
Dans notre époque particulièrement pessimiste, on a tendance à
entendre et à croire que tout va dans la mauvaise direction,
notamment en matière d’écologie. Via une étude réalisée par
l’Observatoire régional de santé (ORS) d’Ile-de-France en
collaboration avec Airparif, Santé Publique France vient nous
rappeler que, contrairement aux idées reçues, la qualité de l’air
en Ile-de-France s’est nettement améliorée ces dernières années.
Les concentrations en particules fines, dioxyde d’azote et ozone
ont nettement diminué au cours de la décennie.
Grâce à une étude statistique minutieuse basée sur la mesure
des effets de la pollution atmosphérique sur la mortalité, les
agents de l’ORS d’Ile-de-France ont pu réaliser ce qu’ils appellent
une « évaluation quantitative d’impact sur la santé » (EQIS)
afin « d’objectiver l’enjeu de santé publique que représente la
pollution de l’air ».
Selon leurs calculs, entre 2010 et 2019, dans la région le
nombre de décès annuel attribuable à une exposition prolongée aux
particules fines est passé de 10 350 à 6 220, soit une baisse de 40
%, ce qui représente un gain d’espérance de vie de 8 mois pour les
Franciliens de plus de 30 ans. La part de l’ensemble des décès
attribuable aux particules fines est ainsi passé de 16,5 % à 9
%.
10 mois d’espérance de vie en plus pour les Parisiens !
La baisse est moins marquée pour les décès provoqués par une
exposition au dioxyde d’azote, qui seraient passés de 4 520 par an
à 3 680, soit une diminution de 19 %. Santé Publique France précise
que le nombre de décès évitables pour chaque type de polluant ne
peut pas être additionné car une partie de ces causes de morts se
recoupent.
La baisse de mortalité est particulièrement nette à Paris,
tout à la fois en raison d’une plus forte pollution atmosphérique
et d’une plus grande densité de population : les Parisiens de plus
de 30 ans ont ainsi gagné 10 mois d’espérance de vie en 10 ans. A
l’inverse, les zones rurales bénéficient plus de la baisse de
l’exposition à l’ozone, la pollution aux particules fines et au
dioxyde d’azote, essentiellement dues au trafic automobile, y étant
très faible.
Aussi encourageante que soit cette baisse de la mortalité
observée, l’Ile-de-France reste loin des objectifs en matière de
pollution atmosphérique fixés par l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS), actualisés et revus à la hausse en septembre 2021.
Selon l’ORS d’Ile-de-France, si les seuils fixés par l’OMS étaient
atteints, 6 200 décès supplémentaires dues à l’exposition aux
particules fines serait évités, soit une baisse globale de 9 % de
la mortalité en Ile-de-France, ainsi que 2 350 décès imputables au
dioxyde d’azote et 1 700 décès liés à l’ozone.
Le confinement a bien sauvé des vies
Pour Santé Publique France, il est très important de
communiquer sur ces bons résultats afin de « favoriser
l’acceptabilité sociale des mesures » de lutte contre la
pollution atmosphérique. « Si certaines valeurs guides de l’OMS
peuvent paraitre lointaines, un regard en arrière montre le chemin
parcouru » notent, optimistes, les auteurs de l’étude.
Enfin, les agents de l’ORS d’Ile-de-France se sont intéressés
à l’impact sur la qualité de l’air des confinements de 2020, qui
ont logiquement fortement réduit le trafic automobile et donc la
pollution atmosphérique. Selon l’étude, ce sont 340 décès liés au
dioxyde d’azote et 180 morts imputables aux particules fines qui
auraient pu être évités grâce à ces mesures drastiques de
restrictions de déplacement, en particulier à Paris et dans sa
banlieue.
A quand un confinement pour améliorer la qualité de l’air
?
Quentin Haroche