
Paris, le mercredi 11 janvier —Selon deux rapports de l’Organisation des Nations unies (ONU) publiés hier, les chiffres de la mortalité infantile dans le monde seraient très similaires à ceux constatés en 2020.
La mortalité infantile stagne dans le monde. En 2021, 5 millions d’enfants sont morts avant d’atteindre l’âge de cinq ans, dont la moitié avait moins d’un mois, et près de 2 millions d’enfants sont mort-nés, selon deux rapports publiés ce mardi 10 janvier par l'Organisation des Nations unies. Très proches des statistiques publiées pour l'année 2020, ces chiffres masquent surtout d’immenses inégalités selon les pays.
Des inégalités importantes selon les régions du monde
L’Afrique subsaharienne a enregistré 56 % des décès d’enfants de moins cinq ans dans le monde. L’Asie du Sud est également particulièrement affectée. Ces deux régions comptabilisent à elles seules 77 % des mortinaissances en 2021. Comme le rappelle l’Unicef, « la plupart de ces décès peuvent être évités lorsque les femmes ont accès à des soins de qualité pendant la grossesse et l’accouchement ».
Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est de 38 décès pour 1000 naissances à l’échelle mondiale. Mais, en Afrique subsaharienne, ce taux atteint 74 décès pour 1000 naissances vivantes, soit 15 fois plus qu’en Europe et 19 fois plus qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Les rapports de l’ONU précisent également quelques statistiques particulièrement préoccupantes : 2,3 millions de nourrissons sont morts dès leur premier mois et 1,43 million avant d’atteindre l’âge d’un an. La mortalité touche également les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, puisqu’environ 2 millions de personnes âgées de 5 à 24 ans sont décédées en 2021.
Dans l'ensemble, ces chiffres sont très similaires à ceux publiés pour l'année 2020. Si la tendance reste largement positive depuis le début du millénaire, la stagnation enregistrée en 2021 constitue une donnée inquiétante. « Certes, le taux mondial de mortalité des enfants de moins de 5 ans a diminué de 50 % depuis le début du siècle, mais la réduction est moindre pour les nouveau-nés et certainement pour les mort-nés. Beaucoup de pays, notamment à faible et moyen revenu, ont stagné », analyse Kathleen Strong, épidémiologiste de la santé de l’enfant à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et co-autrice des deux rapports.
Le poids de la pandémie
On le sait, les facteurs principaux des décès d’enfants de moins de cinq et des mortinaissances sont le manque d’accès à des soins de qualité, à des vaccins, à l’eau potable et à une alimentation adéquate.
La pandémie de Covid-19 a également joué un rôle : si la maladie a moins affecté la santé des enfants et des jeunes, elle a eu comme effet indirect de désorganiser les systèmes d’accès aux soins et aux services de nutrition. « La pandémie a alimenté le plus grand recul continu des vaccinations depuis trois décennies, exposant les nouveau-nés et les enfants les plus vulnérables à un risque accru de mourir de maladies évitables », indique l’Unicef.
D’autres maladies ont, en revanche, joué un rôle plus direct dans la mortalité infantile en 2021, comme le rappelle l’ONU : le paludisme, la pneumonie, la diarrhée et les autres maladies infectieuses.
Raphaël Lichten