
Il est souvent admis que la perte de poids chez un sujet obèse
ne peut être que bénéfique. Et pourtant, elle peut s’avérer fatale
chez la personne âgée obèse en raison d’une pathologie méconnue (et
donc sous diagnostiquée) qu’on appelle « l’obésité
sarcopénique ». Ce sujet a fait l’objet d’un e-symposium et
d’une conférence de presse organisés par le CNIEL (Centre National
Interprofessionnel de l’Économie Laitière) dans le cadre d’une
campagne d’information cofinancée par l’Union Européenne et dont
les thématiques principales sont: la prévention du surpoids et de
l’obésité. Ce e-symposium s’est tenu lors des
40ème Journées Annuelles de la Société
Française de Gériatrie et de Gérontologie (JASFGG).
Pour aller plus loin : https://www.jim.fr/medecin/dossiers/lait/index.phtml
Lors de cette conférence de presse, le Dr Clément Lahaye,
médecin interniste spécialisé en gériatrie et en nutrition (CHU de
Clermont-Ferrand), a présenté l’obésité sarcopénique comme
l’association de deux maladies dont la première touche le tissu
adipeux (excès de masse grasse) et la deuxième le tissu musculaire
(baisse de la force et/ou de la masse musculaire). Elle est
favorisée par le vieillissement et concernerait entre 5 et 10 % des
sujets de plus de 65 ans. Les apports alimentaires de ces sujets
sont pauvres en protéines, en fruits et légumes, ce qui entraine
des carences en vitamines (A, D, E, C, B12) et en fibres
alimentaires. Les comorbidités, les hospitalisations et les régimes
restrictifs non adaptés à cette population peuvent aggraver ce
déséquilibre alimentaire.
Selon Dr Lahaye, il est indispensable que les professionnels
de santé soient plus sensibilisés à l’identification et à la
prise en charge de l’obésité sarcopénique du sujet âgé car elle
s’accompagne souvent d’une augmentation des risques de maladies
cardiovasculaires, d’une perte de mobilité et d’autonomie et d’une
baisse de la qualité de vie. Enfin, il souligne que la clé de sa
prise en charge repose sur trois axes :
- La stabilisation pondérale en évitant la restriction calorique qui risquerait d’accentuer la sarcopénie et d’aggraver le pronostic
- Corriger les carences avec l’accompagnement d’un(e) nutritionniste
- Encourager une activité physique adaptée.
La conférence de presse s’est poursuivie avec l’intervention
d’Anaïs Sadoine, diététicienne à l’hôpital Georges Pompidou
(Paris), qui a donné des conseils pratiques pour corriger les
carences nutritionnelles de ces patients. Des apports protéiques
doivent être assurés en « qualité et en quantité » afin
d’aider au maintien de la masse musculaire. Les protéines animales
(viandes, produits laitiers, …) contiennent, en quantité
suffisante, les 8 acides aminés essentiels non synthétisés par
l’organisme. Ceci à la différence des protéines végétales qu’il
faut souvent combiner et consommer en grande quantité pour couvrir
tous ces besoins. Anaïs Sadoine poursuit sa présentation en mettant
l’accent sur deux protéines du lait aux fonctionnements
complémentaires, le lactosérum et la caséine qui représentent,
respectivement, 20 % et 80 % des protéines du lait. Le lactosérum
dont la digestion permet de libérer rapidement les acides aminés
dans le sang et la caséine, à digestion plus lente, permet la
diffusion des acides aminés jusqu’à 7 h après ingestion. Fait très
important, un obèse sarcopénique a souvent une satiété précoce lors
des repas et aura souvent besoin de fractionner ses repas en 4 à 5
prises par jour.
A. Sadoine a terminé sa présentation en dépoussiérant quelques
idées fausses que de nombreux patients et médecins peuvent avoir
comme par exemple : “Perdre du poids, on m’a toujours dit que
cela me ferait du bien”... Quand on est jeune, il n’est pas rare de
chercher à perdre du poids pour améliorer certaines maladies
métaboliques. La perte de 5 à 10 % de son poids maintenu dans le
temps en équilibrant son alimentation (sans régime restrictif) est
bénéfique pour l’amélioration des maladies cardiovasculaires.
Perdre du poids à 80 ans n’est pas la même chose. Il y a souvent
plus de risque de dénutrition que d’amélioration de la
santé.”
Dr Dounia Hamdi