
Le diabète de type 2 n’épargne pas la femme jeune, le plus souvent en association avec une obésité ou encore un syndrome des ovaires polykystiques. Un traitement médicamenteux s’impose dans la plupart des cas, mais une question se pose alors : quel médicament utiliser en cas de grossesse ? Faut-il éviter certains antidiabétiques et lesquels ?
L'essai randomisé MiTy (Metformin in Women With Type 2 Diabetes in Pregnancy), mené à double insu contre placebo, a suscité quelque inquiétude sur ce point : dans le groupe metformine, au terme de grossesses à risque, a été observée une prévalence plus élevée des cas de petit poids pour l’âge gestationnel (PAG), versus le groupe placebo. Certains facteurs sont-ils prédictifs d’une telle éventualité ? Une étude basée sur les données de l’essai précédent a été entreprise pour répondre à cette question. Les deux groupes, metformine et placebo, ont été comparés au moyen de tests statistiques simples tels que le test de student, celui du χ2 ou le test exact de Fisher, selon le cas. Une analyse par régression logistique a complété cette approche.
Un risque aggravé par la présence d’une comorbidité
Au total, 502 mères et 460 nourrissons ont été jugés éligibles. Les cas de PAG ont été significativement plus nombreux dans le groupe metformine (n = 30 ; 12,9 %) que dans le groupe placebo (n = 15 ; 6,6 %) (p = 0,026). L’accouchement en cas de PAG est survenu plus tardivement dans le groupe metformine que dans l’autre groupe (37,2 versus 35,3 semaines ; p = 0,038). Les analyses avec ajustement ont permis d’identifier deux facteurs prédictifs du risque de PAG : en premier lieu, l’existence d'une comorbidité maternelle à type d’hypertension chronique et/ou de néphropathie), l’odds ratio [OR] correspondant étant estimé à 3,05 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 % 1,58-5,81). L’exposition à la metformine a été l’autre variable prédictive avec un OR de 2,26 (IC 95 % 1,19-4,74). Le « risque absolu » de PAG s’est avéré beaucoup plus élevé en cas d’exposition à l’antidiabétique dans un contexte de comorbidité, soit 25,0 % contre 9,8 % en l’absence de comorbidité.
Cette étude transversale se greffe sur les données de l’essai randomisé Mity et, à ce titre, sa seule prétention est d’émettre un signal qui, au demeurant, n’a jamais été fourni par aucune étude antérieure, tout au moins sous cette forme. Ses résultats demandent à être confirmés, mais en attendant, faut-il interrompre la metformine chez une femme enceinte atteinte d’un diabète de type 2, dès lors qu’il existe une comorbidité ? Le risque de PAG au demeurant incertain, doit être sérieusement opposé aux avantages de la metformine dans le contrôle parfois difficile d’un diabète gestationnel. La prudence engendrée par le doute peut amener à revoir certaines prescriptions, notamment en cas de comorbidité.
Dr Joseph Miller