
Les pertes de mémoire sont très fréquentes avec l’âge. Ce n’est toutefois pas une fatalité, et il est possible de stabiliser voire d’inverser le déclin. Certains facteurs ayant un effet sur la mémoire ont été identifiés, comme l’âge, le génotype ε4 de l’apolipoprotéine E (APOE), les maladies chroniques et les habitudes de vie. Ces dernières, en tant que facteurs modifiables, sont l’objet d’un intérêt croissant.
Une équipe chinoise a réalisé une étude prospective de cohorte, avec pour objectif de préciser le style de vie idéal qui protègerait du risque de perte de mémoire liée à l’âge, y compris chez les personnes génétiquement à risque, c’est-à-dire porteuses du génotype ε4 de l’APOE. Plus de 29 000 participants ont été inclus, âgés de 60 ans ou plus au début de l’étude en 2009, et suivis jusqu’en 2019.
Six items permettaient de déterminer le style de vie des participants : une alimentation saine (consommation d’au moins 7 de 12 aliments recommandés), une activité physique régulière (≥ 150 mn d’exercice d’intensité modérée ou ≥ 75 mn d’exercice d’intensité élevée, par semaine), une vie sociale active (au moins 2 fois par semaine), pas de tabagisme, une activité cognitive (au moins 2 fois par semaine), l’absence de consommation d’alcool. Les participants étaient classés dans le groupe « favorable » si leur mode de vie comprenait au moins 4 de ces 6 facteurs, dans le groupe « moyen » avec 2 à 3 facteurs et dans le groupe « défavorable » pour 0 ou 1 facteur. La mémoire était évaluée par le WHO/UCLA Auditory Verbal Learning Test et la cognition globale par le MMS test. Tous les patients avaient des fonctions cognitives normales à l’inclusion, et ont bénéficié d’un génotypage APOE. Un sur 5 était porteur du génotype APOE ε4.
Alimentation, activités cognitives et physiques, contacts sociaux et…génotype
Au fil des 10 ans de suivi, les données d’ensemble montrent que si les capacités cognitives restent stables, la mémoire décline régulièrement avec l’âge. Ce déclin survient plus rapidement chez les porteurs du génotype APOE ε4. La combinaison de plusieurs comportements bénéfiques semble toutefois le freiner. Il apparaît en effet que le déclin de la mémoire lié à l’âge est plus lent chez les participants du groupe « favorable » en comparaison avec ceux des groupes « moyen » et « défavorable ». Ce constat est valable tant chez les sujets porteurs du génotype APOE ε4 que chez les non-porteurs de ce génotype.
Parmi les facteurs de risque, une alimentation saine semble avoir l’impact le plus fort pour ralentir la perte de la mémoire, suivie dans l’ordre par l’activité cognitive active, une activité physique régulière, le contact social, le statut de non-fumeur et l’absence de consommation d’alcool.
Dr Roseline Péluchon