
Le test HPV (Human Papillomavirus) a démontré une sensibilité supérieure à celle du frottis pour le dépistage du cancer du col de l’utérus. Plusieurs pays l’ont maintenant adopté en première intention dans leur programme de dépistage. L’intervalle optimal entre les tests après un test négatif reste toutefois à déterminer.
En Angleterre, le test HPV est réalisé en première intention dans le programme de dépistage systématique, depuis 2019. Cette décision avait été prise à la suite des résultats d’une étude pilote démarrée en 2013 et qui montraient la réduction de la détection de néoplasies cervicales intraépithéliales de grade 3 ou plus (CIN 3+) et de cancer, après un test HPV négatif chez les femmes de moins de 50 ans.
Un premier round convaincant
Une mise à jour des données vient d’être publiée, intégrant les résultats du 1er round de dépistage (2013-2016) et ceux du suivi jusqu’en fin 2019. Plus de 1,3 millions de femmes ont bénéficié d’un dépistage par frottis ou par test HPV. Les premières étaient adressées pour une colposcopie si leur frottis montrait des anomalies cytologiques, ou si des anomalies « border line » ou de bas grade s’accompagnaient d’un test HPV de deuxième ligne positif.
Pour celles dépistées par test HPV positif, un frottis était réalisé en 2ème ligne, ou un nouveau test HPV était programmé 12 à 24 mois plus tard. Une colposcopie était réalisée si le frottis et/ou le test de contrôle montraient des anomalies.
L’intervalle entre les dépistages dépendait de l’âge de la femme. Les 24-49 ans étaient invitées 3 ans après un premier test négatif, les 50-59 ans 5 ans après et les 60-64 ans ne recevaient plus d’invitation (l’éligibilité se terminait à 65 ans).
L’intervalle de 3 ans pourrait passer à 5 ans pour les moins de 50 ans
A la fin de ce 2e round, pour les moins de 50 ans, l’incidence des lésions CIN (Cervical Intraepithelial Neoplasia) 3+ est inférieure de 74 % chez les femmes ayant un test HPV négatif au 1er round par comparaison avec les femmes ayant un frottis négatif (1,21/1 000 vs 4,52/1 000 femmes dépistées). Le risque de cancer de l’intervalle est lui aussi plus faible de 56 %. Chez les plus de 50 ans, 5 ans après un test HPV négatif, l’incidence des CIN3+ est environ 50 % inférieure à celle qui est retrouvée chez les moins de 50 ans 3 ans après un tet négatif.
Notons enfin que les données montrent que la vigilance est de mise après un test HPV négatif réalisé en rappel anticipé à la suite d’un premier test positif sans anomalies cytologiques au frottis : au contrôle suivant, le taux de détection de CIN3+ est plus de 3 fois supérieur au taux retrouvé chez les personnes dont le 1er test HPV est négatif.
Plusieurs types de tests ont été utilisés pour cette étude (APTIMA mRNA HPV test, RealTime DNA tests et Cobas), avec des résultats similaires.
Ces données ont été utilisées pour étayer la proposition
d’allonger l’intervalle de dépistage à au moins 5 ans pour les
moins de 50 ans. Elles suggèrent la possibilité d’étendre aussi
l’intervalle pour les femmes de plus de 50 ans. En revanche,
l’intervalle entre 2 dépistages devraient être réduit pour les
femmes ayant un test négatif au rappel anticipé après un premier
test HPV positif et dont le frottis est négatif.
Dr Roseline Péluchon