Bonne nouvelle : la retraite des médecins libéraux va augmenter !

Paris, le mardi 24 janvier 2023 – La CARMF est revenue sur sa position et a finalement décidé d’augmenter la retraite complémentaire des médecins libéraux.

C’est un cadeau de Noel un peu tardif mais bienvenu pour les 84 000 médecins libéraux retraités : la caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) a annoncé ce mardi que la retraite complémentaire (qui correspond en moyenne à 45 % de la pension des médecins) augmentera bien de 4,7 %, avec application rétroactive au 1er janvier.

Si on ajoute la hausse de 0,5 % mise en œuvre au 1er janvier 2022, la retraite complémentaire des médecins est donc quasiment alignée sur l’inflation, qui était de 5,9 % sur un an en décembre 2022. La CARMF appelle désormais l’Etat et les syndicats à revaloriser de manière équivalente la retraite ASV (34 % de la pension en moyenne), qui n’a augmenté que de 1 % en 2022.

On se rappelle pourtant que fin novembre, le président de la CARMF, le Dr Thierry Lardenois, avait décidé d’annuler cette hausse de 4,7 % prévu de longue date pour compenser l’inflation. Le généraliste avait justifié sa décision par l’inscription dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2023 d’une disposition prévoyant d’exonérer de cotisations les médecins en situation de cumul emploi retraite. Un manque à gagner évalué à 73 millions d’euros par la CARMF qui justifiait selon le Dr Lardenois de geler le montant des pensions. La décision et sa justification avait fait grincer des dents, la CSMF rappelant que la CARMF dispose de 5,6 milliards d’euros de réserve.

L’exonération de cotisations toujours en suspens

Mais plusieurs éléments ont changé la donne et ont poussé la CARMF à revoir sa position. Tout d’abord, au lendemain de la présentation en conseil des ministres du PLFSS rectificatif pour 2023 (la fameuse réforme des retraites), la CARMF a désormais l’assurance que l’exonération de cotisations pour les médecins en situation de cumul sera limitée à l’année 2023 et qu’elle fera l’objet de « mesures de remplacement financières plus favorables » sans plus de précision. Rappelons par ailleurs que cette exonération ne s’appliquera qu’aux médecins dont le revenu annuel sera inférieur à un montant fixé par un décret toujours pas paru. En attendant cette parution, la CARMF a indiqué que les médecins en situation de cumul feront bien l’objet d’un appel de cotisations.

La CARMF indique également que ses perspectives financières sont meilleures que prévues, « compte tenu de la hausse des rendements obligataires, avec un taux de rendement annuel de 3 % au lieu de 1,9 % actuellement ». « Dans ces conditions, le conseil d’administration, après avoir pris en toute sagesse le temps de la réflexion, a donc décidé une revalorisation des pensions » conclut le communiqué de la CARMF.

La CARMF adoube la réforme des retraites

Dans une interview accordée à nos confrères du Quotidien du Médecin le 12 janvier dernier, le Dr Lardenois a par ailleurs dit tout le bien qu’il pensait de la réforme des retraites proposée par le gouvernement. « Le gouvernement s’approche d’une bonne note » commente le généraliste, qui se félicite notamment que, contrairement au projet de 2019 (« une catastrophe dans ses modalités » selon le Dr Lardenois), la nouvelle réforme ne remette pas en cause le régime autonome des médecins libéraux.

Le président de la CARMF explique ainsi que les médecins libéraux, qui en moyenne partent à la retraite à 66 ans, ne sont généralement pas concernés par les mesures d’âge de la réforme qui concentrent toutes les critiques. « Cette réforme des retraites ne me pose aucun problème » résume-t-il.

Un avis pas forcément partagé par tous les médecins, notamment hospitaliers : les syndicats Jeunes Médecins et le SNPHARE ont récemment alerté sur les conséquences de la réforme pour les praticiens hospitaliers, notamment en ce qu’elle ne prenait pas assez en compte la pénibilité du travail hospitalier et qu’elle ne revient pas sur la suppression de quatre ans d’ancienneté pour les PH nommés avant octobre 2020.

« Chacun a le droit d’exprimer ses opinions mais je ne vois pas l’intérêt pour les médecins de manifester contre la réforme des retraites » commente le Dr Lardenois. « Vous savez, les médecins libéraux ont beaucoup d’autres raison aujourd’hui de manifester ! »

Grégoire Griffard

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Vos réactions (5)

  • Exonération

    Le 24 janvier 2023

    "Rappelons par ailleurs que cette exonération ne s’appliquera qu’aux médecins dont le revenu annuel sera inférieur à un montant fixé par un décret toujours pas paru...".
    Encore une petite usine à gaz, avec des effets seuil. Je dépasse de 10 € le montant d'exonération et ça me coûte un bras ! Belle incitation à répondre à la demande criante de soins, alors que des masses de gens ne peuvent pas trouver de médecin traitant qui accepte de les recevoir.
    J'ai donné en son temps le cumul emploi-retraite avec une activité volontairement plus limitée. La cotisation CARMF à l'époque pleine et entière a mangé, additionnée aux autres frais de matériel, de personnel et de redevance clinique, la quasi totalité de mon revenu disponible. J'ai tenu 18 mois et j'ai été pêcher à la ligne !

    Dr A Brenner

  • Retraite des médecins belges

    Le 25 janvier 2023

    Bonjour,
    En Belgique, en ce qui concerne les médecins généralistes en exercice libéral, la retraite s'élève à +/- 1500 € pour une carrière complète de 42 ans (chiffres cités de mémoire). En fait elle s'aligne sur la retraite des travailleurs indépendants. Bien entendu, pas mal de praticiens ont souscrit, durant leur carrière, à des plans de retraite auprès de compagnies d'assurances privées ou auprès d'une caisse privée spécifiquement destinée aux professions de santé. Concernant le cumul travail/retraite et les cotisations, le travailleur indépendant en est exonéré si son revenu n'excède pas 3800 €/an charges déduites. Au-delà, des cotisations sociales sont dues, variant d'après le revenu hors pension de retraite.
    L'âge de la retraite pour les travailleurs salariés est déjà repoussé à deux années plus tard qu'à la même époque en France : on tourne autour de 67 ans en 2030.
    C'est ainsi qu'en ce qui me concerne, je table sur une retraite de 2400 € par mois, en ce compris une "carrière" universitaire à temps partiel pendant 22 ans. J'ai donc décidé de reprendre une vacation dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, ce qui m'amène à me réinscrire à une caisse de "lois sociales" et à repayer des cotisations trimestrielles. D'autres collègues généralistes font de même, entre autres pour amortir la hausse des prix de l'énergie qui n'ont pas été plafonnés en Belgique, contrairement à d'autres pays. Bien sûr, une partie non négligeable de la population se retrouve dans des situations bien moins enviables et il ne s'agit pas ici de me plaindre, mais cela en dit long sur la considération du politique vis-à-vis des professions de santé.

    Dr P Heureux

  • Retraité actif

    Le 29 janvier 2023

    Tout le monde appelle les libéraux retraités à devenir retraités actifs, belle opportunité pour la démographie médicale sinistrée, sérieux coup de main. Mais il faudra dès lors re-cotiser à la CARMF, sans aucune revalorisation tarifaire de la retraite.
    Sous prétexte de solidarité, je veux bien que l'on m'explique cela, il s'agit donc d'un don à la CARMF. Si ces cotisations de retraités viennent à disparaitre, l'équilibre financier CARMF serait menacé, nous dit-on. Médecin retraité actif moi-même, je suis sidéré d'entendre que l'équilibre financier de cette puissante caisse reposerait uniquement sur les épaules de ses vieux médecins !
    En tout état de cause voilà qui envoie effectivement à la pêche à la ligne nombre de mes "vieux" collègues.

    Dr B Lerosier

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