Diagnostic du paludisme au laboratoire

La France est le pays européen avec le plus grand nombre de cas de paludismes d’importation. Les cas ont augmenté de 35 % entre 2012 à 2015 ainsi que les formes graves.
Dans plus de 80 % des cas, la parasitémie est très faible (chimioprophylaxie mal suivie ou non adaptée) et, dans plus de 85 % des cas, c’est un P. falciparum avec retour d’Afrique subsaharienne (96 %).

P. Knowlesi, plasmodium moins bien connu que les autres, est retrouvé en Asie du Sud-Est. L’incubation est d’environ 5 jours. Son tropisme est pulmonaire et il provoque des fièvres journalières (24 heures). Pour rappel, tout paludisme provenant d’Asie du SE doit être envoyé dans un centre de référence.

Biologiquement, on retrouve fréquemment une anémie de type hémolytique d’intensité variable, une leucopénie inconstante et une thrombopénie

Le biologiste doit vérifier la présence ou non d’un plasmodium dans le sang, son espèce et son stade parasitaire. En cas de stade asexué, sa charge parasitaire, et ce, dans un délai rapide maximum de 2 heures selon les recommandations de la 12ème conférence de consensus en thérapeutique anti-infectieuses de la SPILF.
Rappelons l’inutilité de la sérologie Plasmodium en diagnostic.

Sous le microscope

Le diagnostic peut se réaliser en microscopie optique sur sang total sur goutte épaisse. En pratique, cette technique est peu réalisée en laboratoire, pourtant la lecture est rapide mais le diagnostic d'espèce difficile.

Le diagnostic peut être fait sur un frottis sanguin mince permettant de détailler le globule rouge parasité (taille, forme, inclusions cytoplasmiques) et les parasites (taille, forme, stade, pigments, nombre de noyaux).

Le calcul de la parasitémie doit être effectué et rendu au clinicien en pourcentage d'hématies parasitées

Quelles  techniques alternatives ?

- les tests immunochromatographiques (TDR) permettent une détection rapide des antigènes du paludisme. Ces tests doivent contenir l’antigène HRP2, marqueur du P. falciparum. Test rapide, simple, facile à lire, sans nécessité d'une alimentation électrique. Attention, en cas de parasitémie forte, il peut exister un phénomène de prozone (faux négatif).
- la microscopie à fluorescence ;
- la détection automatique de pigments et d'ADN intra-érythrocytaires (automate de NFS) ;
- la biologie moléculaire : PCR traditionnelle, nichée, quantitative.

Quoi de neuf ?

Illumigene® Malaria s’appuie sur la technologie moléculaire LAMP innovante (détection d'ADN par Loop-Mediated Amplification). Les résultats obtenus avec Illumigene® Malaria sont disponibles en une heure.

Pour le suivi

Pour suivre l'efficacité thérapeutique, les prélèvements doivent être fait jusqu’à J+21 ou +24 selon le traitement sur base d’un frottis et d’une goutte épaisse afin de quantifier la parasitémie et de voir la différenciation des gamétocytes.

Les autres techniques ne sont pas recommandées car les antigènes et de l’ADN persistent sous traitement.

Objectifs du diagnostic d’urgence

Au final, l’auteur propose de réaliser un TDR du paludisme (qui permet de détecter la présence d'antigènes spécifiques au parasite dans le sang) et de pratiquer un frottis sanguin ou une goutte épaisse en cas de positivité.
     
Objectif du diagnostic d'urgence :
Rendre à 2 heures de réception et à 4 heures du prélèvement :
    - Positif ou négatif ;
    - P. falcipraum ou non (diagnostic d'espèce) ;
    - Parasitémie (> 4 % : signe biologique de gravité) pour P. falciparum et P. knowlesi ;
    - Si positif, contact médical et recherche de signes de gravité.
 

Dr Sylvie Coito

Référence
Badre Eddine Lmimouni : Diagnostic du paludisme : quoi de neuf ? 52e journées de biologie praticienne (Paris) : 7 - 8 décembre 2018.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article