Autisme : Olivier Véran malgré lui dans la polémique

Paris, le jeudi 1er octobre 2020 - Depuis sa sortie le 24 septembre dernier, Le Livre noir de l’autisme signé par Olivia Cattan a mis la lumière sur certaines pratiques médicales douteuses. Pendant plusieurs années, une cinquantaine de médecins auraient prescrit à des enfants atteint d’autisme des antibiotiques et des antiviraux avec la promesse de les « guérir » de leur condition.

Des faits qui ont conduit notamment l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) à émettre une mise en garde sur l’utilisation potentiellement dangereuse et hors de toute AMM des médicaments en cause. Une situation qui a également conduit le Procureur de la République de Paris à ouvrir une enquête pour « mise en danger de la personne d’autrui » et « infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine ».

Un traitement par antibiotique douteux

Plus particulièrement, le parquet enquête sur une cinquantaine de médecins qui s’inscrivent la mouvance de l’association Chronimed.

Depuis 2012, ce groupe de recherche pluri-disciplinaire tente d’obtenir des autorités sanitaires l’autorisation de lancer des essais cliniques validant la théorie selon laquelle un traitement par antibiotique pourrait réduire les difficultés comportementales des enfants atteint d’autisme.

D’après le magazine Capital, malgré une promesse de soutien au début du quinquennat de François Hollande, le Ministère de la Santé n'a finalement pas donné son feu vert pour ces essais.
 
Toutefois, et en dépit de cette absence de cadre règlementaire, plus de plus de 5 000 enfants auraient été ainsi traités par le biais de prescriptions hors AMM, d’après les chiffres obtenus par Olivia Cattan dans le cadre de son enquête. Or, non seulement ce protocole n’aurait pas fait preuve de son efficacité, mais il exposerait également les enfants à des risques à long terme pour leur santé.

Quel rôle a joué l’actuel ministre de la santé ?

La contre-attaque des médecins de la mouvance Chronimed ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué rédigé par Me Fabrice Di Vizio, les médecins qui se déclarent attachés à « la liberté de prescription » assurent avoir le soutien du Ministre Olivier Véran.

Une situation pour le moins cocasse, alors que Me Fabrice Di Vizio est par ailleurs à la tête de nombreuses plaintes pénales dirigées contre l’actuel Ministre de la Santé !

Qu’en est-il en réalité ? Depuis qu’il occupe les bureaux de l’avenue de Ségur, Olivier Véran, par ailleurs légèrement accaparé par la crise sanitaire qui frappe le pays, n’a publié aucun communiqué témoignant d’un soutien en faveur de Chronimed.

En revanche, en 2012, celui qui était à l’époque député de l’Isère avait transmis un courrier à Marisol Touraine pour informer la Ministre de l’existence des recherches menées par le groupe.

D’après Capital, ce courrier mettait en avant l’existence d’un protocole de recherche « assez court est peu coûteux » dont les résultats étaient « très attendus par les parents d'enfants autistes ». Interrogé, le Ministère de la Santé a indiqué qu’Olivier Véran n’avait fait qu’interroger la ministre « sur le lancement d’un essai clinique » dans le strict respect des procédures sanitaires.

A défaut de soutien, il sera cité !

En définitive, les différents essais cliniques ont été interrompus devant l’impossibilité d’utiliser un placebo pour les anti-infectieux en cause. L’avocat des médecins en cause, Me Di Vizio, en appelle à l’organisation d’une rencontre avec l’actuel Ministre de la Santé. A défaut, l’avocat indique qu’il n’hésitera pas « à le faire citer comme témoin dans le cadre de l’enquête ».

C.H.

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Vos réactions (1)

  • Je croyais sottement que le Conseil de l'Ordre devait veiller aux bonnes pratiques.

    Le 04 octobre 2020

    Libre aux ignorants de s’adresser aux médicastres diplômés en « flash-thérapies » et autres « coaches ». Les mêmes n’hésiteront pas à débourser des sommes considérables pour consulter marabouts et mages, ou la kyrielle de charlatans qui n’hésitent même plus à poser leur plaque de guérisseur : naturopathes, magnétiseurs, radiesthésistes, coupeurs de feu (!), que sais-je encore ? J’ai même parfait mon éducation en découvrant la « thérapie magnétique par résonance cellulaire », tout est donc permis.

    La mode qui trotte est aujourd’hui au reiki, « méthode énergétique d'origine japonaise qui, en modifiant le taux vibratoire de l'individu par technique d'imposition des mains, vise à remettre en contact l'énergie universelle et la force vitale afin de susciter un réveil dynamique qui permettra la guérison » (sic).

    Bien, bien. La pensée magique, que l’on croyait en petite forme depuis les Lumières et la promotion de la Raison — au moins chez l’individu de plus de six ans —, a de toute évidence encore de beaux jours devant elle.

    Pourquoi s’étonner ? L’université de Strasbourg dispense des « formations de médecine anthroposophique ». Une dangereuse infiltration de spiritualisme occulte dans ce qui devrait être un temple de la pensée rationnelle.
    Qu’est-ce donc que l’anthroposophie ? C’est une fumeuse doctrine ésotérique et spirituelle élaborée par l’Autrichien Rudolf ­Steiner au début du XXe siècle. Selon l’étymologie, elle prétend être une « sagesse de l’homme » proche de la nature.
    Mais l’anthroposophie n’est pas qu’une théorie, elle a aussi des applications très concrètes, par exemple dans l’éducation (avec les fameuses écoles Steiner, régulièrement pointées du doigt pour leurs dérives sectaires) ou l’agriculture (la biodynamie, fondée sur de mystérieuses influences planétaires).

    Dr Alexandre Krivitzky

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