
Quatre millions de grossesses sont recensées chaque année aux États-Unis. Les estimations, dans ce pays, indiquent que 40 % des femmes boivent de l’alcool au cours de la grossesse. 500 000 femmes enceintes boivent de l’alcool au moins une fois par semaine et 80 000 ont des niveaux élevés d’exposition à l’alcool tout au long de la grossesse. Les estimations de la prévalence des effets nocifs de l’alcoolisation fœtale vont de 0,5 cas pour 1 000 naissances vivantes à 9,1 cas pour 1 000, soit de 2 000 à 36 400 cas pour la cohorte des naissances annuelles aux États-Unis, avec un taux de récidive atteignant 75 % lorsque la mère poursuit son intempérance aux grossesses suivantes. La consommation d’alcool au cours de la grossesse est grevée d’une mortalité fœtale de 4 à 5 %, et d’une mortalité maternelle estimée à 4,5 % sur une période de 10 ans.
Dans ce contexte, des auteurs américains et sud-africains, pédiatres de la faculté de médecine du Dakota du Nord, anatomopathologistes d’Harvard et obstétriciens d’Afrique du Sud (où le syndrome d’alcoolisme fœtal atteint, dans certaines régions, 4 % des enfants nés vivants, voire plus) ont effectué une revue de la littérature intéressant la relation entre l’exposition prénatale à l’alcool et le développement, la structure et la fonction placentaire.
La revue, qui a porté sur la littérature publiée en anglais entre 1996 et 2006, a inclus 66 articles que les auteurs ont regroupé en sept items d’intérêt : pharmacocinétique du métabolisme placentaire de l’alcool, modifications fonctionnelles du flux sanguin du placenta et du cordon, altérations de la structure du placenta, transport placentaire, exploration biochimique de la fonction placentaire, morbidité et mortalité fœtale due à l’exposition prénatale à l’alcool.
Les études identifiées montrent que l’alcool de la circulation maternelle traverse rapidement la barrière placentaire, qu’en une heure, les taux d’alcool chez le fœtus et dans le liquide amniotique sont à peu près équivalents aux taux maternels, sans possibilité de clairance métabolique efficace via le placenta et le foie fœtal.
Les résultats de cette revue de la littérature associent l’alcoolisation prénatale à nombre d’effets sanitaires indésirables : à une dysfonction placentaire, à une réduction de la taille du placenta, à des altérations du flux sanguin et du transport des nutriments, à des modifications endocriniennes, à un accroissement de la mortinatalité, et à une augmentation du risque d’hématome rétroplacentaire, de vasoconstriction du cordon et de petit poids de naissance.
Ces risques soulignent la nécessité d’actions préventives, et les auteurs mettent l’accent aussi sur l’utilité de marqueurs d’exposition prénatale à l’alcool, qui permettraient d’intervenir plus précocement. Des banques de placentas et de données (concernant notamment les effets placentaires de l’alcool et du tabac) seraient également nécessaires.
Dr Julie Perrot