professionnelle…). Maintenant, elles sont totalement dépassées par la bête qu’elles ont créée en appliquant le doigt sur la couture les directives de leur Ministère et de leur Gouvernement. Il est grand temps de redonner du pouvoir décisionnel aux soignants et agents des hôpitaux dans leur ensemble.

L’incurie gouvernementale et le conte de « l’argent magique »


Alors, n’attendez pas que Monsieur Macron vous/nous vienne en aide, lui qui a dit qu’il n’y avait « pas d’argent magique » pour l’Hôpital (budget annuel de la Sécu 240 milliards). Pas d’argent magique ? Oui, sauf pour ses amis du CAC 40 qui touchent 20 milliards d’aide par an sans que cela ait eu d’effets notables sur les embauches, les licenciements, les délocalisations. « Pas d’argent magique » ? Sauf pour l’évasion fiscale qu’on tolère à hauteur de 120 milliards par an. « Pas d’argent magique » ? Sauf pour les sociétés privées qui ont touché 160 milliards d’aide de l’État en 2021. « Pas d’argent magique » ? Sauf pour les superprofits qui ont rapporté aux actionnaires 170 milliards l’année passée. « Pas d’argent magique »…non, que le mépris.

N’attendez pas non plus un miracle de Monsieur Braun qui comme ses prédécesseurs (Véran, Buzyn, Bachelot, Tourraine, Bertrand) ne fera que du cosmétique. Vous pensez qu’il développe une prise de conscience de la situation quand il dit que « l’hôpital est en difficulté » ? L’hôpital n’est pas « en difficulté », il est exsangue en soins palliatifs, vidés de ses soignants par 30 ans de casse et 6 ans d’incurie de ce dernier Gouvernement. Ce ne sont pas des « missions flashs », de « nouvelles assises de la Santé », un nouveau « Ségur » qui changeront les choses si on ne change pas de paradigme, à savoir : la Santé est un des biens les plus précieux, elle ne doit pas avoir comme unique paramètre la rentabilité, elle doit répondre aux besoins de la population et elle doit permettre à ceux qui y travaillent d’être épanouis et rémunérés dignement.

Piégés ici, entre ces murs, par un système qui nous aliène


Tout ce qui se passe ici, entre nos murs, est révoltant. Vous n’en voyez que la partie émergée. Nous ne pouvons pas, après des années de sacrifices, de réorganisations, d’épuisement, de Covid et de mobilisations diverses (grèves, manifestations, collectifs, articles, livres…), continuer à lutter seuls. Nous sommes piégés ici, entre ces murs, par un système qui nous aliène et liés par notre vœu d’humanité de soignant. N’attendez pas d’être broyé à votre tour par la dure réalité quand vous, ou un de vos proches, serez les victimes de ce qu’est devenu notre système de Santé.

Tout cela est révoltant ? Alors révoltez-vous ! Faites pression de toutes les manières possibles sur le Gouvernement, le Ministère et son Administration hospitalière pour mettre fin à ce massacre. Il n’est plus temps de savoir « qui est responsable », « quel est le but recherché », « à qui profite le crime » … le temps est venu d’agir et de dire STOP !

Professeur Laurent Thines

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Vos réactions (18)

  • Folie administrative

    Le 12 novembre 2022

    Même s'il n'y a pas d'argent magique, de l'argent a été redéployé durant ces 25 dernières années, au détriment des soignants, vers une pléthore administrative stérile et qui a montré son pouvoir de nuisance dans la crise du Covid. Pour ne citer que ce que je connais : à quoi servent les 4 500 salariés de l'ARS Rhône-Alpes Auvergne ? Est-ce que 100 personnes, voire zéro, ne seraient pas suffisantes ? Quelles sont leurs grilles salariales ? Car il semble qu'à ce niveau il n'y ait pas de difficultés de recrutement... Depuis le "plan Juppé" les choses n'ont cessé de se dégrader, et ceci quelle que soit la tendance politique du gouvernement. On est simplement passé de la confiance dans la parole et le professionnalisme des soignants (certes faillible, mais seulement à la marge), à une société de surveillance qui nécessite une pléthore de personnel, compétent administrativement, mais totalement ignorant de ce qu'il cherche à évaluer. N'est-il pas temps de transformer ces emplois administratifs en emplois de personnes à tous les niveaux, sur le terrain, au contact et au service des réalités du terrain ?

    Dr C Gintz

  • Hôpital en détresse

    Le 12 novembre 2022

    M le Professeur,
    Je suis un MG de terrain exerçant dans un désert médical du Nord ou j’ai accepté l’inscription de 52 patients en 90 jours…. Je conjugue le drame que vous présentez avec celui que je vis au quotidien.
    Soyez persuadé que notre problème est commun et résulte des choix politiques des dernières décennies sur lesquels nous n’avons que peu d’emprise…
    Seule la convergence et l’union des demandes de réformes sanitaires peuvent faire bouger les conceptions monolithiques politiciennes.
    La partie n’est pas gagnée en face de la logique entrepreneuriale de la gestion sanitaire actuelle. La réforme envisageable doit être fondamentale et c’est la raison pour laquelle elle n’a pas encore commencé.
    Il nous faudrait un « Malraux » de la santé et ce n’est pas pour demain. Avec mes respects confraternels

    Dr Varvenne, médecin généraliste

  • Laurent Thines

    Le 12 novembre 2022

    C’est tout à fait ça. Les PH sont les pions des EPIC. Terme qui n’est pas une manifestation de gloire : l’hôpital public est un établissement public, jusque là tout va bien, mais industriel et commercial, voilà la cause de son mal. Si c’était à recommencer, je ne referais pas.

    Dr A Fourmaintraux

  • Mort de nos hôpitaux

    Le 12 novembre 2022

    Hélas, tout ceci fut déjà dit il y a 20 ans par les praticiens hospitaliers des hôpitaux non CHU.
    Mais à l’époque les grands ne se sentaient pas atteints, car encore loin du fléau mortel, tout à la gloire d’être des centres référents… pendant que la piétaille de province se confrontait à la montée des hordes technocratiques ARH puis ARS.
    Que d’horreurs avons nous du entendre lors des restructurations qui étaient aussi parfois nécessaires : nous sommes partis, par dégoût ou du fait de l’âge, sans « héritiers », alors que là aussi les « résultats » étaient au rendez vous notamment en psychiatrie et en périnatalité par exemple.
    Ces idéologies touchent maintenant les « fleurons » universitaires, bien isolés de leur réseau de province, et s’installent, avec les mêmes effets délétères, dans le champ médico-social qui est déjà vidé sur le plan médical.
    Mais comme chacun ne voit que sa petite ou grande boutique, et ne considère l’autre que comme l’outil accessoire de sa propre performance, il y a fort à parier que cela continuera dans ce sens si nous ne faisons pas un effort de solidarité et de compréhension, déjà entre médecins et plus largement entre professionnels de santé (comme l’on dit maintenant, l’indifférenciation des fonctions caractérisant la méconnaissance et le mépris des personnes et des métiers).
    NB et que dire de l’implication sociale et politique du patient consommateur formaté par nos idéologies de marché réductrices et d’immédiateté sans autre préoccupation qu’un souci de réalisation individuelle comme en atteste la redoutable abstention lors de toutes les processus électoraux.

    Dr P Bourdon

  • Adresse aux Français ?

    Le 12 novembre 2022

    Comment soutenir l'appel-découragé- aux français du Pr. Laurent Thines ? Ce n'est ni le 1er ni le dernier, formels sans aucune modification de la T2A ni de remise en cause des conséquences dans toutes les équipes de cette désorganisation.
    Les réponses : entre autres, l'appel aux retraités-bénévoles par l'APHP. J'en fais partie à 74 ans bien que considérée comme trop âgée.
    Courage à vous tous et toutes, la bataille sera longue.

    Dr Sylvie Deplus, PASS HOTEL DIEU

  • Un gauchisme professoral

    Le 12 novembre 2022

    Dommage, on aurait aimé qu'il se réveille plus tôt, sous Hollande par exemple. Cinq histoires de chasse puisées dans la France entière ne font pas un argument. Et la jalousie des carrières en point d'orgue du discours (ce qui est délectable quand on imagine le glorieux des manœuvres d'accession au poste de professeur même à Besançon). Sans cette indécrottable touche politique il aurait gagné en crédibilité.

    Dr P Castaing

  • Analyse et constat si réalistes et terrifiants

    Le 12 novembre 2022

    Professeur Laurent Thines,
    Votre exposé de la situation est d'une précision et d'un réalisme terrifiant et désolant mais combien nécessaire et justifié !
    Il faut absolument envoyer votre texte à tous les médias, journaux quotidiens, hebdos, mensuels, et autres, tels le Canard Enchaîné, Mediapart, enfin tous, y compris les chaînes TV, afin que votre analyse et votre constat soient relayés au maximum même si certains s'y refusent...
    Merci à vous, et j'espère vraiment que vos informations seront exposées au plus grand nombre, car elles sont si clairement expliquées que tous pourront les comprendre, et peut-être les responsables politiques se sentiront-ils enfin obligés de prendre de vraies mesures pour commencer à apporter des réponses concrètes à ce scandale permanent...

    B Margalef, IDE

  • Entièrement d'accord

    Le 12 novembre 2022

    Dans tous les hôpitaux publics de France, le constat est le même.
    Les 35h puis la T2A ont cassé l'hôpital public. Et les directions sont responsables d'avoir suivi les restrictions budgétaires. Dans ma ville un grosse clinique privée est devenue une "machine de guerre" au détriment du public.
    Tout cela était calculé, programmé. Tout donner au privé pour faire des économies... Les managers sont décidément des abrutis...

    Pr A. Muller

  • Mise à mort des hôpitaux publics

    Le 12 novembre 2022

    Cette mise à mort des hôpitaux publics n'est pas un accident, elle est tout simplement voulue dans la logique d'une lente et inéluctable taylorisation de la médecine et de la mise en place d'une prise en charge "automatisée " des patients.

    Dr B Nave

  • Santé en péril

    Le 12 novembre 2022

    Moi, j'ai dit stop il y a 20 ans (ça sentait déjà le pourri !) en quittant le métier de soignant pour une conversion professionnelle !

    F Faucher, IDE

  • Propositions

    Le 12 novembre 2022

    Après un tel état des lieux je ne vois guère de proposition dans cette lettre malheureusement. Je suis aussi désabusé car, quand un médecin devient ministre, il se révèle incapable de changer en profondeur .
    Sur Marseille les hôpitaux sont aussi en très mauvais état et les équipes à flux tendu ; en plus d'augmenter le personnel un énorme budget rénovation est nécessaire.

    Dr J-M Duthoit

  • Agonie de l’hôpital

    Le 13 novembre 2022

    Hélas, tout ce qui est dit dans cette lettre n’est que la stricte vérité, ceux qui ont travaillé à l’hôpital le savent, et les français découvrent progressivement l’étendue du désastre quand eux, leur famille ou leurs amis deviennent patients et sont confrontés aux problèmes. La gestionnite à provoqué la chute des hôpitaux dans un abîme dont on ne voit plus la fin. Et rien n’indique le moindre changement de cap, on constate juste une dénonciation croissante des erreurs, attentes et défauts de prise en charge relayées par des médias préoccupés de faire un buzz, mais tout aussi ignorants des causes dramatiques et de l’ampleur du désastre.

    Dr A Wilk

  • Mise à sac du système de santé

    Le 13 novembre 2022

    Analyse tellement juste! Quelle que soit la spécialité, le constat est le même. En tant que Gériatre, j'observe la même chose, des urgences jusqu’à l'EHPAD en passant par les services de court séjour, et ceux de réadaptation. S'ajoutent maintenant la difficulté à trouver des aides, des services et soignants à domicile, et de plus en plus souvent, de généralistes traitants : ils partent à la retraite ou épuisés, et il n'y a plus personne pour reprendre le flambeau ! Nous fûmes, dans un passé pas si lointain les champions de l'accès au soins : quelle chute !
    Comment relever cela, moyens, organisation, reconnaissance...? qui n'enlèveront jamais l'amertume de tout ce qui aurait dû et n'a pas été fait : soins adaptés, donc bienveillants, et satisfaction des soignants d'avoir accompli la mission qu'ils ont choisie et pour laquelle ils ont été formés.

    Dr S Dardalhon

  • Hôpital et gens de terrain

    Le 15 novembre 2022

    Merci pour votre appel. Nous sommes tous d’accord pour votre constat. C’est l’ensemble de la médecine qui a été mis à mal.
    Il ne faut pas oublier la chasse aux sorcières des médecins de ville accusés de trop soigner par la caisse d’assurance maladie, des infirmières qui se sont vues refuser le remboursement de leurs patients le premier septembre de l’année en cours, pareillement pour les kinésithérapeutes
    Combien ont fermé leur cabinet, changé de profession ou quitté la France…
    La mainmise de l’administration, les jugements par des professionnels qui ne sont jamais des gens de terrain en est la cause. Sans parler des employés de ministères dont la pensée et l’action ne sont jamais remises en cause et qui perdurent à tous les changements de politique.
    Il est plus que temps qu’en médecine comme ailleurs la gouvernance revienne en majorité sinon au moins à moitié aux gens de terrain.

    Dr M-L Sari-Leret

  • C'est voulu

    Le 19 novembre 2022

    Les directeurs d’hôpitaux sont formés a l’école de santé publique de Rennes pour devenir des Terminators de l’hôpital. La volonté profonde des gouvernements successifs a été de privatiser la santé qui est un fardeau financier.
    On va se retrouver dans une impasse complète : la financiarisation et l'actionnariat ont saisi l'opportunité en 2022 d'investir et de transformer en manne pour les actionnaires l'argent de la sécurité sociale. Sans hôpital on se fait opérer chez Ramsay santé (investisseurs saoudiens KKR) ou chez Vivalto (Blackrock) et autre requins traders. Tous ces établissements vont être gérés " à l’économie " bien sur... on aura peut-être des retombées style Orpea... Les gouvernants n'auraient peut-être pas du pousser aussi loin le schéma d'optimisation des dépenses. Essayons de rester sage et indépendants.

    Dr I Herry

  • Déclassement social, santé-enseignement, même plongeon ?

    Le 20 novembre 2022

    Chères Consœurs, chers Confrères,
    Face au (début du) désastre, la colère, médicament naturel de la douleur, jaillit et se dirige bien naturellement vers « les responsables », ARS, directions, ministère, etc.
    Mais comme vous le remarquez judicieusement, cette désagrégation du tissu hospitalier in toto n’est pas neuve et a été souvent mise en évidence, hurlée même par les soignants et leurs associations depuis plusieurs dizaines d’années. Les gouvernements, les conseils régionaux, les directions se sont succédés, tantôt de gauche, tantôt de droite, ont promis des solutions mais aucun d’entre eux n’en a trouvé. Indifférence, mépris, plan, agenda caché, etc ? Trop facile, me semble-t-il.
    Car le mal ne se limite pas aux hôpitaux. Les « EHPADS » en souffrent aussi. Et bien d’autres sortes d’établissements. Que dire des « déserts médicaux » ? Des sociétés d’ambulances qui ne trouvent plus d’ambulanciers ? Du manque d’infirmières et d’infirmiers libéraux ?
    De surcroît, ce genre de dégradation s’observe très parallèlement hors de l’Hexagone. Dans nombre de pays européens mais aussi en Amérique du Nord.
    Exemple :
    November 18, 2022 (Agence REUTERS)
    « Canadian hospitals, strapped for staff, strain with sick children.
    Hospitals across the country are reassigning staff to pediatric care and putting children in other parts of hospitals, from post-partum to adult wards, to grapple with the increased volume of young patients.
    "Words like 'crisis,' 'historic,' 'unprecedented' have almost gone from signal to noise," said Ro-nald Cohn, chief executive officer of The Hospital for Sick Children in Toronto, the largest chil-dren's health centre in Canada. »
    Je ne pense pas que ce soit uniquement un problème de rémunération ou d’organisation tant les « systèmes de santé » diffèrent dans tous ces pays, dans toutes ces professions. Ne faut-il pas alors se demander si ce n’est pas le rôle même de « soignant » qui rebute à présent ? N’y a-t-il pas un parallèle à faire avec ce qui arrive à nos écoles ? (Combien de classes sans enseignant ?)
    Comme les rémunérations, le vocabulaire en témoigne. On ne parle plus d’un « maître d’école » mais d’un « prof » ou d’un « instit’ ». « Les toubibs » et « les blouses blanches » ont remplacé « les médecins ». Le problème n’est-il pas beaucoup plus profond, socio-philosophique ? Sinon, comment expliquer la profondeur du déclassement social de ces métiers ?
    L’expression « trou de la sécu » n’indique-t-elle pas que la dispensation des soins est devenue une charge qu’il convient de limiter, une gêne, une source de désagréments voire de privations…
    Ne faut-il pas y voir un effet pervers, un effet secondaire fâcheux de nos prétendus droits à la santé et droit à l’enseignement ? Les idéologues qui ont (généreusement) inventé ces droits se sont bien gardés d’en prévoir le financement et l’organisation. Était-ce « l’intendance suivra » ou bien « après nous les mouches » ?
    Rien de tout cela ne pourra probablement être corrigé rapidement par quelque dirigeant que ce soit. Peut-être même jamais.
    Et ce n’est hélas pas en exposant la misère de nos systèmes d’enseignement et de dispensation des soins qu’ils attireront nos jeunes (pas plus que la visite d’une prison puante et délabrée ne suscitera des vocations de gardiens…).
    Alors ?

    Dr C Kariger

  • L'hôpital n'attend qu'une seule chose...

    Le 20 novembre 2022

    l'euthanasie !

    Dr H Baspeyre

  • La criée de la médécine

    Le 28 novembre 2022

    Tout ce qui a été dit précédemment est vrai. Il y a 40 ans j'avais envoyé le même type de lettre au ministère. Mais dans les commentaires de mes collègues, je ne vois pas beaucoup de propositions. Tous est de la faute des politiques et de l'administration. Je ne vois jamais une remise an question personnelle ou d'auto critique. Nous devons être tous parfaits ! Par exemple il me semble que c'est le corps médical qui a demandé et obtenu des politiques le numerus clausus.
    Je crains que les millions donnés aux hôpitaux ne changent rien à l'attractivité des hôpitaux pour les infirmières si on ne repense pas leur façon de travailler. Puisque la plupart des infirmières se plaignent : 1/ de ne plus avoir de contact avec les malades, 2/ de ne plus avoir de contact avec les médecins. Le salaire ne vient qu'en 3ème position.
    Pour l'amélioration des soins et leur permanence, je ne vois pas d'amélioration avant plusieurs années car la seule variable d'ajustement actuelle est l'augmentation du temps de travail.

    Dr M Besson-Léaud

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