
Une équipe italienne a publié les résultats d’une étude prospective évaluant, chez des patientes atteintes de cancer du sein, la prévalence des altérations du goût et leur type, pendant la chimiothérapie et durant l’année suivant la fin de celle-ci, et leur corrélation avec les autres effets secondaires gastro-intestinaux.
Au total, 182 patientes ont reçu un traitement adjuvant ou
néo-adjuvant, à base de taxane et d’anthracycline pour 65 % d’entre
elles. Les altérations du goût étaient évaluées par un diététicien
avant le traitement (T0), 2 mois après le début de la
chimiothérapie (T1), 1 semaine après la fin de celle-ci (T2) puis
tous les 3 mois pendant 12 mois.
L’évaluation des effets indésirables du traitement était
réalisée à l’aide de 2 questionnaires : le NCI-CTCAE (National
Cancer Institute Common Terminology Criteria for Adverse Event)
et la version italienne du CiTAS (Chemotherapy-induced Taste
Alteration Scale) qui, en 18 items mesure les 4 dimensions des
troubles gustatifs : intensité du goût, inconfort, phantogueusie et
paragueusie, altérations générales du goût.
La dysgueusie est présente chez 7 patientes sur 10
Dans cette étude, 69,8 % des patientes déclarent présenter des troubles du goût pendant la chimiothérapie, et 18 % les signalent encore 3 mois après la fin de celle-ci. Les données montrent toutefois un retour à la normale à 12 mois. Les participantes signalent des altérations de toutes les saveurs de base (sucré, salé, acide, amer et umami) ainsi que la perception de goût métallique, mais le trouble le plus fréquent est une altération du goût salé, affectant plus de la moitié des patientes à T2. Aucune caractéristique initiale particulière ne permet de prévoir la survenue d’une altération du goût.
Les auteurs notent une possible relation entre les altérations
du goût et les troubles gastro-intestinaux comme les diarrhées,
nausées, mucite, variations de l’appétit.
Les troubles gustatifs peuvent induire une aversion pour la
nourriture et une réduction des apports énergétiques qui peut
elle-même être responsable de dénutrition, de perte de poids
aggravant le pronostic. Leur identification précise est essentielle
à la mise en place d’interventions diététiques
personnalisées.
Dr Roseline Péluchon