Avec une SEP ou une neuromyélite optique, davantage de Parkinson…

La neuromyélite Optique (NMO) est une maladie auto-immune orpheline qui appartient à la catégorie des affections inflammatoires démyélinisantes du système nerveux central. Comme dans la sclérose en plaques (SEP), il existe une composante pathogénique qui relève de la neurodégénescence en plus de la démyélinisation que ces deux maladies ont également en commun. Or, la maladie de Parkinson est un archétype des maladies neurodégénératives au même titre d’ailleurs que la maladie d’Alzheimer. La NMO et la SEP pourraient-elles prédisposer à la maladie de Parkinson ? La question est pertinente, mais elle n’a pas reçu de réponse jusqu’à maintenant.

Selon une étude transversale, cas témoins


Une étude de cohorte sud-coréenne ouvre une piste qui pourrait être le point de départ d’autres études. Les données ont été collectées à partir des services de l’Assurance maladie pour une approche strictement transversale de la question posée. Entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2017, ont été identifiés tous les cas relevant des trois maladies précédentes, en s’aidant des codes diagnostiques de la 10ème révision de la classification internationale des maladies (ICD-10).

Le programme de gestion des affections rares et incurables a également été mis à contribution dans la collecte des données. Tous les cas de maladie de Parkinson ainsi identifiés ont été comparés à un groupe témoin – à raison de cinq témoins par cas- avec appariement selon l’âge, le sexe et l’existence de facteurs de risque cardiovasculaire tels HTA, diabète ou encore dyslipidémies.

Les taux d'incidence de la maladie de Parkinson (exprimés pour 1 000 patients-années) chez les patients atteints de SEP ou de NMO ont été respectivement estimés à 3,38 et 1,27, de fait largement supérieurs à ceux observés dans la cohorte des témoins.

Un risque de Parkinson très nettement majoré, à vérifier


La comparaison intergroupe a permis de calculer le risque de maladie de Parkinson au cours des deux affections démyélinisantes. Le hazard ratio ajusté (HRa) correspondant a été ainsi estimé à 7,73 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 %, 3,87 à 15,47) en cas de SEP et à 2,61 (IC 95 %, 1,13 à 6,02) en cas de NMO. La stratification en fonction du sexe, de l’âge et des facteurs de risque cardiovasculaire n’a en rien modifié ces résultats qui doivent être interprétés avec précaution compte tenu de la méthodologie de l’étude.

Le risque de maladie de Parkinson est-il réellement augmenté chez les patients atteints de SEP ou de NMO ? L’hypothèse est en l’occurrence quelque peu étayée par ces résultats, mais la certitude ne pourra à l’évidence être apportée que par des études longitudinales menées sur le long terme.


Dr Giovanni Alzato

Référence
Kwon S et coll. : Risk of Parkinson’s disease in multiple sclerosis and neuromyelitis optica spectrum disorder: a nationwide cohort study in South Korea J J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2022 : publication avancée en ligne le 28 juillet. doi: 10.1136/jnnp-2022-329389.

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