Cyberattaque à Corbeil : des données sensibles diffusées par les pirates informatiques

Corbeil-Essonnes, le lundi 26 septembre 2022 – Les auteurs de la cyberattaque contre l’hôpital de Corbeil ont divulgué des données des patients et du personnel.
Ils ont mis leur menace à exécution.

Les membres du groupe de pirates informatiques russophone Lockbit 3.0, qui ont perpétré une cyberattaque contre le Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes le 21 août dernier, avaient donné jusqu’au 23 septembre à la direction de l’hôpital pour payer une rançon de 10 millions de dollars, ramené à 1 ou 2 millions selon les sources.

L’établissement de santé ayant refusé de payer la rançon, les « hackeurs » ont commencé à diffuser sur leur site certaines des données informatiques dérobées à partir de ce vendredi.

1,5 millions de patients potentiellement concernés


Les éléments rendus publics « semblent concerner les usagers, le personnel ainsi que les partenaires de l’hôpital » a indiqué ce dimanche la direction du CHSF dans un communiqué. On y trouve « certaines données administratives » comme le numéro de Sécurité Sociale des patients mais également « certaines données de santé telles que des comptes rendus d’examen et en particulier des dossiers externes de radiologie ou de laboratoire d’analyse ».

L’hôpital de Corbeil-Essonnes assure en revanche que les pirates ne sont pas parvenus à s’emparer des dossiers médicaux informatisés (DPI) des patients. Selon Damien Bancal, expert informatique qui a pu accéder au fichier révélé par les hackeurs, il contient des données aussi diverses que des recours à la couverture maladie universelle (CMU) ou des autorisations d’internement psychiatrique.

Maire de Corbeil-Essonnes et membre du conseil de surveillance du CHSF, Bruno Piriou assure que l’administration va désormais tenter d’entrer en contact avec tous ceux dont les données ont fuité, pour leur permettre de porter plainte. « Sur dix ans, ce sont des données qui concernent près 1,5 million de personnes qui ont pu être patients à l’hôpital et des milliers d’agents, c’est considérable » explique-t-il.

20 millions d’euros supplémentaire pour la cybersécurité


La révélation de ces données sensibles, qui en annonce sans doute d’autres, n’a pas fait changer la position de l’hôpital, déterminé à ne pas céder au chantage des pirates. « Si on se met à donner des millions d’euros à des criminels pour qu’ils ne divulguent pas des données, c’est la porte ouverte à ce que cela se reproduise tout le temps » avance Bruno Piriou.

Mais selon plusieurs experts en cybersécurité, la révélation de ces données n’a pas pour seul but de faire plier la direction du CHSF. Il s’agit également d’une opération de « marketing de la malveillance », selon les termes de Damien Bancal, qui vise à terroriser les futures victimes de cyberattaque pour les inciter à payer les rançons.

Les hackeurs russes peuvent également être tentés de vendre les données dérobées, car toute information personnelle peut constituer le point de départ d’une escroquerie. « Avec des numéros de téléphone ou de Sécurité Sociale, des pirates peuvent se faire passer facilement pour l’Assurance maladie » explique Damien Bancal.

A la suite de la cyberattaque contre le CHSF, le ministre de la Santé François Braun avait annoncé vouloir débloquer 20 millions d’euros supplémentaires pour augmenter la cybersécurité des hôpitaux. Les cyberattaques contre les établissements de santé ont explosé ces dernières années, avec 730 incidents recensés en 2021, soit deux fois plus qu’en 2020.

Grégoire Griffard

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