
C’est le cas d’une méta-analyse publiée récemment par le
Lancet, et qui a concerné 48 études publiées entre janvier
2020 et janvier 2021 sur l’évolution de la prévalence mondiale des
troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux. Les données
ont été confrontées à l’évolution de 2 indicateurs de l’impact de
la pandémie : le taux d’infection journalier et les mesures de
restriction des déplacements.
Les femmes et les jeunes sont les plus touchés
Les données montrent que l’augmentation de l’impact du Covid-19 (illustré par l’évolution des 2 indicateurs) est associée à une hausse de la prévalence des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux. Pour les deux pathologies, les femmes sont plus touchées que les hommes, et les jeunes plus que les personnes âgées.Avant la pandémie, la prévalence des dépressions majeures en 2020 était en moyenne dans le monde de 2 470 cas pour 100 000 habitants, soit environ 193 millions de personnes. Après la pandémie, la prévalence passe à 3 152 cas pour 100 000, soit 246 millions de personnes et une augmentation de 27,6 % (53,2 millions de personnes touchées en plus, intervalle de confiance à 95 % IC 44,8 à 62,9). L’augmentation est supérieure chez les femmes
(+ 29,8 % vs + 24 %).
En ce qui concerne les troubles anxieux, leur prévalence mondiale était estimée à 3 824 pour 100 000 avant la pandémie, soit environ 298 millions de personnes. Après la pandémie, la prévalence atteint 4 802 pour 100 000, soit 374 millions, en augmentation de 25,6 % (plus 76,2 millions ; IC 64,3 à 90,6). Là aussi l’augmentation est plus importante chez les femmes (+ 27,9 % vs + 21,7 %).
De plus fortes augmentations là ou l’épidémie a été la plus forte
Les auteurs notent que les pays dans lesquels la pandémie a sévi le plus durement en 2020 ont aussi les plus fortes augmentations de fréquence des troubles anxieux et dépressifs. Que les femmes soient davantage concernées peut s’expliquer par le fait qu’elles sont plus affectées par les conséquences sociales et économiques de la pandémie, par le surcroit de charges supportées pendant le confinement, ainsi que par les violences domestiques dont la prévalence a augmenté à cette période. Quant à l’impact sur les jeunes, l’arrêt de la scolarisation, des relations avec leurs pairs, les difficultés économiques, font partie des explications. L’UNESCO a déclaré que la pandémie a provoqué le plus grave arrêt de l’instruction de toute l’histoire, obligeant 1,6 milliards d’étudiants à déserter les écoles.Remédier d’urgence à ce désastre
Dr Roseline Péluchon