
Les formes les plus graves de la Covid-19 dont le syndrome de
détresse respiratoire aiguë (SDRA) est le plus représentatif
exposent à une lourde mortalité hospitalière, laquelle est
supérieure à 50 % dans plusieurs séries. Il y a donc un besoin
urgent de stratégies thérapeutiques réellement innovantes pour
contrer l’orage cytokinique et ses conséquences tant vasculaires
que tissulaires, notamment au niveau des poumons.
Une approche riche en promesses
Les cellules souches mésenchymateuses dérivées du sang de
cordon ombilical et connues aussi sous l’acronyme anglais de MSCs
(mesenchymal stromal cells ou encore medicinal signaling
cells) possèdent de nombreuses propriétés qui ont donné lieu à
quelques applications thérapeutiques ; elles sont capables de
moduler l’hyperactivité immunitaire et les processus dits «
hyperinflammatoires » tout en favorisant la réparation
tissulaire et en sécrétant des molécules antimicrobiennes. Elles
ont notamment été étudiées dans le traitement de certaines maladies
auto-immunes, telles le diabète de type 1, le lupus systémique ou
encore la maladie du greffon contre l’hôte. Elles ont également
suscité des espoirs réels dans la prise en charge du SDRA d’origine
virale ou autre : de fait, elles font l’objet d’une évaluation dans
les formes sévères de la Covid-19.
Un essai randomisé de phase 1/2a mené à double insu contre placebo
A cet égard, les résultats encourageants d’une petite étude
randomisée de phase 1/2a, menée à double insu contre placebo,
publiés en ligne le 5 janvier dans STEM CELL Translational
Medicine, méritent d’être rapportés.
Son objectif a été d’apprécier le rapport
acceptabilité/efficacité des MSCs dérivées du sang du cordon
ombilical chez 24 patients atteints d’un SDRA en rapport avec une
forme sévère de Covid-19. Dans le groupe traité, les MSCs ont été
administrées à raison de deux perfusions consécutives (à J0 et J3)
de 100 ± 20 × 106 cellules, alors que, dans
le groupe témoin, seule la solution dénuée de principe actif a été
administrée dans les mêmes conditions.
Les critères de jugement principaux ont en priorité concerné
l’acceptabilité :
(1) évènements indésirables survenus dans les six heures qui
ont suivi les perfusions ;
(2) arrêt cardiaque ou décès dans les 24 heures suivant ces
dernières. Les critères secondaires ont inclus le taux de survie au
bout d’un mois (après la première perfusion) et le temps de
récupération.
L’analyse des résultats a été réalisée dans l’intention de
traiter.
Un rapport acceptabilité/efficacité favorable
Aucune différence intergroupe significative n’a été décelée
quant à la fréquence des évènements indésirables, quels qu’ils
soient. Au sixième jour de l’évolution, les concentrations
plasmatiques des cytokines pro-inflammatoires ont diminué
significativement dans le groupe traité, alors qu’elles sont
restées stables dans le groupe témoin.
Dans le groupe traité, le taux de survie à J30 a été estimé à
91 %, versus 42 % dans l’autre groupe (p = 0,015) et la
récupération s’est avéré significativement plus rapide (p = 0,03).
La survie a été de 100 % chez les participants de moins de 85
ans.
Le risque de décès a été bien plus élevé dans le groupe
témoin, le hazard ratio (HR) correspondant étant calculé à 8,76
(intervalle de confiance [IC] à 95 % 1,07-71,4). Il en a été de
même pour le risque d’évènements indésirables tous types confondus,
le HR étant alors de 6,22 (IC95 % : 1,33-28,96). Dans le groupe
témoin, la probabilité d’une récupération rapide était plus faible
avec un HR de 0,29 (IC 95 %: 0,09-0,95).
Dr Philippe Tellier