Bientôt un titre de séjour spécial pour les professionnels de santé extra-européens ?

Paris, le mercredi 21 décembre 2022 - Dans son projet de loi sur l'immigration, Le gouvernement prévoit la création d'une nouvelle carte de séjour destinée aux professionnels de santé, afin d'attirer des médecins extra-européens et ainsi « répondre au besoin de recrutement ». Inspirée du « passeport talent », cette nouvelle carte de séjour pluriannuelle dénommée « talent - professions médicales et de pharmacie » concerneraient les médecins « quelle que soit leur spécialité », les sage-femmes, les chirurgiens-dentistes ainsi que les pharmaciens, précise le texte transmis lundi au Conseil d'Etat.

Ces professionnels devront remplir deux conditions : être recrutés par un établissement de santé (public ou privé) et valider des épreuves de vérification des connaissances professionnelles. Ce sont les Agences régionales de santé (ARS) qui délivreraient ces titres de séjour d’une durée de validité de 1 à 4 ans.

Néo-colonialisme ?

Un système finalement assez proche de ce qui existe déjà avec les PADHUE (Praticiens diplômés hors UE pour les quels une procédure dérogatoire d’autorisation d’exercice existe et concerne 4 500 praticiens !). Depuis la dernière réforme, ils doivent soit passer un concours, soit, s’ils exercent en France depuis plusieurs années être avalisés par une commission d’autorisation d’exercice.

Mais avec ce titre de séjour spécial, l’exécutif croit pouvoir faciliter l’arrivée de soignants étrangers en France. Pour autant, à ce stade l’annonce peine à convaincre. « On va aller chercher la main d'œuvre à l’étranger, dans des pays qui en ont également besoin, en validant leur expérience alors que l’on sait que parfois, malheureusement, les formations ne sont pas au niveau de celles proposées en France » souligne ainsi le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, au micro de RMC. Selon lui, « encore une fois, on va un peu à la va-vite, dans une espèce de néo-colonialisme qui n’est pas très logique ».

Effet d’annonce ?

D’autres observateurs pointent l’absurdité de recruter des médecins extra-européens pour colmater les brèches d’un système qui s’effondre quand les fourches caudines de l’examen de première année empêchent des jeunes Français d’embrasser la carrière médicale pour un dixième de point.

Cet article 7 de la loi sur l’immigration a enfin de quoi étonner quand on connaît les difficultés que connaissent les PADHUE avec l’administration française.

F.H.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Et les ENArques futurs, ils feront quoi ?

    Le 25 décembre 2022

    Est-ce qu’à l’ENA - INSP les enseignants vont changer leurs théories ?
    La politique du numerus clausus appliquée depuis plus de 50 ans a bien montré son inefficacité sur les dépenses de santé mais leurs édiles restent arc-boutés sur leur grand principe simpliste : le trou de la Sécu est proportionnel au nombre de médecins.
    Un pays ça se gouverne avec anticipation, comme on conduit un super-pétrolier, il faut au minimum 10 ans pour freiner ou accélérer, allez expliquer cela à nos jeunes gouvernants obnubilés par le court terme.

    Dr J-M Malby

Réagir à cet article