Asthme sévère et polypose nasale à l’ère des biothérapies anti-T2

L’asthme dans ses formes sévères est fréquemment associé à la rhinosinusite chronique avec polypose nasale. Il semble que ces deux entités nosologiques aient au moins dans certains cas un point pathogénique commun, à savoir une inflammation de type 2 (T2) qui n’est que l’expression excessive d’une réponse physiologique aux agressions de l’environnement (bactéries, allergènes, diverses substances irritantes. La surproduction de certaines interleukines est à l’origine d’une cascade de phénomènes inflammatoires que l’on peut combattre à l’aide de biothérapies ciblées anti-T2.

Le phénotype T2 concerne 50 à 70 % des asthmes sévères et 70 % des  rhinosinusites chronique avec polypose nasale. Dans ces conditions, quelle est l’efficacité de ces traitements, notamment du mépolizumab, du benralizumab, de l’omalizumab et du dupilumab quand ces deux maladies coexistent ?

Etude rétrospective dans la vraie vie

Une petite étude de cohorte monocentrique rétrospective menée dans le monde réel apporte des éléments de réponse à cette question. Ont été inclus 115 patients adultes atteints à la fois d’un asthme sévère et d’une rhinosinusite chronique avec polypose nasale traités par l’une ou l’autre de ces biothérapies :  mépolizumab (anticorps anti-IL-5) (n = 31), benralizumab (anticorps anti-IL-5 Rα) (n = 27), dupilumab (anticorps anti-IL-4Rα inhibant IL-5 et IL-13) (n = 27) ou omalizumab  (anticorps anti-IgE) (n = 30).

Leur efficacité symptomatique a été évaluée à l’aide de critères spécifiques mesurés à l’état basal et au terme de 4 ou 6 mois de traitement : ACT (Asthma Control Test), VEMS, sévérité de l’asthme selon le score GINA (Global Initiative for Asthma) qui constitue le gold standard en la matière, questionnaires rhinologiques globaux et plus fins (échelles visuelles analogiques prenant en compte les symptômes de la sphère ORL, tels le Rhinosinusitis Outcome Measure 31 ou RSOM-31 et la qualité de vie).

Efficacité symptomatique de la plupart des biothérapies anti-T2

Dans les quatre groupes de traitement, les scores obtenus sur l’ACT se sont améliorés de manière significative (p < 0,01) et il en a été de même pour le VEMS (p < 0,01). Le score GINA ne s’est amélioré que dans le groupe omalizumab(p < 0,01). Quant aux paramètres rhinologiques, tous se sont améliorés de manière significative, qu’ils soient évalués de manière globale ou sélective, quels qu’ils soient (p <0 ,05 dans tous les cas de figure). Les différences entre les valeurs basales et post-thérapeutiques ont été les plus marquées en cas de traitement par le dupilumab et cela vaut notamment pour tous les symptômes nasaux considérés isolément (congestion, écoulement nasal etc.) ou globalement au travers des scores ou des sous-scores RSOM-31.

Cette étude rétrospective menée dans le monde réel plaide en faveur de l’efficacité des biothérapies anti-T2 chez les patients qui sont atteints à la fois d’un asthme sévère et d’une rhinosinusite chronique avec polypose nasale. Les symptômes des deux affections sont significativement améliorés au terme de 4 à 6 mois de traitement, ce qui va dans le sens des résultats d’études préalables, en soulignant toutefois le manque d’essais randomisés tenant compte de ce contexte particulier.

Dr Philippe Tellier

Références
Förster-Ruhrmannv U et coll. : A real-life comparison of pulmonary and nasal outcomes in patients with severe asthma and nasal polyposis treated with T2-biologics.
World Allergy Organ J. 2023; 16(2): 100746.doi: 10.1016/j.waojou.2023.100746.

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