Alcool, tabac, stupéfiants : les jeunes seraient de moins en moins attirés !

Paris, le mardi 14 mars 2023 – Les résultats de l’enquête Escapad montrent une baisse importante de la consommation d’alcool, de tabac et de stupéfiants chez les adolescents.

On n’est de plus en plus sérieux quand on a 17 ans. Si l’adolescence est généralement l’âge des premières expérimentations et notamment des premières consommation de tabac, d’alcool ou de stupéfiants, les jeunes Français semblent de moins en moins attirés par ces paradis artificiels. Tel est le principal enseignement des résultats de la dernière enquête annuelle ESCAPAD, menée par l’observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). En mars 2022, l’agence a interrogé 23 000 jeunes (filles et garçons) de 17 ans sur leur habitude de consommation de produits psychoactifs à l’occasion de la journée défense et citoyenneté (JDC).

« Depuis la précédente enquête en 2017, tous les niveaux d’usage de drogues ont baissé, en particulier celui du tabagisme » résume l’OFDT. Ainsi, pour la première fois depuis la création de cette enquête, moins de la moitié (46,5 %) des adolescents de 17 ans disent avoir fumé une cigarette au moins une fois dans leur vie, alors qu’ils étaient 78 % en 2000 et 59 % en 2017. Le nombre de fumeurs occasionnel (une fois par mois) est également en net recul (50 % en 2000, 34 % en 2017, 25 % en 2022) ainsi que celui de fumeurs quotidiens (41 % en 2000, 25 % en 2017, 16 % en 2022), alors que le tabagisme avait plutôt augmenté chez les jeunes entre 2008 et 2017.

Les jeunes vapotent plus qu’ils ne fument

Le sexe ratio est désormais quasi inexistant, sauf chez les fumeurs quotidiens chez qui les garçons (17 %) sont plus nombreux que les filles (14 %). Pour les jeunes qui ont déjà expérimenté le tabac, l’âge de la première cigarette reste stable à 15 ans. Si le tabagisme classique diminue fortement, l’usage de cigarette électronique augmente et devient, pour la première fois, plus courant que celui du tabac. Ainsi, 57 % des adolescents ont déjà vapoté (52 % en 2017), 31 % le font occasionnellement (17 % en 2017) et 6 % vapotent quotidiennement (2 % en 2017). Si les adolescents qui vapotent régulièrement sont le plus souvent des fumeurs, on compte de plus en plus de vapoteurs exclusifs.

La baisse d’appétence des adolescents pour l’alcool est également assez nette. En 2000, seulement 5 % des jeunes de 17 ans n’avaient jamais consommé de l’alcool de leur vie, ils sont près de 20 % désormais. La baisse est tout aussi nette pour les autres modes de consommation : seulement 59 % des adolescents boivent une fois par mois (82 % en 2003) et 7 % boivent au moins dix fois par mois (14 % en 2003). Pour la première fois depuis le début des enquêtes ESCAPAD, moins de la moitié (46 %) des jeunes de 17 ans déclarent avoir été ivres au moins une fois dans leur vie.

Enfin, les jeunes de 2022 consomment également moins de produits stupéfiants. Seulement 30 % des sujets de 17 ans ont déjà fumé du cannabis (ils étaient 48 % en 2014 et 39 % en 2017), 14 % en fument une fois par mois (25 % en 2017) et 4 % en fument régulièrement (9 % en 2014), avec là encore un plus grand nombre de garçons que de filles chez les consommateurs réguliers. Pour la première fois, l’enquête ESCAPAD a interrogé les adolescents sur leur consommation de CBD : 17 % l’ont déjà expérimenté. L’usage d’autres drogues illicites reste résiduel et diminue également : seulement 1,4 % des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de la cocaïne (2,8 % en 2017), 2 % de la MDMA (3,4 % en 2028) et 2,3 % du protoxyde d’azote. Seule exception, les jeunes consomment davantage de poppers (11 % l’ont déjà expérimenté en 2022 contre 5 % en 2014).

Une consommation liée au statut social

Sans surprise, l’enquête démontre que l’usage de substance psychoactives reste fortement corrélé au statut social des adolescents : les jeunes déscolarisés ou en apprentissage fument, boivent et se droguent davantage que les lycéens. Par exemple, 38 % des jeunes apprentis fument quotidiennement, contre seulement 10 % des élèves en lycée général.

Pour l’OFDT, cette tendance à la baisse de la consommation de substances psychoactives chez les jeunes « reflète probablement un changement profond de perception de ces usages, lié à la dénormalisation du tabac et au changement de statut de l’alcool, qui ne serait plus systématiquement perçu comme une dimension incontournable de la fête aux yeux des nouvelles générations d’adolescents ». Si on ne peut que se réjouir de cette évolution en termes de santé publique, l’OFDT appelle à être prudent dans les analyses et rappelle que cette enquête survient « après deux années singulières marquées par la crise sanitaire et plusieurs confinement de la population ». Si, pour l’instant, aucun phénomène de « rattrapage » poussant les jeunes à rattraper le « temps perdu » ne s’observe, il faudra sans doute attendre les enquêtes ultérieures pour conclure que les jeunes sont définitivement devenus sérieux.

Grégoire Griffard

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