Déremboursement de l’homéopathie : les syndicats de pharmaciens s'opposent à l’Académie

Paris, le jeudi 4 avril 2019 – L’Académie nationale de pharmacie, s’associant à l’Académie de médecine qui s’était déjà exprimée dans ce sens, s’est pour la première fois prononcée en faveur du déremboursement des médicaments homéopathiques et a considéré que l’homéopathie devait être exclue de l’enseignement reçu par les futurs pharmaciens. Cette position ne fait pas l’unanimité chez les officinaux comme l’illustre l’avis très différent énoncé par leurs deux syndicats représentatifs.

Rassurez-vous : ce n’est pas une histoire d’argent !

Ainsi, à l’occasion du renouvellement du bureau de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) le nouveau patron du syndicat, Philippe Besset a indiqué la semaine dernière qu’il souhaitait soutenir le remboursement de l’homéopathie, qui est aujourd’hui discuté et alors que la Haute autorité de santé (HAS) a été chargée d’une évaluation de ces produits pour déterminer l’intérêt de leur prise en charge. Philippe Besset considère en effet que l’homéopathie « a sa place dans l’arsenal thérapeutique ». Cette déclaration a fait bondir une partie des pharmaciens sur les réseaux sociaux qui ont regretté une prise de position allant à l’encontre des données scientifiques. La réponse de Philippe Besset à ses détracteurs n’aura été qu’imparfaitement rassurante. Il a en effet affirmé que ce ne sont pas « des raisons économiques » qui nourrissent sa conviction. « Car nous avons calculé que la fin du remboursement serait une opération neutre pour le pharmacien, sans perte d’argent, avec le report sur d’autres produits ». Voilà qui semble donc confirmer que c’est bien l’intérêt thérapeutique de l’homéopathie qui incite le président de la FSPF à défendre ces traitements.

Enfin peut-être un peu quand même…

C’est avec un argumentaire très différent que le patron de l’USPO pourrait rejoindre son nouveau collègue syndical. Gilles Bonnefond est en effet pour sa part très préoccupé de l’impact économique de la fin du remboursement de l’homéopathie. Aussi, plutôt que la fin de la prise en charge, il suggère une nouvelle baisse du taux de remboursement, ce qui permettrait de voir les mutuelles continuer à prendre en charge la différence. « Si on dérembourse les prix vont flamber », s’inquiète-t-il en effet, ce qui pourrait conduire les patients à se détourner de ces produits. Ces controverses interviennent alors que pro et anti homéopathie continuent à s’affronter en des joutes sucrées salées sur les réseaux sociaux…

A.H.

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Vos réactions (12)

  • Pas la meilleure, mais aujourd'hui la moins pire

    Le 04 avril 2019

    Tout le monde sait bien aujourd'hui que l'homéopathie n'a pas d'autre effet thérapeutique que placebo.
    Pour autant, son remboursement permet d'orienter les patients français "très médicament" vers une réponse à leur demande moins pire que des molécules actives inutiles dans la dite situation et aux effets secondaires avérés...

    Dans la plupart des cas, l'homéopathie n'est pas la meilleure réponse, mais la moins pire.
    Aussi, poursuivons son remboursement en attendant la fin du paiement à l'acte, et que la faculté enseigne mieux aux médecins la psychologie du patient et son éducation thérapeutique :)

    Dr Dominique Megraoua

  • Une balle dans le pied

    Le 05 avril 2019

    Déduction faite des 0.50 €, c'est presque rien que rembourse la caisse primaire. Si un seul utilisateur se reporte sur l'allopathie, l'économie sera largement dépassée par la nouvelle dépense. Par ailleurs, pénaliser un laboratoire à stature mondiale serait encore se tirer une balle dans le pied au niveau économique.

  • Guérir les patients, ça ne rapporte pas beaucoup !

    Le 05 avril 2019

    L'homéopathie a des effets secondaires intolérables: elle est un frein à la croissance économique.
    Un patient qui se voyait prescrire tous les deux mois 7 jours de corticoïdes et antibiotiques qui n'achète plus qu'une dose homéopathique tous les deux mois, un patient qui coûtait 800 € par mois en immuno-dépresseurs qui continue d'aller bien pendant des années avec une dose à quelques euros tous les mois, c'est inadmissible pour tous ceux qui ont à coeur de préserver leur chiffre d'affaire.
    Pour ceux qui veulent soigner, et si possible guérir, c'est tout différent mais guérir les patients, ça ne rapporte pas beaucoup).

    Dr Jean-Jacques Perret

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