
Face à une gonarthrose symptomatique qui devient de plus en
plus invalidante, les infiltrations d’acide hyaluronique (AH) ou de
corticoïdes permettent souvent de soulager la douleur et de
temporiser, l’objectif étant de repousser le plus possible le
moment de la prothèse. La combinaison d’AH et de corticoïdes
injectés in situ au même moment sont-elles supérieures aux
infiltrations d’AH en monothérapie ?
Pour le savoir, un petit essai randomisé, mené à double insu
contre placebo, a été entrepris dans lequel ont été inclus 57
patients d’atteints d’une gonarthrose symptomatique diagnostiquée
selon les critères cliniques et radiographiques de l’American
College of Rheumatology, un score de Kellgren-Lawrence de 2 ou
3 faisant partie des critères d’inclusion. Deux groupes ont été
constitués par tirage au sort selon la nature des infiltrations
réalisées sous contrôle échographique à raison d’une par semaine
pendant trois semaines consécutives : AH en monothérapie (n = 29)
ou AH+ corticoïdes (n = 28).
Le critère de jugement principal était les scores obtenus sur
l’échelle WOMAC (Western Ontario and McMaster Universities
Osteoarthritis). Les critères secondaires ont inclus la
performance physique (durée d’une marche rapide sur dix mètres et
test des levers de chaise d’une minute) et le score KOOS (Knee
Injury and Osteoarthritis Outcome Score). Les évaluations ont
été faites avant chaque infiltration, respectivement une semaine,
puis un, trois et six mois après le début du traitement.
Bénéfice plus important avec les « co-injections » de corticoïdes et AH
Dans les deux groupes, la douleur a diminué de manière
significative et la performance tant physique que fonctionnelle
s’est améliorée parallèlement. Cependant, le bénéfice s’est avéré
plus important sur tous les plans et jusqu’au terme du suivi dans
le groupe traité par AH + corticoïdes versus AH, l’interaction
groupe x temps étant significative quant aux critères suivants :
douleur estimée selon le score WOMAC (p = 0,005), performance
physique (p= 0,005), test des levers de chaise (p = 0,032), et
douleur selon le score KOOS (p = 0,001).
Dr Philippe Tellier