
Un probable effet nocebo
Le laboratoire Merck condamné au civil en 2020
Quentin Haroche
Quentin Haroche
Copyright © http://www.jim.fr
Bonjour, je cite:
"...seul l’un des excipients est modifié (le lactose est remplacé par du mannitol) afin d’améliorer la stabilité du médicament...".
Il me semble avoir lu et entendu, à l'époque, de toutes parts, que le lactose a été remplacé, dans la formule du Lévothyrox, car certaines personnes y sont allergiques.
Je me suis d'ailleurs posé la question, pourquoi l'ANSM n'a-t-elle pas demandé au laboratoire de produire, spécifiquement pour ces personnes allergiques, un Lévothyrox sans lactose. Et laissé aux autres patients leur formule habituelle.
Au lieu de cela, l'ANSM a demandé un changement de formule pour tous, y compris l'immense majorité des patients pour lesquels l'ancienne formule fonctionnait bien...
P Ducretet, MKDE
Nous savons que la biodisponibilité de la plupart (de tous potentiellement ?) des médicaments à base de molécules complexes, a fortiori d'origine hormonale (insuline, thyroxine...), est susceptible d'être significativement altérée (ici un véritable effet nocebo de très grande ampleur) dès la moindre modification de procédé. On a ainsi déjà constaté de nettes variations de biodisponibilité suite à un simple changement de matériel de fabrication, pourtant réputé 'équivalent' à l'originel (cet équivalent avec lequel les validations techniques de conformité avaient été évidemment correctement réalisées) ou encore de technicien opérateur !
Vouloir améliorer la stabilité du Lévothyrox est évidemment louable, le mannitol est un polyol de substitution au lactose, non allergène, chez les sujets présentant en effet une allergie au lactose.
Toutefois, avoir imposé à Merck cette substitution sans exiger au préalable de pratiquer sur un groupe témoin un minimum de vérification de bio-équivalence avec la formulation originelle constitue à mon sens une grave erreur d'appréciation, s'agissant, on le répète, d'une molécule hormonale et non d'un simple actif de synthèse type aspirine !
D'ailleurs nous savons qu'il est extrêmement périlleux (voire risqué) de vouloir substituer à un patient 'équilibré' ce genre de spécialité biotech par un générique soi-disant moins onéreux... et même bien évidemment si la composition mentionnée est 'identique' ! Si j'étais officinal, je ne m'amuserais pas à ce genre de manip, sans autorisation écrite du prescripteur.
ACR, pharmacien industriel
Non, l'allergie au lactose n'existe pas.
L'intolérance au lactose alimentaire ne se manifeste pas (sauf exceptionnel déficit génétique ou pathologie intestinale aiguë temporaire) en deçà d'un seuil qui en général autorise de consommer un peu de produits laitiers fermentés et n'empêche en pratique que la consommation de lait. En tous cas, aucun excipient de lactose ne peut engendrer de symptômes.
C'est bien la stabilité de la levothyroxine dans le temps, et la prédictibilité de sa biodisponibilité qui posaient problème. Il s'avère que chez nombre de sujets supplémentés à faible dose le médicament n'avait que peu d'activité - et que certain(e)s n'en avaient nul besoin.
Le changement de formulation a rendu le produit plus efficace (et plus maniable). Il est bien regrettable que ses prescripteurs et ses dispensateurs n'en aient tenu aucun compte. Certains ont même participé activement à la médiatisation d'une vague d'effet nocebo.
Dr Pierre Rimbaud