Paris, le mercredi 12 janvier 2022 – Le ministère de la Santé
va prendre un arrêté pour supprimer les règles spécifiques
appliquées aux hommes homosexuels souhaitant donner leur
sang.
42 % des nouveaux séropositifs sont des HSH
C’est nier que les règles spécifiques s’appliquant aux
homosexuels masculins souhaitant donner leur sang n’ont rien
d’homophobes (elles ne visent d’ailleurs pas les lesbiennes), mais
répondent à un objectif de santé publique : éviter la transmission
du VIH. Les hommes homosexuels ont été interdits de donner leur
sang en 1983, au tout début de l’épidémie de ce que certains
appelaient encore (de façon stigmatisante) le « cancer gay
». N’en déplaisent à certains, le VIH continue de nos jours à
toucher plus souvent des « hommes ayant des relations sexuelles
avec des hommes » (HSH) que le reste de la population. Selon
une étude de 2017, 14 % des HSH fréquentant des « lieux de
convivialité homosexuel » sont séropositifs. En 2018, 41,6 %
des personnes nouvellement diagnostiquées séropositives étaient des
hommes homosexuels.
Les HSH ont finalement été ré-autorisés à donner leur sang en
2016, à condition de respecter une période d’abstinence sexuelle
d’un an, ramené à 4 mois en 2020. Avec l’entrée en vigueur du
nouvel arrêté, les donneurs ne se verront plus poser de questions
sur leur orientation sexuelle, mais uniquement sur leurs
éventuelles « pratiques individuelles à risques ». Le
gouvernement justifie ce changement de doctrine par l’amélioration
des techniques de dépistage qui aurait réduit par 40 depuis 1990 le
risque qu’un don de sang contaminé passe entre les mailles du
filet. « La réalité, c’est qu’il n’y a pas eu de nouvelles
estimations de ce risque résiduel » avertit Fabrice Pilorgé,
responsable à l’association AIDES.
Donner son sang n’est pas un droit
Des mesures de surveillance vont être mises en place pour
suivre les conséquences du nouvel arrêté a déclaré le ministère,
sans plus de précision.
L’arrêté prévoit également d’interdire le don du sang aux
personnes ayant pris un traitement pré ou post-exposition au VIH
(PrEP ou PEP) dans les 4 derniers mois, car ces médicaments peuvent
fausser le dépistage du VIH dans le sang et sans soute surtout
parce que les personnes qui suivent cette prophylaxie « sont
généralement liées à des pratiques à risque » explique Cathy
Bliem, directrice générale de l’EFS. On rappellera par ailleurs que
de nombreuses autres personnes ne peuvent pas donner leur sang (les
épileptiques, les sujets ayant résidé au Royaume-Uni avant 1996…)
sans que l’on parle de discrimination, tout simplement parce que
donner son sang n’est pas un droit et que la transfusion est un
acte médical.
Quentin Haroche