
Paris, le vendredi 20 décembre 2019 – La Haute autorité de
Santé a publié en 2011 des recommandations sur le syndrome du bébé
secoué (SBS) également appelé Traumatisme crânien non accidentel
(TCNA) en partenariat avec la Société française de médecine
physique et de réadaptation (SOFMER). Ces travaux ont été conduits
pour répondre à un défaut de formation des professionnels de santé
concernés et pour améliorer le repérage du SBS. Ces préconisations
précisent que le TCNA par secouement est certain en présence de la
triade : hématomes sous-duraux, hémorragies rétiniennes, lésions
cérébrales (si les rares diagnostics différentiels ont été
écartés). Ce texte consacre par ailleurs une place importante au
volet juridique en se concentrant sur la question du
signalement.
Des biais méthodologiques
Aujourd’hui, certaines associations contestent la pertinence
et la rigueur scientifique de ces recommandations et estiment
qu’elles pourraient faire le lit de diagnostics non fondés,
entraînant des conséquences juridiques désastreuses pour les
familles accusées à tort. Limite des sources scientifiques
retenues, éviction trop rapide des diagnostics différentiels et
raisonnement circulaire (la triade permet de poser un diagnostic
qui lui-même confirme les symptômes font remarquer certains
spécialistes) sont les arguments invoqués pour critiquer les
recommandations. Aussi, Maître Grégoire Etrillard qui représente
une cinquantaine de familles et l’association Adika qui en fédère
trois cent ont saisi début décembre la HAS afin qu’elle abroge ses
travaux.
Analyse rigoureuse
Ainsi interpellée, l’institution vient de diffuser un
communiqué qui omet de répondre dans le détail à certaines des
critiques formulées précisément. La mise au point de la HAS insiste
d’abord sur l’importance du repérage et du signalement du SBS. Elle
rappelle ensuite que l’ensemble des sociétés savantes impliquées
ont participé à l’élaboration des recommandations. Elle développe
encore que le travail des experts qu’elle a réunis dans le cadre de
la réactualisation des préconisations en 2017 s’est « notamment
fondé sur une analyse rigoureuse de la littérature scientifique et
médicale internationale. L’ensemble des articles y compris ceux
remettant en question l’existence ou le diagnostic du syndrome du
bébé secoué ont été pris en compte, les articles étant retenus
selon leur seule valeur scientifique. Cette analyse de 310
publications a permis d’élaborer un argumentaire scientifique, à
partir duquel la recommandation a été construite ». La HAS juge
encore que « contester ces recommandations, c’est se tromper de
cible ».
Aurélie Haroche