
Les fractures ostéoporotiques de la hanche exposent à une lourde mortalité postopératoire à court comme à long terme. Le traitement anti-ostéoporotique s’impose pour éviter la survenue d’autres fractures propres à obérer le pronostic fonctionnel et vital. Une telle stratégie par essence préventive a-t-elle un impact sur la mortalité à long terme ? Une étude de cohorte prospective apporte des éléments de réponse à cette question. La démonstration repose sur une vaste base de données taiwanaise, en l’occurrence la NHIRD (National Health Insurance Research Database). Entre 2008 et 2018, 59 943 patients ont été admis en chirurgie orthopédique, à la suite d’une fracture de hanche ostéoporotique qui a été traitée le plus souvent dans l’urgence. Le registre national des décès a fourni les autres informations nécessaires à l’étude. Les données ont été traitées à l’aide d’une analyse multivariée du type modèle des risques proportionnels de Cox.
Réduction de la mortalité à long terme pour les patients traités
Plus d’un patient sur trois (n = 22 494 ; 37,3 %) a bénéficié d’un traitement anti-ostéoporotique dans les suites de l’intervention. Par rapport aux patients qui n’ont pas reçu un tel traitement (62,5 %), la mortalité globale s’est avérée moindre, le hazard ratio (HR) correspondant étant estimé à 0,69 (intervalle de confiance à 95 % : 0,67-0,70, p < 0,0001). Une corrélation a par ailleurs été établie entre la durée de ce traitement et la mortalité globale : plus le traitement a été prolongé, plus cette dernière a été réduite. Une année de traitement a été associée à une diminution de 43 % de la mortalité globale (Hazard Ratio HR 0,57 ; IC 95 % 0,54-0,60). Au terme de deux et trois années, les valeurs du HR ont atteint respectivement 0,42 (IC 95 % ; 0,38-0,46) et 0,29 (IC 95 % 0,26-0,33).
A vérifier dans une étude prospective
Cette étude émet une hypothèse intéressante qui reste à vérifier : dans les suites d’une fracture de hanche ostéoporotique, le traitement anti-ostéoporotique postopératoire serait à même de réduire drastiquement la mortalité globale à long terme. Les facteurs de confusion sont tellement nombreux que d’autres études de cohorte prospectives sont nécessaires pour étayer une hypothèse au demeurant plausible et inciter à prescrire le plus souvent possible un traitement préventif qui est plus que bienvenu dans les ostéoporoses les plus sévères, allant jusqu’à favoriser la survenue de fractures de fragilité impliquant la hanche.
Dr Philippe Tellier