Déremboursement de l’homéopathie : les outils juridiques en place

Paris, le mardi 19 mars 2019 - Pour répondre aux signataires d’une tribune publiée dans le Figaro invitant à lutter contre les pseudo-médecines et notamment l’homéopathie, le ministre de la Santé, Agnès Buzyn a confié à la Haute autorité de santé (HAS) la mission d’une réévaluation de ces traitements. Cependant, la tâche s’est révélée plus ardue que prévue. En effet, la HAS a fait observer que si sa commission de transparence avait bien pour rôle d’évaluer le "service médical rendu" des médicaments, elle ne pouvait se prononcer sur une classe entière. Par ailleurs, la commission de transparence a pour habitude de déterminer le bénéfice/risque rendu d’un produit en fonction de la pathologie concernée. Or, concernant l’homéopathie cette stratégie se heurte au fait que ces traitements ne visent pas nécessairement une pathologie en particulier. Dès lors, l’évaluation apparaissait difficile.

« La plus rigoureuse possible »

Pour permettre à la HAS de mener à bien sa mission sans craindre de complexités juridiques, un décret vient d’être publié qui précise les « critères d'évaluation des médicaments homéopathiques par la commission de la transparence ». Ce texte permet désormais à cette dernière d’une part de faire l’évaluation d’une classe entière et d’autre part de traiter les médicaments homéopathiques au statut particulier. Désormais, ainsi, plus aucun obstacle juridique ne se heurte à la réalisation d’une évaluation que la HAS promet « la plus rigoureuse possible ». On le sait cependant, des freins politiques demeurent. Alors qu’une majorité de Français se déclare très attachée à la possibilité de pouvoir continuer à être traités par des médicaments homéopathiques pris en charge par la Sécurité sociale, un lobbying actif a conduit de nombreux députés à demander à Agnès Buzyn de ne pas sous-estimer les conséquences délétères de la fin de la prise en charge de ces traitements.

Léa Crébat

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Vos réactions (9)

  • La parabole du cuirassé

    Le 20 mars 2019

    En 1918, les amirautés du monde entier étaient certaines que seul le cuirassé permettait la maîtrise des mers. En 1920, devant toute l'amirauté américaine réunie à contrecoeur, le colonel Mitchell, à la tête de 6 avions biplans envoya par le fond avec trois bombes de 500 kg un vieux cuirassé allemand amarré au large des côtes américaines. Les trois autres avions se délestèrent de leurs bombes à proximité du cuirassé en train de sombrer. "ça ne compte pas" dirent les amiraux en coeur, "vous deviez le couler avec trois bombes et vous en avez utilisé 6!" Conclusion de l'expérience: seul le cuirassé permet la maîtrise des mers.

    En 1930, constatant que les japonais construisaient des portes-avions pendant que les américains faisaient des cuirassés, il tenta d'alerter l'amirauté. En vain.
    Il entreprit alors sur ses fonds personnels une campagne de presse qui disait: "les japonais attaqueront à Pearl Harbor un dimanche matin".
    Traduit en cour martiale pour atteinte au moral de l'armée, il fut dégradé et placé en congé sans solde.

    Abandonné de tous, il mourut d'un cancer foudroyant en 1936... Et les japonais ont attaqué Pearl Harbor un dimanche matin.
    Vous remplacez "il faut des cuirassés" par "il faut des molécules", "colonel Mitchell" par "Jacques Benveniste", "porte-avion" par "homéopathie" et vous avez la transposition exacte de la situation de celle-ci dans le monde actuel.

    Dr Jean-Jacques Perret

  • La parabole du cuirassé (bis)

    Le 20 mars 2019

    Prenez une anecdote réélle et passionnante, racontez là avec force émotion, évoquez un lien completement imaginaire avec une autre situation (la plus éloignée possible de l'anecdote), et faites passer ainsi chez le lecteur l'illusion que la vérité de l'une entraine la vérité de l'autre...

    Hallucinant, parce que ce genre de discours est habituellement un grand classique du complotisme...

    Dr Orvain

  • La réaction homéopathique du Dr Perret: analogie et toute puissance des idées

    Le 20 mars 2019

    La structure du récit du Dr Perret est fort intéressante, et la remarque du Dr Orvain pointe précisément le type de récit "homéopathique", c'est à dire "qui pense par analogie".

    Lancez une analogie imaginative , et elle est censée représenter une vérité.

    Faites tomber de l'eau à travers une passoire, ou imitez le bruit de la pluie qui tombe, et, par analogie-homépathie, cette action est censée amener la chute de la pluie (j'ai observé de telles pratiques magiques au Vietnam).

    La croyance en la toute puissance des idées et des actions magiques qui en découlent est vieille comme le monde ... et sans doute éternelle.

    Dr YD

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