Bronchiolite : ça craque déjà à l’hôpital

Paris, le vendredi 21 octobre 2022 - Selon les données communiquées par Santé publique France, l’automne et l’hiver 2022-2023 connaissent précocement une forte circulation de la bronchiolite (voir figure 1) et toutes les régions métropolitaines en dehors de PACA ont été placées en niveau d’alerte rouge pour la bronchiolite.

Pour la semaine 41 (10 au 16 octobre), 2 959 enfants de moins de 2 ans ont été vus aux urgences pour bronchiolite dont 2 743 (93 %) étaient âgés de moins de 1 an et 973 (33 %) ont été hospitalisés. Parmi les 973 enfants hospitalisés, 935 (96 %) étaient âgés de moins de 1 an.

Passages et hospitalisations à la suite de visites aux urgences pour bronchiolite en France métropolitaine, enfants de moins de 2 ans, Saisons 2019-20 à 2022-23



Paris débordé !


Cet afflux de jeunes patients intervient dans un contexte de grandes difficultés pour la pédiatrie hospitalière.

Rappelons ici, les termes dans lesquels le Collectif inter-hôpitaux tirait la sonnette d’alarme fin 2021 : « A l’instar de la grave crise que traverse l’hôpital public, les services de pédiatrie font face à la fermeture de lits ou à l’impossibilité d’ouvrir leurs lits saisonniers par manque de puéricultrices et d’infirmières, d’auxiliaires puéricultrices et de pédiatres. Les urgences pédiatriques sont submergées comme tous les hivers par les épidémies virales (…) Les fermetures de services d’urgences pédiatriques ou accueillant des enfants dans les villes de taille moyenne font la une des journaux ».

Déjà, en région parisienne, le manque de lits dans les services pédiatriques des hôpitaux a contraint les soignants au transfert de certains patients vers d'autres hôpitaux, en province, parfois à plus de 200 kilomètres du domicile de leurs parents.

Les services de pédiatrie franciliens subissent « des tensions fortes » a aussi reconnu hier la directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, Amélie Verdier.

Responsabilité de tous et de chacun…


« On a des tensions fortes, voire très fortes, dans les services de pédiatrie de la région », a-t-elle déclaré à l'AFP, expliquant que cette épidémie est venue s'ajouter aux « difficultés très importantes » liées aux « postes vacants ».« La situation prévisionnelle pour les jours et semaines qui viennent n'est pas bonne » a également prévenu Amélie Verdier, comptant sur la « solidarité de tous » les soignants, notamment des libéraux, pour « soulager les urgences ». Des discussions sont ainsi en cours avec certaines maisons médicales de garde pour étendre leurs horaires en soirée.

La directrice de l'ARS en appelle aussi à la « responsabilité de chacun », en particulier des parents, pour « se protéger face aux épidémies hivernales », par les gestes barrières. Elle plaide également pour un « recours approprié aux urgences », où « il y a environ 15 % d'enfants dont le passage n'apparaît pas justifié ».

En visite dans un hôpital pédiatrique parisien la semaine dernière, François Braun s'était d'ailleurs engagé à « mettre en œuvre tous les moyens pour répondre à ces pics d'activités liés à la bronchiolite ».

Emmanuel Haussy

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Effet boomerang des inepsies de la HAS ?

    Le 25 octobre 2022

    La HAS ne s’est pas souciée de constater l'excellent travail de coopération Ville/Hôpital qui avait lieu entre les cabinets de kinésithérapie fortement orientés, organisés et équipés pour la kiné respiratoire et à large part pédiatrique et les services hospitaliers de pédiatrie et/ou les pédiatres de ville ; à tel point que les pédiatres disaient considérer ces cabinets comme les "gares de triage" de la bronchiolite dans ces périodes où l'épidémie de ce que nous appelons de prime abord "affections respiratoires saisonnières des nourrissons" fait rage. Je n'oublie pas que la situation était comparable avec les "réseaux bronchiolite" régionaux qui ont sans relâche formé des dizaines de confrères/consœurs à la prise en charge de ces affections.
    Les médecins ne tenaient pas ce langage par hasard ni pour seulement plaisanter. Il s'était établi au fil des années de travail en commun une confiance justifiée par le fait que nous savions "accueillir" un enfant et ses parents 7jours/7, le bilanter cliniquement, établir un score précis, interroger les parents puis, ayant évalué le type d'obstruction respiratoire et la "faisabilité" de la kinésithérapie, le prendre en charge, y compris l'éducation thérapeutique des parents... ou au contraire appeler le pédiatre hospitalier, lui présenter le cas et son bilan et solliciter une prise en charge hospitalière (avec l'assentiment préalable du médecin traitant, si l'enfant venait d'un cabinet de ville).
    Ainsi, à cette époque pas très lointaine, juste avant ma retraite en 2013, les statistiques des diverses études s'accordaient pour dire que seuls 3 % des enfants justifiaient une hospitalisation.
    Force est de constater, selon vos chiffres dont je n'ai aucune raison de douter, que nous en sommes à 33 % ! Même le nombre de "passages" est devenu faramineux et nous savons qu'il s'agit là de la saturation déraisonnable des "urgences pédiatriques" déjà au niveau de la consultation.
    Les cabinets de kiné respiratoire auraient-ils tous disparu ? Les Réseaux régionaux "bronchiolite" aussi ? La nouvelle génération (maigre pour l'instant) de médecins a-t-elle décidé d'ignorer ces partenaires, pourtant fort appréciés de leurs aînés et des parents ?
    Certes, le départ en retraite des "boomers" a creusé quelques trous dans les rangs mais ma profession est plutôt jeune et ils n'ont pas pu tous disparaître .
    A constater le désarroi qui a suivi, il y a quelques courtes années, la publication par la HAS de "recommandations" concernant la prise en charge de ces affections, j'ai toutes les raisons de penser que le problème est principalement dans l'effet catastrophique de cette communication qui ne pouvait vraiment pas être considérée comme un modèle d'exactitude ni de qualité, mélangeant tout, utilisant pour parler de la prise en charge de ville les statistiques de l'étude "Bronchinou" qui ne concernait que les "réas pédiatriques" et donc les enfants relevant de cette prise en charge spécifique où, il est vrai, la kinésithérapie a peu de place, et pour cause puisque ces enfants s'y trouvaient souvent après avoir été "récusés" par les cabinets de kiné spécialisée et référés vers les services hospitaliers. Ce mélange inapproprié des genres a semé une confusion dont seuls quelques "réseaux" très stables où les personnes n'avaient changé ni en kiné, ni en médecine, ont continué à se faire confiance. Les autres ont connu un "maelstrom" d'ordres et de contre-ordres et les parents, complètement désorientés, ont zappé tout le monde et échoué aux urgences pédiatriques.
    Si la HAS avait voulu plonger les urgences dans une détresse encor plus grande, elle n'aurait pas fait mieux.

    H. Tilly, MKDE (85% d'activité kiné respiratoire avant ma retraite)

Réagir à cet article