
Après une thrombose veineuse profonde, une personne sur trois au moins présentera un syndrome post-thrombotique. Les premiers symptômes apparaissent dans les 2 ans suivant la thrombose et le plus souvent au cours de la première année. Il peut s’agir de modifications cutanées ou d’un léger œdème, mais aussi d’ulcères chroniques ou d’un œdème difficilement contrôlable. Outre le traitement médicamenteux de prévention du risque thrombotique, certains travaux ont démontré l’intérêt de la contention. Le port d’une contention en continu pendant au moins 2 ans réduirait de 50 % le risque de syndrome post-thrombotique. Une étude récente montrait toutefois qu’à peine plus de la moitié des patients continue à porter la contention plus de 3 jours par semaine à la fin des deux ans, et que la compliance a une nette tendance à s’émousser dès la fin de la première année.
Impossible de conclure que ce n’est pas moins bien !
Il a donc été suggéré d’abréger le port de la contention et de le réduire à 1 an. Une équipe hollandaise a donc mené un essai randomisé dans l’objectif d’établir la non-infériorité du port de bas de contention pendant 1 an plutôt que 2, pour la prévention du syndrome post-thrombotique. Au total 518 patients ont été randomisés à la fin de la première année suivant une thrombose veineuse profonde de la jambe, après laquelle des bas de contention de classe III avaient été prescrits. Les uns (n = 256) ont interrompu leur contention au bout d’un an, les autres (n = 262) l’ont poursuivie un an de plus.
A la fin de la deuxième année, 19,9 % des personnes qui n’avaient plus de contention présentaient un syndrome post-thrombotique, contre 13 % de l’autre groupe (différence absolue de 6,9 % ; limite supérieure de l’intervalle de confiance à 95 % : 12,3 %). La marge supérieure initialement établie de l’intervalle de confiance était fixée à 10 % pour définir la non-infériorité, et l’on ne peut donc ici conclure à la non-infériorité de la contention portée pendant 1 an.
Notons que dans cette étude, les patients étaient particulièrement compliants, puisqu’il est précisé que la contention était portée 6 à 7 jours par semaine. La qualité de vie a été évaluée dans les deux groupes et aucune différence significative n’est relevée. Chez ces patients motivés il paraît donc utile de recommander de poursuivre le port de la contention pendant au moins 2 ans après la thrombose. Les auteurs suggèrent qu’il pourrait être intéressant d’évaluer l’intérêt de la prolonger encore plus longtemps.
Dr Roseline Péluchon