
Paris, le lundi 11 juillet 2022 – Dans son dernier rapport « Charges et produits » remis au gouvernement et au parlement, la CNAM table sur 1,2 milliard d'euros économies pour 2023 (vs 1,07 milliard en 2021 et 1,05 milliard en 2020) grâce à un panier d’une trentaine de mesures, subtiles mélanges de prévention et de contrainte pour les professionnels de santé.
Mieux vaut prévenir que payer
Sur la base des données de son nouveau portail « data pathologies » qui détaille le coût de chaque maladie pour la sécurité sociale, la Cnam entend faire, en particulier, 136 millions d’euro d’économies sur la prise en charge de l'insuffisance cardiaque et le diabète et 25 millions d’euros sur la maternité et la petite enfance.
Concernant le diabète, la CNAM suggère, pour éviter des hospitalisations, de développer les innovations connectées et la télésurveillance pour les patients diabétiques. Pour ce qui est de l'insuffisance cardiaque, elle entend proposer une campagne d’information, amplifier le déploiement du service de retour à domicile Prado, créer des équipes de soins spécialisées en cardiologie pour couvrir tout le territoire, et généraliser la télésurveillance pour les patients les plus graves.
Pour la maternité et de la petite enfance, la Caisse propose l'amélioration de l'accompagnement des femmes pendant la grossesse (notamment en tabacologie et en santé mentale) et d’améliorer le suivi des enfants, notamment dans les départements les plus « défavorisés ». Parmi les mesures recommandées : le repérage « systématique » des troubles visuels et du langage dès trois ans par les orthophonistes et les orthoptistes en milieu scolaire, et faire de « Mon espace santé » le carnet de santé numérique de l’enfant.
Elle recommande également de développer la prévention dans la population générale, en particulier de l’obésité et du tabagisme et de rattraper le retard accumulé depuis deux ans en matière de dépistage des cancers (côlon, sein, utérus…) et de vaccination des adolescents contre le papillomavirus humain (HPV), quitte à transmettre aux médecins la liste de leurs patients concernés.
La biologie, l’imagerie et l’officine dans le viseur
Mais la CNAM ne se soucie pas que de santé publique et entend encore agir vis-à-vis des professionnels de santé. Elle estime ainsi à 180 millions d’euros les économies possibles sur la biologie médicale.
Ce secteur atteint des « niveaux de rentabilité élevés », encore plus depuis le Covid (plus 23 % en 2020), et son chiffre d'affaires est passé de 5,1 milliards en 2019 à 9,4 milliards d'euros en 2021 note la Caisse. Dans ce contexte, l'Assurance-maladie souhaite définir « une nouvelle stratégie » pour cette spécialité et a prévu d'entamer un cycle de négociations à la rentrée avec les biologistes médicaux pour réguler encore davantage ses tarifs.
Concernant les médicaments, la Cnam table sur 149 millions d’économies en accroissant la part des biosimilaires et en promouvant (encore !) le bon usage de l'antibiothérapie mais aussi la dispensation adaptée, qui peine à se développer en France. La Caisse prévoit également 112 millions d’économies en limitant les examens « inutiles » d’imagerie.
Pour finir, notons que l'Assurance-maladie évalue à 300 millions
d'euros les économies réalisables en 2023 par la lutte contre les
fraudes. Pour ce faire, la Cnam veut sécuriser davantage la
facturation des professionnels de santé libéraux, mieux détecter
les anomalies de facturation ou encore bloquer les associations
d'actes incompatibles.
X.B.