Covid-19 : les épidémiologistes dans le brouillard

Paris, le jeudi 3 novembre 2022 – Alors que la 8ème vague de l’épidémie s’essouffle, l’arrivée de nouveaux variants d’Omicron rend la situation de plus en plus imprévisible.

La 8ème vague n’était semble-t-il qu’une vaguelette. Après avoir atteint un pic à 57 000 contaminations quotidiennes à la mi-octobre (soit plus de deux fois moins que lors du pic de la 7ème vague), le dernier rebond épidémique a fortement reflué. Aujourd’hui, on ne compte plus que 20 000 contaminations par jour (baisse de 65 % des nouveaux cas en trois semaine)

 La situation s’améliore également à l’hôpital, avec seulement 700 admissions quotidiennes de patients positifs à la Covid-19 à l’hôpital (baisse de 41 % en deux semaines) dont 70 en soins critiques (baisse de 30 % en 15 jours). La mortalité est également en légère baisse, à environ 60 morts par jour (contre 70 mi-octobre).

Mais les deux dernières années de pandémie nous ont appris à ne jamais crier victoire face à la Covid-19. Le reflux rapide de cette 8ème vague de contaminations par le Sars-CoV-2 a été semble-t-il favorisé par les vacances scolaires de la Toussaint et les températures anormalement élevés de cette fin octobre. La rentrée des classes et le retour de températures plus hivernales pourraient rapidement changer la donne. Alors que la 8ème vague n’est pas encore tout à fait terminée, les épidémiologistes évoquent donc déjà le spectre d’une 9ème vague hivernale.

La 8ème vague est morte, vive la 9ème vague ?


Un nouveau rebond épidémique qui pourrait être favorisé par l’arrivée de nouveaux variants. Pour rappel cette 8ème vague a été principalement menée par le variant Omicron BA5, qui était déjà le variant dominant lors de la vague précédente. Mais les épidémiologistes surveillent actuellement le variant BQ.1.1, lui-même dérivé de BA5 et en pleine progression en Europe de l’Ouest.

Les données en vie réelle sur ce variant manquent, mais il présente des mutations qui lui conféreraient une grande capacité d’échappement immunitaire par rapport à BA5. Si l’agence de santé britannique évoque un avantage de croissance de 60 % de BQ.1.1 par rapport à BA5, d’autres experts sont plus mesurés, comme l’épidémiologiste Mahmoud Zureik, qui estime que « l’avantage de BQ.1.1 sur les variants déjà présents n’est pas aussi important ».  

BA.4.6, BA.2.75, XBB… : les variants dérivés d’Omicron sont nombreux à circuler de par le monde. Et dans cette « soupe d’alphabet » selon les termes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les épidémiologistes ont de plus en plus de mal à s’y retrouver. « Nous n’avons jamais été autant dans le brouillard qu’actuellement » explique l’épidémiologiste Yannick Simonin (alors même que les épidémiologistes n’ont pas toujours brillé par leur prédiction durant cette pandémie).

Peu de masque et une vaccination au ralenti


Dans ce contexte flou, Mircea Sofonea, maître de conférences à l’université de Montpellier, s’inquiète du manque de moyens accordés au séquençage en France, notamment par rapport au Royaume-Uni. « Les données de criblage issues des dépistages de RT-PCR ne permettent plus de distinguer ces nouvelles lignées, cela nous prive d’un signal précoce et donc précieux pour informer en temps réel les modèles de la dynamique courante de remplacement des variants » regrette-t-elle.

Pour ne rien arranger à la situation, la grève des biologistes médicaux, qui protestent contre les coupes budgétaires prévus dans le PLFSS, perturbent la remontée des résultats de tests PCR.

Alors que la France est entre deux vagues, les autorités sanitaires le rappellent : la vaccination et le respect des gestes barrières restent les meilleurs outils pour se protéger. Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) et l’Académie de Médecine ont tous les deux appelé la population à remettre le masque en intérieur pour se protéger de la Covid-19 et des autres virus hivernaux. Mais un simple passage dans les transports en commun suffit à comprendre que cette recommandation est peu suivie d’effet.

Quant à la vaccination de rappel des sujets à risque, elle stagne autour des 2 500 doses injectées par jour et ce malgré l’arrivée de vaccins bivalents début octobre. 30 mois après le début du premier confinement, les Français n’ont décidément plus la tête à la Covid-19.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Covid et variants

    Le 04 novembre 2022

    Quoi de surprenant sur le "désamour" vaccinal. Quand on lit sur Medscape que seuls les 2 premiers vaccins de la vague initiale seraient actifs en termes de protection et qu’en plus la valse des variants s’accélère.
    Je ne pense pas me tromper mais le bivalent Pfizer est constitué du BA4 et du BA5 or les informations qui circulent sur la mutation du BA5 semblent évoquer un “très gros doute” sur son efficacité pour relancer une immunogénicité réelle !
    Expliquez moi ?

    Dr P Erbibou

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