Déremboursement de l’homéopathie : ce n’est qu’un début, attendons le combat

Paris, le jeudi 15 mai 2019 – La commission de la transparence (CT) de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui procède actuellement à l’évaluation des médicaments homéopathiques et de la pertinence de leur remboursement, vient de communiquer aux fabricants concernés un projet d’avis confidentiel.

Selon le quotidien Libération il recommanderait la fin de la prise en charge par la collectivité nationale.

Le dévoilement de ce secret de polichinelle (la CT s’étonnait déjà il y a plusieurs mois de la poursuite du remboursement) n’a pas manqué de provoquer de nouveaux remous.

Quand la HAS commente qu’elle ne commentera pas

On relèvera tout d’abord que la HAS s’est indignée de l’absence de respect de la « confidentialité des travaux » tout en jurant au grand jamais qu’elle ne réagira pas aux « informations qui circulent dans la presse ».

Du coté des officines, certains en ont profité pour rappeler leur attachement au remboursement notamment Philippe Besset, le président de la FSPF (Fédération des syndicats de pharmacien de France) qui pointe le risque de créer une forme de désarroi chez les patients.

Le président honoraire de l’Académie de pharmacie, le Pr François Chast a pour sa part tenu à relativiser cet hypothétique déremboursement qui  « n'a rien d'exceptionnel », rappelant que par le passé d'autres suspensions de prise en charge avaient eu lieu dont ceux « des médicaments veinotoniques, et d'un grand nombre de médicaments anti-arthrosiques », considérés par la Haute Autorité de Santé, comme inefficaces. Il a aussi souligné, interrogé par RTL, que déremboursement ne signifiait pas interdiction et que les médecins pourraient donc continuer à en prescrire, de la même manière qu’ils ont le loisir d’initier un traitement à base de tisane !

Reste que cet avis confidentiel doit, aujourd’hui, être transmis aux laboratoires Boiron et Lehning pour une procédure contradictoire de 10 jours, pouvant être prolongée de 45 jours s'ils demandent à être auditionnés (ce qui ne devrait pas manquer d’arriver).

L’avis définitif sera ensuite transmis au ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui tranchera. Mais rappelons qu’elle avait assuré qu’elle suivrait les recommandations émises par les experts de la HAS.

F.H.

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Vos réactions (2)

  • Ne pas tout mélanger

    Le 16 mai 2019

    Trois questions bien distinctes se posent

    1. Selon les recommandations en vigueur, la pratique homéopathique est-elle de la médecine ?

    2. Les différentes médications homéopathiques ont-elles une valeur thérapeutique spécifique ?

    3. Y a t-il une justification légale à en dérembourser certaines (ou la totalité) ?
    Aux questions 1 et 2, les réponses sont claires : c'est non.

    Et en ce qui concerne le remboursement, on ne peut pas imposer à l'ensemble de la population de payer pour des médications auxquelles seule une minorité est attachée. Que ceux qui croient à l'homéopathie cotisent à une mutuelle qui la prend en charge. Les autres, qui n'ont aucune raison d'y croire, n'ont pas à être mis à contribution.
    A moins que tous les placebos, sans exception, soient considérés comme devant être remboursés. Le moins qu'on puisse dire est que ça se discute.

    Dr Pierre Rimbaud

  • Utilité de la HAS ?

    Le 18 mai 2019

    Avant de justifier de l'utilité de l'homéopathie, ne vaudrait il pas mieux justifier de celle de l'HAS ? On se rappellera que l'HAS (budget de plus de 50 Millions !) ne juge qu'en ne faisant prendre aucune responsabilité à ses membres (plus de 400 sans compter les pseudo experts !).

    D Beranger (pharmacien)

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