
En dépit d’une double ou triple thérapie inhalée (corticoïdes,
agonistes ß2, antagonistes muscariniques), les épisodes
d’exacerbation des BPCO peuvent être modérés (nécessitant un simple
renforcement du traitement) ou graves (nécessitant une
hospitalisation). Quarante pour cent des porteurs d’une BPCO stable
présentent une inflammation de type éosinophilique, laquelle est
associée à un risque accru de survenue d’exacerbation. D’où la
recherche de moyens médicamenteux afin de réduire l’éosinophilie
sanguine et donc de prévenir les exacerbations.
Parmi les patients ayant participé aux études GALATHEA et TERRANOVA, ont été inclus ceux atteints de BPCO (dans une proportion d'environ 2 sur 1 d'après le décompte des éosinophiles [≥ 220 / mm3 vs < 220 / mm3]) et qui présentaient de fréquentes exacerbations en dépit d’un traitement par aérosols suivant un protocole précis. Ces patients ont été aléatoirement répartis pour recevoir soit du benralizumab (30 ou 100 mg dans GALATHEA ; 10, 30 ou 100 mg dans TERRANOVA) toutes les 8 semaines (toutes les 4 semaines pour les trois premières doses), soit un placebo. Le principal paramètre d'évaluation a été la mesure de l'effet thérapeutique du benralizumab, par le rapport annualisé du taux d'exacerbation de la BPCO (benralizumab vs placebo) à la semaine 56 chez les patients présentant une numération éosinophile sanguine de référence ≥ 220 / mm3. L'innocuité a également été évaluée.
Rien de significatif, hélas !
Dans l’étude GALATHEA, les estimations du taux d'exacerbation
ont été de 1,19 par année (intervalle de confiance IC 95 %, 1,04 à
1,36) dans le groupe recevant 30 mg de benralizumab, de 1,03 par
année (IC 95 %, 0,90 à 1,19) dans le groupe recevant 100 mg de
benralizumab et de 1,24 par année (IC à 95 %, 1,08 à 1,42) dans le
groupe placebo ; le rapport des taux comparativement au placebo
était de 0,96 pour 30 mg de benralizumab (p = 0,65) et 0,83 pour
100 mg de benralizumab (p = 0,05). Dans l’étude TERRANOVA, les
estimations du taux d'exacerbation annualisé pour 10 mg, 30 mg et
100 mg de benralizumab et pour le placebo ont été de 0,99 par année
(IC 95 %, 0,87 à 1,13), 1,21 par année (IC 95 %, 1,08 à 1,37), 1,09
par année (IC 95 %, 0,96 à 1,23) et 1,17 par année (IC 95 %, 1,04 à
1,32), respectivement ; le rapport des taux correspondants étaient
de 0,85 (p = 0,06), 1,04 (p = 0,66) et 0,93 (p = 0,40).
Après 56 semaines, aucun des rapports annualisés des taux
d'exacerbation de la BPCO pour toute dose de benralizumab
comparativement au placebo n'avait atteint un niveau significatif
dans les deux essais. Les types et la fréquence de survenue des
effets indésirables ont été semblables tant sous benralizumab que
sous placebo.
Cette étude financée par AstraZeneca (GALATHEA et TERRANOVA)
et Kyowa Hakko Kirin (GALATHEA) montre que l'ajout de benralizumab
n'a pas été associé à un moindre taux de survenue d'exacerbations
de la BPCO.
Dr Bernard-Alex Gaüzère