Chimiothérapie pour cancer du sein : des troubles gustatifs fréquents mais transitoires

La dysgueusie est l’un des effets indésirables les plus désagréables de la chimiothérapie. Entre 50 % et 80 % des patientes traitées par chimiothérapie pour un cancer du sein décrivent des troubles gustatifs, particulièrement avec les taxanes. Plusieurs facteurs expliquent cette dysgueusie, comme une atteinte des nerfs crâniens (VII, IX, X) et des papilles gustatives, et des lésions des muqueuses. Ces altérations peuvent avoir des conséquences importantes sur la nutrition et la qualité de vie des patientes et doivent donc être prises en compte.
 
Une équipe italienne a publié les résultats d’une étude prospective évaluant, chez des patientes atteintes de cancer du sein, la prévalence des altérations du goût et leur type, pendant la chimiothérapie et durant l’année suivant la fin de celle-ci, et leur corrélation avec les autres effets secondaires gastro-intestinaux.

Au total, 182 patientes ont reçu un traitement adjuvant ou néo-adjuvant, à base de taxane et d’anthracycline pour 65 % d’entre elles. Les altérations du goût étaient évaluées par un diététicien avant le traitement (T0), 2 mois après le début de la chimiothérapie (T1), 1 semaine après la fin de celle-ci (T2) puis tous les 3 mois pendant 12 mois.

L’évaluation des effets indésirables du traitement était réalisée à l’aide de 2 questionnaires : le NCI-CTCAE (National Cancer Institute Common Terminology Criteria for Adverse Event) et la version italienne du CiTAS (Chemotherapy-induced Taste Alteration Scale) qui, en 18 items mesure les 4 dimensions des troubles gustatifs : intensité du goût, inconfort, phantogueusie et paragueusie, altérations générales du goût.

La dysgueusie est présente chez 7 patientes sur 10


Dans cette étude, 69,8 % des patientes déclarent présenter des troubles du goût pendant la chimiothérapie, et 18 % les signalent encore 3 mois après la fin de celle-ci. Les données montrent toutefois un retour à la normale à 12 mois. Les participantes signalent des altérations de toutes les saveurs de base (sucré, salé, acide, amer et umami) ainsi que la perception de goût métallique, mais le trouble le plus fréquent est une altération du goût salé, affectant plus de la moitié des patientes à T2. Aucune caractéristique initiale particulière ne permet de prévoir la survenue d’une altération du goût.

Les auteurs notent une possible relation entre les altérations du goût et les troubles gastro-intestinaux comme les diarrhées, nausées, mucite, variations de l’appétit.

Les troubles gustatifs peuvent induire une aversion pour la nourriture et une réduction des apports énergétiques qui peut elle-même être responsable de dénutrition, de perte de poids aggravant le pronostic. Leur identification précise est essentielle à la mise en place d’interventions diététiques personnalisées.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Pedersini R et coll. : Taste alterations during neo/adjuvant chemotherapy and subsequent follow‑up in breast cancer patients: a prospective single‑center clinical study. Supportive Care in Cancer, 2022 ; 30:6955–6961

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