
L’halitose (haleine désagréable) peut avoir un impact significatif sur la vie sociale et professionnelle. Elle peut aussi être à l’origine de problèmes psychologiques, comme l’anxiété ou l’isolement social. Elle est la conséquence de composés sulfurés volatiles (CSV) produits par des bactéries de la cavité buccale, souvent associés à un déficit d’hygiène buccale, à une parodontite ou à une altération de l’enduit de la langue. Certains micro-organismes impliqués dans les parodontites peuvent faciliter la production de CSV.
Actuellement, les traitements proposés incluent principalement le « nettoyage » mécanique (détartrage et grattage de la langue) et les bains de bouche, voire les antibiotiques. Ces traitements, parfois inconfortables, peuvent avoir des effets indésirables parmi lesquels la survenue de déséquilibres bactériens ou de coloration de la langue et des dents.
Réguler le microbiote oral
Des études utilisant le séquençage de l’ARN ont suggéré que la composition anaérobique dans la sphère buccale joue un rôle dans la survenue de l’halitose, et qu’agir sur le microbiote buccal pourrait être une solution pour réduire le niveau de CSV. Les probiotiques pourraient donc permettre de réguler le microenvironnement local. Certains d’entre eux ont donc été proposés pour le traitement de l’halitose. Une équipe chinoise a récemment publié les résultats d’une méta-analyse portant sur 7 essais randomisés, dont l’objectif était d’évaluer l’intérêt de probiotiques dans cette situation.
L’étude montre que l’administration de certains probiotiques (Lactobacillus salivarius, Lactobacillus reuteri, Streptococcus salivarius et Weissella cibaria) peut être efficace pour la prise en charge de l’halitose, en réduisant les taux de CSV. L’effet se manifeste toutefois seulement à court terme et ne se prolonge pas au-delà de 4 semaines. Il n’apparaît pas d’effet significatif sur les causes majeures d’halitose telles que l’enduit lingual ou les plaques linguales.
Cette méta-analyse a quelques limitations, liées notamment à l’hétérogénéité des essais et au faible nombre de patients inclus. Avant que l’administration de probiotiques ne soit recommandée pour le traitement de l’halitose, leur efficacité devra donc être confirmée par des essais randomisés de plus grande ampleur.
Dr Roseline Péluchon