Calendrier de patients mis à nu : un joli coup face à l’isolement
Paris, le mardi 17 décembre 2019 – Des gants de boxe comme simple
appareil. C’est le fil rouge du calendrier réalisé par les agences
eVeDrug et Acteurs de Santé, présenté le 30 novembre dernier à
Deauville au Festival de la Communication en santé. Pourtant, la
violence est totalement absente de ces beaux clichés en noir et
brillant. Les sourires, l’audace, la pugnacité des personnages
principaux des douze mois de 2020 prennent toute la place.
Tendus vers un même but
D’habitude, ils sont habillés. Et ils mènent plusieurs combats de
front : dans leur chair, contre leur maladie ou celle de leurs
proches et à l’échelon collectif pour donner aux patients atteints
des mêmes pathologies qu’eux les conseils dont ils auraient aimé
bénéficier ou les soutiens qu’ils ont eu la chance de recevoir.
Malgré ce travail de partage, ils ne se connaissaient pas,
travaillant le plus souvent de façon un peu cloisonnée dans leur
propre réseau. La rencontre, au festival de la communication, a été
une révélation pour la plupart d’entre eux : si les maladies contre
lesquelles ils se battent sont très différentes, ils ont eu à faire
face à des épreuves et des difficultés communes. Et tous
poursuivent la même ambition : sortir les patients de
l’isolement.
Briser la solitude
C’est le sens de la plupart des messages glissés par chaque
patient ou groupe de patients qui ont accepté de se déshabiller
pour illustrer les pages du calendrier. Ces petites phrases sont
les mantras du mois. Pour « mettre un visage sur les douleurs
chroniques » clame pour épicer mars et son printemps Edwige
Vattier, de l’Association francophone pour vaincre les douleurs
(AFVD) ou pour « donner l’envie aux patients atteints de la
maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique d’aller chercher
toutes ces petites ressources que nous avons en nous » lui
répond du mois d’avril où il s’est découvert plus que d’un fil
Jean-Michel Hedreux de l’Association François Aupetit.
Se mettre à nu dans tous les sens du terme
La réalisation de ce bel objet et l’acceptation des patients qui
ont été sollicités par Claude Touche d’eVe Drug dont c’était l’idée
originale et Stéphanie Chevrel et Gaël de Vaumas qui avec Acteurs
de Santé n’ont pu que le suivre ont été rendues possible par la
présence de la photographe Nathalie Oundjian qui a su déshabiller
les candidats de leurs naturelles appréhensions. « J’ai été mis
en confiance par Nathalie. Qu’est-ce qui pouvait m’arriver ? A moi
? Rien du tout » résume le héraut du mois d’août, Claude
Pinault du Groupe de soutien des patients atteints du syndrome de
Guillain Barré dans le reportage réalisé par les agences pour
évoquer la réalisation du calendrier. Ainsi, alors que cette mise à
nu était pour beaucoup un acte militant destiné à rappeler
l’importance de leur « cause » et la nécessité de dépasser
les tabous, elle est également devenue pour certains un moment de
réconciliation avec leur corps. Il faut dire que ces malades sont
habitués à se déshabiller régulièrement devant les médecins comme
l’a rappelé Edwige Vattier, mais grâce à cette séance, pour un
instant, les corps n’étaient plus seulement des objets d’étude, des
objets souffrants mais des instants de grâce. « Je me suis
sentie belle » raconte ainsi Éléonore Piot de Villars, de
l'association Lympho'sport et d’autres lui font écho. Aussi,
plusieurs messages jouent avec cette idée du dévoilement : il
s’agit de « montrer que les patients atteints de sclérose en
plaques n’ont rien à cacher » déclare pour réchauffer janvier
Sébastien Kübler de la Ligue contre la sclérose en plaques, tandis
que les six compères de CERHOM (association française pour la lutte
contre le cancer de l'homme, cancer du testicule, cancer de la
prostate et cancer génito-urinaire) ont choisi de poser tels les
Dieux du Stade afin de « mobiliser les hommes pour qu’ils se
mettent à nu devant leur médecin et soient dépistés des cancers
masculins ».
Des acteurs incontournables
Vendu sur le site internet d’eVeDrug (https://evedrug.fr/calendrier/)
au profit des associations participantes, ce bel objet produit en
l’honneur des 30 ans du festival de la communication en santé est
un exemple d’expérience positive et attractive en la matière. Il
rappelle également combien, comme le souligne Stéphanie Chevrel,
les associations de patients jouent un rôle essentiel en matière de
communication en santé et ont à cet égard toujours été des
partenaires du festival.
Chère Aurelie, quel magnifique article, quelle plume. Quelques minutes de discussion et comme toujours une compréhension parfaite du sujet avec une sensibilité à l’extrême. Nous vous remercions au nom des 12 associations d’avoir si justement relayé cette information.