Ce que deviennent les enfants, 6 mois après un syndrome inflammatoire multisystémique lié au SARS-CoV-2

Quatre à six semaines après une infection à SARS-CoV-2 chez un enfant peut survenir un « syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique » [SIM-P], désigné par les acronymes de PIMS-TS* ou de MIS-C* dans la littérature anglo-saxonne. Ce syndrome post-infectieux a été reconnu et décrit en 2020, peu après la première vague de l’épidémie de Covid-19. Son évolution après la phase aiguë est encore mal connue.

Des auteurs anglais rapportent le devenir à 6 mois de 46 SIM-P admis dans un hôpital de Londres, de début avril à fin août 2020.

Les patients, en majorité de sexe masculin et d’ascendance africaine ou asiatique, avaient un âge médian de 10,2 ans. Huit avaient des comorbidités, 9 une co-infection à virus d’Epstein-Barr.

Quarante-six enfants victimes d’un SIM-P en 2020

A la phase aiguë ils présentaient un syndrome inflammatoire et des signes d’atteinte d’au moins 2 des organes suivants : tube digestif (45/46), reins (42/46), peau et muqueuses (39/46), cœur (38/46, 15 échocardiographies anormales), et poumons (29/46). De plus, 40 patients avaient un état d’hyper-coagulabilité - fibrinogène > 4 g/l ou thrombi à l’écho-doppler -, et 24 des troubles neurologiques. Vingt-deux ont eu besoin d’inotropes, 16 d’une ventilation mécanique et un d’une oxygénation extra-corporelle. La RT-PCR et/ou la sérologie du SARS-CoV-2 étaient positives, sauf chez deux patients qui avaient un contage familial certain.

Les 46 patients ont été suivis dans une structure dédiée par une équipe multidisciplinaire. Des points ont été faits 6 semaines puis 6 mois après la sortie de l’hôpital.

A 6 mois, tous les patients sont vivants. Dans l’intervalle, 3 patients ont été ré-hospitalisés pour une rechute ou des infections intercurrentes.

Les marqueurs de l’inflammation sont revenus à la normale, sauf chez un patient. Des anticorps sont encore présents chez 38 des 42 patients dont la sérologie était positive à 6 semaines.

La plupart des atteintes viscérales ont apparemment guéri. Il persiste toutefois :

- des symptômes digestifs avec ou sans élévation de la calprotectine fécale chez 6 patients,
- des dilatations des coronaires chez deux patients. (La fonction systolique du ventricule gauche et les concentrations de troponine et de pro-BNP sont normales chez tous les patients),
- une protéinurie chez 2 patients,
- une baisse de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone chez un patient,
- une dysphonie, une anosmie ou une dysgueusie chez quelques patients.

L’état d’hypercoagulabilité a régressé. Des anomalies neurologiques sont observées chez 18 patients, mais, dans l’ensemble, elles sont mineures et peu handicapantes.

Fatigue musculaire et labilité émotionnelle durables

En fait, 6 mois après la phase aiguë, les principaux problèmes des SIM-P sont une fatigue musculaire et une labilité émotionnelle.

La force musculaire, testée au niveau de huit groupes musculaires, est évaluée à 80 sur un total de 80 (Ecart Interquartile 25-75 : 68-80), mais les enfants restent très fatigués. A l’épreuve de la marche de 6-min, la performance de 45 % des enfants testés (18/40) est inférieure au 3e percentile pour leur âge et leur sexe.

La labilité émotionnelle est mise en évidence par le questionnaire sur la qualité de vie liée à la santé, le PedsQL. D’après les réponses aux questions sur le « fonctionnement émotionnel », sept enfants sur 38 (18 %) présentent de sévères problèmes selon les parents, et 8 sur 38 (22 %) selon les enfants eux-mêmes.

Malgré cela, 45 des 46 enfants ont repris l’école à plein temps, sur place ou à distance.

La durée du suivi est trop courte pour estimer le risque de rechutes et détecter un retentissement sur les facultés cognitives.

En définitive, cette étude met en exergue deux problèmes après la phase aiguë d’un SIM-P : une fatigue musculaire et une labilité émotionnelle durables. Ces problèmes ont été identifiés par le suivi systématique des patients dans une structure dédiée. Ils doivent être anticipés par la mise en œuvre d’une rééducation physique et d’un soutien psychologique dès la fin de l’hospitalisation.

Les données qui seront apportées par d’autres centres et des suivis plus longs permettront de mieux connaître l’histoire naturelle des SIM-P.

* PIMS-TS, pour « paediatric inflammatory multisystem syndrome temporally associated with SARS-CoV-2 » au Royaume Uni ; MIS-C pour « multisystem inflammatory syndrome in children » aux USA.

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
Penner J et coll. : 6-month multidisciplinary follow-up and outcomes of patients with paediatric inflammatory multisystem syndrome (PIMS-TS) at a tertiary paediatric hospital : a retrospective cohort study. Lancet Child Adolesc Health 2021 ; publication avancée en ligne le 24 mai. Doi : 10.1016/S2352-4642(21)00138-3

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