
Charles III guérit-il les écrouelles ?
F.H.
F.H.
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Dès qu'il concerne l'homéopathie, tout résultat scientifique est d'emblée discrédité, raillé, et ce quelle que soit sa valeur.
Un exemple parmi des centaines : les études suivantes vous paraissent-elles scientifiques ? Connaissez vous une équipe qui aurait vérifié ces travaux et qui n'aurait pas confirmé ces résultats ?
Travaux du Pr. Christian Doutremepuich sur l’effet thrombogène de l’aspirine en dynamisation homéopathique (Laboratoire d’Hématologie INSERM 88/13 Bordeaux) : L’aspirine, inhibitrice de l’agrégation plaquettaire à doses pharmacologiques, devient thrombogène en 15CH (dilution 10-30, largement au-delà du nombre d’Avogadro). Dans un modèle standardisé de thrombose induite par laser chez le rat, l’aspirine en dilution/dynamisation 15CH double le temps de coagulation et triple le nombre d’emboles par rapport au témoin (inversion de l’effet pharmacologique classique). Nombreuses publications dans des revues de référence (Thrombosis Research, Haemostasis…).
Bien entendu, il est plus confortable d'en rigoler en parlant d'effet placebo et d'éviter de les lire.
Dr J-J. Perret
L’université de Strasbourg dispense des « formations de médecine anthroposophique ». Une dangereuse infiltration de spiritualisme occulte dans ce qui devrait être un temple de la pensée rationnelle. Qu’est-ce donc que l’anthroposophie ? Une fumeuse doctrine ésotérique et prétendument spirituelle élaborée par l’Autrichien Rudolf Steiner au début du XXe siècle. Selon l’étymologie, elle prétend être une « sagesse de l’homme » proche de la nature. Mais l’anthroposophie n’est pas qu’une théorie, elle a aussi des applications très concrètes, par exemple dans l’éducation (avec les fameuses écoles Steiner, régulièrement pointées du doigt pour leurs dérives sectaires), l’agriculture (la biodynamie, fondée sur de mystérieuses influences planétaires), la banque (la NEF) et une myriade de sociétés financières.
Parmi les génies à qui le prix Nobel de médecine a injustement échappé, citons le Docteur Thomas Cowan, éminent anthroposophe et ex-vice-président de l’Association des médecins pour la médecine anthroposophique. Son discours est basé sur les écrits de Rudolf Steiner en personne. Pour commencer, selon les anthroposophes, les virus n’existent pas. Ce sont juste des défenses de l’organisme. À la suite de l’épidémie de grippe espagnole de 1918, Steiner avait expliqué que « les virus sont l’excrétion d’une cellule empoisonnée qui essaie de se purifier en excrétant des débris, que nous appelons des virus » et que ces derniers « ne sont la cause de rien ». Thomas Cowan explique que « chaque pandémie ces 150 dernières années correspond à un saut quantique dans l’électrification de la Terre » (sic). Pour la grippe espagnole de 1918, la cause était « l’introduction des ondes radio autour du monde ». Quant à la grippe de Hong-Kong de 1968, elle était due aux lancements de satellites dans l’espace.
Dr A. Krivitzky
Réponse au Dr Perret:
Commençons par ce produit phare exhibé dans toutes les pharmacies, en général à proximité des caisses : oscillococcinum. Il ne contient pas des essences de plantes, comme beaucoup de gens le croient, et encore moins des extraits de coccinelle, comme le nom pourrait joliment le suggérer (c’est mignon et naturel, les coccinelles). Mais, tenez-vous bien, Thomas C. Durand nous apprend qu’oscillococcinum est fabriqué à partir d’« une macération de cœur et de foie de canard de Barbarie ». La moindre des choses ne serait-il pas d’en informer les véganes adeptes de l’homéopathie ? Mais, heureusement pour eux, il y a très peu (voire très, très, très peu) de bidoche dans oscillococcinum. Ce remède, poursuit Thomas C. Durand, « est issu de la 200e eau de rinçage du récipient où ont macéré 40 jours durant un foie et un cœur de canard ».
En tout cas, on est loin du principe de l’homéopathie, selon lequel « le semblable guérit les semblables ». Difficile, ici, de voir le rapport entre un nez qui coule et des abats de colvert. Pour retomber sur leurs pattes, les défenseurs de l’homéopathie disent, toujours selon Thomas C. Durand, que « ces extraits de cœur et de foie de canard sont très riches en acides nucléiques et autres composés phosphorés, ce qui les rapproche de la structure des virus, d’où une action selon la loi des semblables ». Un raisonnement pour le moins tiré par les cheveux (ou les plumes, si l’on préfère), car, à ce compte-là, on pourrait tout aussi bien prendre de la bave de têtard ou du foutre de zébu.
Thomas C. Durand donne bien d’autres compositions homéopathiques, toutes en vente libre en pharmacie. Par exemple, les laboratoires Boiron commercialisent Luesinum, « préparé à partir de prélèvements sur des chancres syphilitiques », et destiné à soigner — notamment — les rhumatismes. Quel rapport entre la vérole et le mal de dos ? Le mystère est bien plus épais qu’une dilution homéopathique.
Toujours chez Boiron, on trouve aussi Mephitis putorius, qui, lui, est fabriqué à partir de… glandes anales de putois, ce qui guérirait… la spasmophilie ! Citons également ce mystérieux Rayons X dose 9 CH, dont la notice affirme qu’il s’agit d’« une solution diluée de rayons X », et qui permettrait « de mieux supporter le traitement d’un cancer par radiothérapie ». Au moins, là, on comprend le rapport entre le mal et le remède… Sauf qu’aucun physicien n’a jamais vu de dilution de rayons X (à part chez Boiron). Le florilège des compositions homéopathiques loufoques serait encore long. Juste un dernier pour la route : Murus berlinensis, vendu par les laboratoires Helios, sous la forme de « pilules aspergées avec une solution de mur de Berlin », et destinées, dit-on, à lutter contre « les sensations d’oppression de séparation ». »
https://tinyurl.com/y5qou2hx
Ce serait désopilant si ce n’était gravissime. L’Ordre des médecins et l’Université présenteraient-ils des troubles délirants ? Les lobbies prohoméopathie — laboratoire Boiron en tête — auraient-ils des oreilles complaisantes dans les sphères décisionnaires de la santé ?
Dr A. Krivitzky