Anti-IL-5 dans l’asthme sévère, un nouveau souffle ?

L’asthme sévère rentre dans la catégorie des maladies chroniques qui pèsent lourdement sur la qualité de vie. La fréquence des manifestations paroxystiques et des symptômes plus ou moins permanents, les difficultés du traitement, le recours souvent nécessaire à la corticothérapie orale au moins par intermittences, les effets iatrogènes de cette dernière, les comorbidités sont autant de facteurs qui compromettent le pronostic fonctionnel pour les patients souffrant de cette forme particulière de la maladie asthmatique.

Un réel espoir

Les antagonistes de l’interleukine-5 (IL-5), tels le mepolizumab, le reslizumab ou encore le benralizumab, suscitent dans ce contexte, un réel espoir mais nuancé par le fait que la réponse est hautement variable d’un patient à l’autre et d’un anti-IL-5 à l’autre. Certains malades sont considérés comme des « super répondeurs », alors que pour d’autres, les symptômes persistent, voire s’aggravent sous l’effet des anti-IL-5 (« non répondeurs »), tous les intermédiaires étant possibles. L’arrêt de la corticothérapie orale est envisageable dans certains cas mais, en cas de réponse partielle, seule une réduction de sa posologie est autorisée. Les mécanismes qui sous-tendent ces réponses inégales bien documentées dans les essais randomisés d’une durée souvent limitée sont mal connus. Les données concernant la prescription des anti-IL-5 à long terme dans l’asthme sévère sont peu nombreuses, de fait largement insuffisantes pour optimiser les stratégies thérapeutiques actuelles.

Une étude de cohorte multicentrique prospective hollandaise vient combler en partie le fossé entre les essais contrôlés et la pratique médicale au sein du monde réel. Ont été inclus 114 patients atteints d’un asthme à éosinophiles sévère, diagnostiqué selon les critères de l’European Respiratory Society/AmericanThoracic Society. Dans tous les cas, les participants qui avaient reçu au moins une biothérapie incluant au moins un anti-IL-5 ont été suivis pendant 2 ans.

14 % de super répondeurs et 11 % de non répondeurs

Au terme de ce traitement, les « super répondeurs » constituaient une minorité (14 %), de même que les « non répondeurs » (11 %), les réponses partielles étant majoritaires (69 %). Plusieurs variables ont été associées aux « super réponses » : un asthme moins ancien apparu à l’âge adulte, un VEMS plus élevé, l’absence de polypose nasale ou encore un indice de masse corporelle plus bas. Ces réponses variables ont conduit le prescripteur à changer d’IL-5 en cours de traitement dans 41 % des cas. Au terme du traitement, le contrôle insuffisant de l’asthme en dépit de ces biothérapies s’est traduit par la persistance des symptômes respiratoires (48 %) ou ORL (58 %) tout autant que par une altération durable de la fonction respiratoire notamment la baisse du VEMS (48 %).

Cette étude de cohorte prospective menée dans le monde réel confirme l’efficacité au moins relative des anti-IL-5 dans le traitement de l’asthme à éosinophiles sévère. Dans 83 % des cas, la réponse thérapeutique est favorable quoique le plus souvent partielle (69 %), les « super répondeurs » étant minoritaires. Le plus souvent, le prescripteur a tendance à modifier son ordonnance en changeant d’anti-IL-5 dans l’espoir souvent déçu d’améliorer la réponse au traitement qui dépend en partie de la présence d’une polypose nasale et de la diminution du VEMS.

Dr Philippe Tellier

Référence
Eger K et coll. : Long-Term Therapy Response to Anti-IL-5 Biologics in Severe Asthma-A Real-Life Evaluation. J Allergy Clin Immunol Pract., 2021 ; 9(3):1194-1200. doi: 10.1016/j.jaip.2020.10.010.

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