
La 8ème vague n’était semble-t-il qu’une vaguelette. Après
avoir atteint un pic à 57 000 contaminations quotidiennes à la
mi-octobre (soit plus de deux fois moins que lors du pic de la 7ème
vague), le dernier rebond épidémique a fortement reflué.
Aujourd’hui, on ne compte plus que 20 000 contaminations par jour
(baisse de 65 % des nouveaux cas en trois semaine)
La situation s’améliore également à l’hôpital, avec
seulement 700 admissions quotidiennes de patients positifs à la
Covid-19 à l’hôpital (baisse de 41 % en deux semaines) dont 70 en
soins critiques (baisse de 30 % en 15 jours). La mortalité est
également en légère baisse, à environ 60 morts par jour (contre 70
mi-octobre).
Mais les deux dernières années de pandémie nous ont appris à
ne jamais crier victoire face à la Covid-19. Le reflux rapide de
cette 8ème vague de contaminations par le Sars-CoV-2 a été
semble-t-il favorisé par les vacances scolaires de la Toussaint et
les températures anormalement élevés de cette fin octobre. La
rentrée des classes et le retour de températures plus hivernales
pourraient rapidement changer la donne. Alors que la 8ème vague
n’est pas encore tout à fait terminée, les épidémiologistes
évoquent donc déjà le spectre d’une 9ème vague hivernale.
La 8ème vague est morte, vive la 9ème vague ?
Un nouveau rebond épidémique qui pourrait être favorisé par
l’arrivée de nouveaux variants. Pour rappel cette 8ème vague a été
principalement menée par le variant Omicron BA5, qui était déjà le
variant dominant lors de la vague précédente. Mais les
épidémiologistes surveillent actuellement le variant BQ.1.1,
lui-même dérivé de BA5 et en pleine progression en Europe de
l’Ouest.
Les données en vie réelle sur ce variant manquent, mais il
présente des mutations qui lui conféreraient une grande capacité
d’échappement immunitaire par rapport à BA5. Si l’agence de santé
britannique évoque un avantage de croissance de 60 % de BQ.1.1 par
rapport à BA5, d’autres experts sont plus mesurés, comme
l’épidémiologiste Mahmoud Zureik, qui estime que « l’avantage de
BQ.1.1 sur les variants déjà présents n’est pas aussi important
».
BA.4.6, BA.2.75, XBB… : les variants dérivés d’Omicron sont
nombreux à circuler de par le monde. Et dans cette « soupe
d’alphabet » selon les termes de l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS), les épidémiologistes ont de plus en plus de mal à s’y
retrouver. « Nous n’avons jamais été autant dans le brouillard
qu’actuellement » explique l’épidémiologiste Yannick Simonin
(alors même que les épidémiologistes n’ont pas toujours brillé par
leur prédiction durant cette pandémie).
Peu de masque et une vaccination au ralenti
Dans ce contexte flou, Mircea Sofonea, maître de conférences à
l’université de Montpellier, s’inquiète du manque de moyens
accordés au séquençage en France, notamment par rapport au
Royaume-Uni. « Les données de criblage issues des dépistages de
RT-PCR ne permettent plus de distinguer ces nouvelles lignées, cela
nous prive d’un signal précoce et donc précieux pour informer en
temps réel les modèles de la dynamique courante de remplacement des
variants » regrette-t-elle.
Pour ne rien arranger à la situation, la grève des biologistes
médicaux, qui protestent contre les coupes budgétaires prévus dans
le PLFSS, perturbent la remontée des résultats de tests PCR.
Alors que la France est entre deux vagues, les autorités
sanitaires le rappellent : la vaccination et le respect des gestes
barrières restent les meilleurs outils pour se protéger. Le Comité
de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) et
l’Académie de Médecine ont tous les deux appelé la population à
remettre le masque en intérieur pour se protéger de la Covid-19 et
des autres virus hivernaux. Mais un simple passage dans les
transports en commun suffit à comprendre que cette recommandation
est peu suivie d’effet.
Quant à la vaccination de rappel des sujets à risque, elle
stagne autour des 2 500 doses injectées par jour et ce malgré
l’arrivée de vaccins bivalents début octobre. 30 mois après le
début du premier confinement, les Français n’ont décidément plus la
tête à la Covid-19.
Quentin Haroche