
Paris, le lundi 2 mai 2022 – Le nombre d’appel au numéro de soutien psychologique des soignants a fortement augmenté depuis le début de la pandémie.
On savait déjà comment la pandémie de Covid-19 avait révélé et
amplifié les nombreux problèmes structurels qui affectent l’hôpital
public. Mais cette crise sanitaire sans précédent a également
aggravé les souffrances psychologiques des soignants, en proie à
une situation et à un travail de plus en plus anxiogène. Selon
l’association Soins aux professionnels de santé (SPS), qui fait
vivre depuis 2016 un numéro vert destiné aux soignants en détresse
psychologique (ouvert 24h/24 et 7 jours sur 7), le nombre d’appel a
explosé depuis le début de l’épidémie en mars 2020.
« Cette activité grandissante et continue du dispositif SPS
témoigne du réel besoin d’écoute et de soutien des professionnels
de santé rendus vulnérable, un besoin qui s’est manifesté encore
plus vivement avec la pandémie » constate le Dr Éric Henry,
président de l’association. « Ce dispositif possède toutes les
qualités qui permettent de briser l’isolement et d’apporter du
soutien mais aussi de répondre rapidement et efficacement à la
souffrance de ceux qui sont en grande situation d’urgence »
ajoute l’ancien président du Syndicat des médecins libéraux
(SML).
43 % des appels proviennent d’étudiants
A l’occasion de la publication de son bilan 2021 ce vendredi, l’association SPS a donné quelques chiffres sur l’activité de ce numéro vert. L’année passée, la ligne a été appelée à plus de 5 700 reprises, soit 16 fois par jour. Plus de 1 200 de ces appels ont été passés en pleine nuit. Les appelants en détresse psychologique sont aux deux-tiers des femmes. Parmi les professionnels, ce sont les infirmiers qui sont les plus représentés, constituant 15 % des appelants. Mais depuis que la plateforme a été ouverte aux étudiants en avril 2021, nombre d’entre eux ont ressenti le besoin d’appeler le numéro de SPS. « On estime que 43 % des appels proviennent de la population étudiante » explique l’association.
Alors qu’en 2020 la majorité des appels était lié à la situation
sanitaire et au stress qu’elle engendrait, la cause des appels
s’est diversifiée en 2021. Les professionnels de santé appellent
presque autant pour des motifs personnels (33 %) que professionnels
(35 %) tandis que les étudiants appellent majoritairement pour des
problèmes personnels (48 %) et ensuite pour parler de leur parcours
étudiants (28 %). On note que seulement 13 % des appels sont encore
directement liés à l’épidémie de Covid-19 en 2021.
Une centaine d’appels graves par an
L’association SPS classe les appels selon leur gravité, du plus grave (niveau 5) au moins grave (niveau 1). Une centaine d’appels par an sont classés au niveau 4, c’est-à-dire révèlent des idées suicidaires et une dizaine de niveau 5, caractérisé par un passage à l’acte imminent. « Sur les deux dernières années, la plateforme a permis de répondre à une centaine d’appels de personnes à risque suicidaire ; grâce à elle, il a été possible d’adopter des comportements de soutien et de désamorçage de la crise suicidaire » se félicite l’association.
Environ 60 % des appels ont pu faire l’objet d’une réorientation,
notamment vers un psychologue (19 %), un médecin traitant (12 %) ou
vers le réseau Morphée en cas de trouble du sommeil. Les appels les
plus graves sont systématiquement orientés vers un
psychiatre.
Six ans après sa création, l’association SPS souhaite désormais
diversifier et accentuer son aide aux soignants en détresse. En
août dernier, elle a ouvert à Paris une « maison des
soignants » où les professionnels de santé en difficulté
peuvent bénéficier de consultations gratuites avec des
psychologues, participer à des groupes de parole ou mieux se former
à la prévention du suicide et à la gestion du stress.
Quentin Haroche