
Chez l’adulte jeune, la consommation modérée ou élevée d’alcool expose à une augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) notamment hémorragique. Ce facteur de risque potentiellement modifiable mérite la plus grande attention, compte tenu de ses ravages potentiels, d’autant que la pandémie de Covid-19 l’a grandement favorisé dans la plupart des pays du monde, confinement(s) aidant.
Les études qui ont évalué le risque en question reposent sur une mesure unique de la consommation d’alcool, alors que celle-ci a une nette tendance à fluctuer au fil du temps avec des accès d’alcoolisation parfois massive tel que le binge drinking malheureusement prisé par les plus jeunes… Il importerait de prendre en compte la dose cumulée d’alcool sur une longue période pour affiner les connaissances dans ce domaine, tout particulièrement dans la tranche d’âge 20-39 ans.
Une cohorte de plus d’un million cinq cent mille adultes jeunes
C’est là l’objet d’une étude de cohorte nationale sud-coréenne, rétrospective qui a reposé sur la base de données de l’Assurance-maladie du pays, en l’occurrence la Korean National Health Insurance Service database. Ont été inclus 1 536 668 participants âgés de 20 à 39 ans (âge moyen 29,5 ans, hommes : 71,5 %) qui ont tous bénéficié entre 2009 et 2012 d’un bilan de santé annuel. La dose cumulée d’alcool consommé a conduit à attribuer le score 1 à tous ceux qui avouaient une consommation hebdomadaire ≥105 g lors de chaque entretien.
Les scores annuels ont été additionnés pour aboutir à une valeur maximale de 4, témoignant d’une intempérance régulière et plus que modérée. Au cours des six années qui ont suivi, ont été dénombrés 3 153 AVC ischémiques ou hémorragiques, ce qui correspond à un taux d’incidence de 0,37 pour 1 000 sujets-années).
Une très probable relation du type dose-effet
Une analyse multivariée avec ajustements multiples a mis en évidence une association positive entre les scores précédemment définis (2, 3 et 4 versus 0) et le risque d’AVC. Les valeurs des hazard ratios ajustés (HRa) ont été estimés à 1,19 (intervalle de confiance à 95 % IC 95% 1,05–1,34), 1,22 (IC 95% 1,09–1,38) et 1,23 (IC 95% 1,10–1,38) pour des scores de respectivement 2, 3 et 4. Cette relation du type dose-effet est apparue plus significative quant au risque d’AVC hémorragique, les valeurs correspondantes des HRa étant de fait respectivement estimés à 1,30 (IC 95% 1,10–1,54), 1,42 (IC 95% 1,21–1,67) et 1,36 (IC 95% 1,16–1,59).
Les doses cumulées d’alcool augmentent notablement le risque d’AVC hémorragique chez l’adulte jeune. L’évaluation de la consommation d’alcool est certes imprécise puisqu’au-delà du seuil de 105 g/semaine, il n’est plus possible d’échantillonner, mais tout prête à penser que la courbe esquissée poursuit sa pente ascendante. Ce facteur de risque modifiable doit être pris en compte dans la prévention primaire des AVC à tout âge, mais encore plus dans la tranche d’âge 20-39 ans où la consommation d’alcool peut atteindre certains soirs et chez certains sujets des sommets qui mettent le cerveau à rude épreuve.
Dr Giovanni Alzato