
Pointe-à-pitre, le mercredi 7 août 2019 – Prenant part au
mouvement national, le service d’accueil des urgences (SAU) et la
maternité du CHU de Guadeloupe se sont mis en grève le 10 juillet
dernier. La mobilisation n’a cessé depuis de s’amplifier pour
conduire le 23 juillet dernier à une « grève générale », qui
a reçu le soutien de la population lors d’une manifestation qui a
réuni entre 2500 (selon la police) et 6000 personnes (selon les
syndicats) jeudi dernier.
En cause les conditions de travail qualifiées d’«
insoutenables » par les agents, en particulier depuis un
incendie majeur survenu le 28 novembre 2017, qui a notamment eu
pour conséquence le transfert de certains services dans des locaux
transitoires jugés inadaptés par beaucoup. Soulignons néanmoins que
pour certains observateurs, la crise du CHU existait bien avant ce
drame.
Les syndicats dénoncent aussi le personnel insuffisant (à
noter que le CHU enregistre des taux d’arrêts maladie environ deux
fois supérieurs à ceux observés dans les CHU métropolitains), les
locaux si vétustes que les fortes pluies inondent les couloirs de
l’établissement et la moisissure s’installe au plafond et sur les
murs, et le matériel hors d’usage ou très détérioré.
Dernière action coup de poing, les grévistes ont fermé les
grilles du CHU et ont instauré un barrage filtrant.
Le politique s’en mêle
Le 23 juillet, le sénateur de Guadeloupe Dominique Théophile
alertait lui aussi le ministre de la Santé « sur la situation
catastrophique du CHU » qui avec une « dette fournisseur qui
avoisine les 49 millions d’euros » fait face à des difficultés
budgétaires importantes et « ne peut assumer dans de bonnes
conditions l’approvisionnement des denrées et médicaments pour les
patients ». « Une aide supplémentaire en trésorerie a été
versée à l’établissement début juillet, ce qui permettra
d’atteindre 48 millions d’euros d’aide pour les six premiers mois
de 2019 » lui avait répondu Agnès Buzyn. Le ministre de la
Santé a aussi affirmé que « le plan de réorganisation de l’offre
de soins et la situation structurelle de l’établissement devraient
être stabilisés en 2020 ».
En outre un espoir demeure, celui de l’aboutissement du
chantier : « situé à Perrin aux Abymes (près de l’aéroport), il
sera construit selon les normes parasismiques, paracycloniques sur
un terrain de 19 000 hectares et une surface plancher de 78 000
m²», a indiqué la préfecture de la Guadeloupe. Il comportera
618 lits et places, 14 salles d’opération. Son coût : 580 millions
d’euros.
Face à la grogne, le directeur général du CHU, Gérard Cotellon
a adressé début juillet une lettre ouverte aux personnels,
indiquant avoir opté avec le ministère de la Santé et l’ARS, pour
un plan de retour aux fondamentaux (PRAF) basé sur 90 actions, avec
pour objectif « de rétablir les bases réglementaires de gestion
d’un CHU digne de ce nom, de mettre en place des points d’alerte
permettant de garantir la sécurité et la qualité des soins et à ce
titre de rendre confiance à chacun dans l’exercice de ses
missions ».
F.H.