Le diabète de type 2 est certainement l’un des plus puissants facteurs de risque d’événements cardiovasculaires. Les statines ont fait la preuve de leurs effets bénéfiques chez ces patients à haut risque, notamment en terme de prévention des événements coronariens. Il existe un certain nombre de travaux indiquant que les statines pourraient aussi avoir un effet favorable sur ce qui est généralement considéré comme une lésion pré athéromateuse : l’épaisseur de la paroi artérielle.
En revanche, la littérature concernant l’effet des fibrates sur
l’épaisseur de la paroi carotidienne est particulièrement peu
concluante.
Le centre finlandais de l’étude multicentrique FIELD a souhaité
s’intéresser spécialement à ce sujet.
Au total, ce sont 170 patients diabétiques de type 2 qui ont été
randomisés pour recevoir quotidiennement, en double aveugle, soit
200 mg de fénofibrate micronisé, soit un placebo.
Un écho doppler carotidien, avec mesure de l’épaisseur intima-média
(Intima-media thickness [IMT]), a été réalisé au début de l’étude,
puis au bout de 2 et 5 ans de suivi.
Une évaluation de la rigidité des parois artérielles a également
été réalisée à l’inclusion puis après 2 et 5 ans de traitement,
avec calcul d’un index spécifique (Augmentation Index [AI]).
Il ressort qu’au cours du suivi il a été observé dans chaque groupe
une tendance - non significative – à l’augmentation de l’IMT
carotidienne (+ 0,054 mm en moyenne par an [- 0,0028 à + 0,0177]
dans le groupe fénofibrate versus + 0,069 mm par an [-0,0059 à +
0,0149] dans le groupe placebo). Il n’a pas été retrouvé de
différence entre les traitements concernant cette évolution (p :
0,987).
La rigidité de la paroi artérielle s’est également aggravée au cours du suivi, avec une augmentation significative de son index d’évaluation (AI : 27,4 % +/- 0,9 % dans le groupe fénofibrate à l’inclusion versus 30,4 % +/- 1,0 % au bout de 5 ans [p < 0,001] et AI : 25,5 +/- 0,9 % dans le groupe placebo à l’inclusion versus 29,3 +/-1, 0 % au bout de 5 ans ; p < 0,005). Il n’a pas été observé de différence entre les groupes.
Dans aucun des deux groupes il n’a pas été noté d’évolution des
quelques marqueurs de l’inflammation ou de l’activation
endothéliale surveillés au cours du suivi (CRP ; IL-6 ; SPLA2 ; SAA
; VCAM-1 ; ICAM-1 ; E-selectin).
Cette étude de longue durée et de méthodologie correcte suggère
que, chez les sujets diabétiques de type 2, le fénofibrate n’aurait
pas d’influence sur l’évolution de l’IMT carotidienne ou sur celle
de la rigidité de la parois artérielle. Le fénofibrate ne semble
pas avoir d’influence sur les marqueurs de l’inflammation ou de
l’activation endothéliale. La faiblesse des effectifs limite la
portée de ces résultats.
Dr Olivier Meillard