Baclofène : des membres du comité scientifique temporaire spécialisé mis en place par l’ANSM critiquent… l’ANSM
Paris, le jeudi 13 juillet 2017 - La semaine dernière étaient
rendus publics par l’Agence nationale de sécurité du médicament
(ANSM) les résultats d’une étude concernant la sécurité du
baclofène prescrit dans l’alcoolodépendance. Les conclusions
étaient inquiétantes : à haute dose notamment (entre 75 mg et 180
mg/j) les risques associés au baclofène apparaissent plus
importants que ceux des autres médicaments indiqués contre
l’alcoolodépendance. Face à ces résultats, en urgence, l’ANSM a
décidé de modifier la recommandation temporaire d’utilisation (RTU)
et de limiter la posologie maximale à 80 mg/jour. Dans un
communiqué publié en début de semaine, la Fédération addiction et
son pôle MG ont vivement regretté et contesté cette décision.
Aujourd’hui, c’est au tour de quatre membres du comité scientifique
spécialisé temporaire (CSST) dédié à la RTU et installé par l’ANSM
elle-même de protester. Dans une lettre ouverte au directeur
général de l’Agence, Francis Abramovici, Xavier Aknine, Bernard
Granger, Paul Kiritze-Topor et Claude Magnin énumèrent les
nombreuses failles de l’étude. Ils signalent notamment que ses
auteurs n’en sont pas connus et que les informations sur la
méthodologie et le plan d’analyse statistique sont inexistantes.
Ils relèvent par ailleurs que « Les auteurs de l’étude font des
hypothèses et des interprétations vite assimilées à une
imputabilité, ce qui est impossible avec ce type d’étude qui
n’établit que des associations, en l’occurrence selon une
méthodologie discutable ». Ils regrettent encore que plusieurs
critères « fondamentaux » n’aient pas été pris en compte et
jugent de ce fait que les groupes étudiés ne soient pas
comparables. Compte tenu de ces différentes interrogations, les
auteurs de la lettre estiment que la décision prise n’est pas «
justifiée », d’autant plus qu’elle « ne tient aucun
compte des données d’efficacité montrant l’intérêt des doses
supérieures à 80 mg ».
Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.