Américain, anglais, russe ou chinois : quel vaccin gagnera la course ?

New York, le lundi 28 septembre 2020 – Une dizaine de vaccins expérimentaux contre la Covid-19 sont en dernière phase d’essais clinique. La production et la vaccination en masse pourrait débuter dès le début de l’année prochaine.

Au milieu des discours alarmistes voire catastrophistes des dernières semaines, la possibilité qu’un vaccin contre la Covid-19 soit rapidement mis au point constitue un véritable espoir. Grâce aux efforts sans précédents menés par la communauté scientifique et les industriels depuis le début de la pandémie, cet espoir est peut-être en passe de devenir réalité. Une dizaine de vaccin expérimentaux dans le monde sont désormais en effet en phase 3 des essais cliniques, c’est-à-dire au stade des expérimentations à grande échelle.

Mercredi dernier, c’est la firme américaine Johnson & Johnson qui a annoncé lancer la phase 3 de son vaccin à base d’adénovirus, la même méthode utilisée pour son vaccin contre le virus Ebola qui a reçu le feu vert des autorités européennes en juillet dernier. Ce vaccin expérimental va être testé chez 60 000 personnes aux Etats-Unis et en Europe durant l’automne. Si les résultats sont favorables, Paul Stoffels, responsable de la recherche au sein de la firme américaine, affirme que sa société est en capacité de produire un milliard de doses au premier trimestre 2021. 24 heures après cette annonce, un autre laboratoire américain, Novavax, annonçait également le lancement de la phase 3 de son vaccin, auprès de 10 000 patients britanniques.

Compétition scientifique et géopolitique

De nombreuses autres laboratoires américains se sont également lancés dans la course au vaccin, dont notamment Pfizer et Moderna. Au-delà de la compétition scientifique, la recherche d’un vaccin contre la Covid-19 prend également une tournure géopolitique, chaque grande puissance espérant être la première à trouver la parade contre la pandémie qui a déjà causé la mort d’un million de personnes. Le gouvernement américain soutient logiquement ses entreprises, qu’il subventionne à hauteur de plusieurs milliards de dollars, tandis qu’en Europe, on fait plutôt confiance au britannique AstraZeneca et au français Sanofi.

Les pays non-occidentaux mettent quant à eux leur espoir dans le fameux vaccin russe Spoutnik V et dans les vaccins chinois. En Chine, plus de 100 000 personnes auraient déjà été immunisés durant l’été par les vaccins élaborés par les firmes Sinopharm et Sinovac, sans que l’on sache très bien si les règles et les délais assurant la sécurité des essais thérapeutiques aient été respectés. L’entreprise Sinovac a ainsi annoncé avoir vacciné l’ensemble de son personnel ainsi que leurs familles.

Un « challenge » viral au Royaume-Uni

Dans les circonstances actuelles, si certains commentateurs optimistes pensent que la production en masse et les campagnes de vaccination pourront commencer dès la fin de l’année, la plupart des experts estiment qu’il faudra sans doute attendre début 2021. Mais face à cette multiplication des candidats, il risque d’être difficile de déterminer rapidement quel vaccin est le plus efficace.

Au Royaume-Uni, certains chercheurs, dont notamment des membres de l’Imperial College, proposent donc de mettre en place un essai « challenge », dans lequel des participants "volontaires" seront délibérément infectés par le SARS-CoV-2 après avoir été vaccinés. Près de 37 000 personnes dans le monde se seraient déjà portées volontaires pour participer à cet essai, mais les promoteurs du vaccin n’ont pas encore obtenu le feu vert des autorités. Dans le cadre de cet essai très controversé, le virus ne serait inoculé qu’à des personnes jeunes et en bonne santé, qui seraient ensuite confinés dans un centre spécial à Londres et pris en charge par des équipes médicales.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Le challenge britannique

    Le 28 septembre 2020

    Pourquoi pas ?
    Quels sont les termes précis de la controverse? Nous aimerions le savoir.
    Une chose est sûre: pour être crédibles, les chercheurs appelant à cet essai qui sont "jeunes et en bonne santé" ont l'obligation morale d'y participer. Est-ce le cas ?

    Dr Thibault Heimburger

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