Danger pour le cœur de l’exposition aux radiations ionisantes, avec peu de Gray

L’exposition aux radiations ionisantes est un facteur de risque cardiovasculaire. L’étude menée sur les survivants japonais aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki montre que le danger est déjà présent pour de faibles doses, inférieures à 5 Gy, voire inférieures à 0,5 Gy. Le niveau de risque pour ces faibles doses est mal évalué, particulièrement pour les doses inférieures à 0,1 Gy, caractéristiques de celles délivrées au cours des examens de diagnostic. Certaines données récentes, encore controversées, suggèrent que ces faibles expositions, parmi lesquelles l’exposition professionnelle ou celle au cours de l’imagerie diagnostique, pourraient être associée à un risque supérieur de pathologie cardiovasculaire.

Un excès de risque pour les faibles doses

Pour éclaircir ce point, une revue de la littérature a été réalisée et une méta-analyse menée sur 93 études. L’objectif était d’évaluer le risque cardiovasculaire dans différents groupes exposés à diverses doses de radiation (irradiation à but thérapeutique ou diagnostique, professionnelle ou environnementale), tout en tenant compte des différents autres facteurs de risque existants.

Les auteurs notent d’entrée la forte hétérogénéité présente dans les différentes études. L’analyse montre un risque augmenté par unité de dose pour la majorité des pathologies cardiovasculaires (excès de risque relatif par Gy 0,11 ; intervalle de confiance à 95 % IC95 0,08 à 0,14). Elle confirme que pour les pathologies ischémiques, les pathologies cérébro-vasculaires et l’ensemble des pathologies cardiovasculaires, le risque par unité de dose est supérieur pour les faibles doses (effet dose inversé) ainsi que les faibles doses avec exposition fractionnée. Les auteurs notent toutefois que cette association n’est pas retrouvée quand l’analyse se concentre sur les études les plus fiables.

Peser le rapport bénéfice/risque pour les traitements et explorations diagnostiques

L’excès absolu de risque a été calculé pour certains pays (Canada, Angleterre et Pays de Galles, France, Allemagne, Japon, USA) et se situe entre 2,33 % par Gy en Angleterre et Pays de Galles et 3,66 % par Gy en Allemagne. Le risque de mortalité de cause cardiovasculaire concerne le plus souvent les pathologies cérébro-vasculaires (0,94 % à 1,126 % par Gy), suivies des cardiopathies ischémiques (0,30 % à 1,20 % par Gy).

Les auteurs estiment très faible le risque lié à l’irradiation à laquelle est exposée la majorité de la population. Cela pourrait toutefois ne pas être le cas pour les patients traités par radiothérapie, par radionucléides, bénéficiant d’une intervention guidée par fluoroscopie avec de fortes doses ou exposés à de multiples examens diagnostiques (scanner, médecine nucléaire), etc. Ils remarquent que dans tous ces cas, le risque doit être pesé et le bénéfice dépassera souvent le risque cardiovasculaire.

Dr Roseline Péluchon

Références
Little M.P. et coll. : Ionising radiation and cardiovascular disease: systematic review and meta-analysis
BMJ2023;380:e072924. doi.org/10.1136/bmj-2022-072924

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Vos réactions (1)

  • Faibles doses

    Le 15 mars 2023

    Le domaine des faibles doses ne débute heureusement pas à 5 Gy qui, corps entier, est la DL50...

    Dr R Grare

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