Chine : pas de remise en cause du zéro-Covid à l’horizon

Pékin, le lundi 17 octobre 2022 – Le 20ème congrès du parti communiste chinois est l’occasion pour le président Xi Jinping de rappeler son attachement à la stratégie zéro-Covid.

L’espoir a été de courte durée. Certains pensaient que le 20ème congrès du parti communiste chinois (PCC), qui s’est ouvert ce dimanche à Pékin, serait l’occasion pour le parti unique d’infléchir sa politique de zéro-Covid. Les articles de la presse officielle du régime des derniers jours, qui appelaient à « ne pas fléchir face au virus », avaient déjà donné le ton. Voir les 2 300 délégués du parti tous masqués pour accueillir le « grand leader » Xi Jinping, qui doit se voir accorder un troisième mandat consécutif à l’occasion du congrès, a encore réduit les attentes des opposants à cette politique.

Le président chinois a finalement tué tout suspens, en déclarant dans son discours d’ouverture de plus de deux heures (un temps assez court pour un leader communiste) que la Chine allait continuer cette politique qui a « protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple et a atteint des résultats positifs significatifs ».

Plus de deux ans et demi après le confinement de Wuhan et alors que l’ensemble des pays du monde ont désormais décidé de vivre avec le virus, le président Xi n’est donc pas prêt d’abandonner une politique qui est devenu la marque de fabrique de son second mandat.

Seulement 2,7 % de croissance en 2022


La Chine continuera donc de rester une immense prison à ciel ouvert où la moindre poussée épidémique, même la plus minime, peut conduire à des confinements drastiques de mégapoles entières. A l’heure actuelle, environ 100 millions de Chinois sont confinés. Comme dans les pires livres d’anticipation, le régime chinois a décidé de mettre toutes les nouvelles technologies au service de son projet totalitaire : QR code, reconnaissance faciale et géolocalisation font désormais partie de la vie quotidienne des Chinois, qui sont trackés dans leur moindre fait et geste.

Par fierté national, le PCC a refusé les vaccins occidentaux et a préféré immuniser la population avec des vaccins locaux semble-t-il moins efficace que ceux à ARN. L’arrivée d’Omicron, à la fois plus contagieux et moins virulent, n’a pas fait fléchir la politique chinoise, au contraire. L’impact économique de ces confinements à répétition et de la fermeture du pays vis-à-vis de l’étranger ne semblent pas non plus inquiéter Pékin.

En 2022, la Chine ne devrait faire que 2,7 % de croissance, l’un de ses taux les plus bas depuis que le pays s’est tourné vers le capitalisme à la fin des années 1970.

Le retour de Mao


Alors que Xi Jinping ambitionne de devenir le plus grand leader chinois depuis Mao Zedong, il ne peut revenir sur une politique qui est devenu le symbole de son idéologie. Selon lui, la crise du Covid a été le symbole de la supériorité du modèle chinois sur le monde occidental.

Alors que des millions d’Américains et d’Européens ont été emportés par la maladie, seulement 5 300 Chinois sont morts de la Covid-19 officiellement (dont moins de 600 en 2022). Si ce chiffre officiel est évidemment à prendre avec cironspection (du fait du rapport particulier du PCC avec la vérité), il est probable que le nombre réel de morts en Chine soit effectivement relativement faible.

Une partie des chinois ne supportent plus ces politiques liberticides et souhaitent embrasser de nouveau la relative liberté dont ils bénéficiaient avant la Covid. Au printemps dernier, le confinement de Shanghai avait conduit à des manifestations publiques, fait rare en Chine. Jeudi dernier, des banderoles critiquant les restrictions sanitaires ont été accrochées sur un pont de Pékin. Une opposition qui reste marginale et désorganisée qui ne devrait pas faire fléchir Xi Jinping.

« Persévérer c’est vaincre » déclarait il y a peu le leader chinois, plus maoïste que jamais.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • Chine : zéro-Covid à l’horizon

    Le 17 octobre 2022

    Prise de position peu nuancée, illustrant parfaitement l'idéologie dominante du "rassurisme", promue par ceux qui ne risquent pas grand-chose de la Covid-19 et s'abritent derrière une "liberté" qui est souvent celle de nuire à la population, heureusement minoritaire, des "vulnérables".
    Plusieurs remarques :
    - La Chine n'a pas attendu la Covid pour être une dictature, même si la politique du zéro-Covid en a probablement aggravé certains aspects. Une politique zéro-Covid impose nécessairement des contraintes, malheureusement appelées à se prolonger si le reste du monde pratique celle du laisser-faire. Remercions au passage le peuple chinois, dont les sacrifices ont évité depuis trois ans le développement d'un immense réservoir à variants.
    - On peut regretter en effet l'inefficacité relative de la stratégie vaccinale chinoise mais la recherche n'y a peut-être pas dit son dernier mot.
    - La Chine a enfin partiellement réussi à protéger ses vieux parents, principales victimes de la Covid, beaucoup mieux que dans la plupart des pays, notamment le nôtre. Que cet objectif puisse être considéré comme majeur dans la culture chinoise échappe tellement à la mentalité occidentale que la performance n'est saluée ici que du bout de la plume... ce qui est un peu surprenant dans une revue médicale.

    Docteur Marie-Anne Bach

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