
Les reflux gastro-œsophagien (RGO) est un phénomène physiologique chez les nourrissons. Le RGO pathologique (RGOP) est évoqué lorsqu’il existe des symptômes faisant penser à des phénomènes douloureux comme des régurgitations, des difficultés d’alimentation et des pleurs qui n’ont rien de spécifique ou, dans les cas plus sévères, un retentissement sur la croissance, une œsophagite, des complications respiratoires. Les praticiens manquent de recommandations claires pour la prise en charge des RGOP, ce qui se traduit par une grande diversité dans les attitudes diagnostiques et thérapeutiques.
Un sondage sous l’égide de l’Université de Melbourne a été réalisé auprès de 2 319 praticiens généralistes tirés au sort. Le questionnaire informatique d’une durée de 15 mn comprenait 41 items avec réponses jamais, occasionnellement, habituellement. Le taux de réponse a été de 17 %, comme il est classique dans ce type d’enquête. Les répondants étaient plus souvent des hommes (59 %), âgés de 53,9 ans (± 9,4 de 31 à 82 ans), d’exercice urbain (66 %).
En ce qui concerne le diagnostic de RGOP, il pouvait être posé après un essai de traitement postural et de modification de l’alimentation (79 % habituellement), un essai d’un médicament (56 % occasionnellement, 33 % habituellement), en recourant à un pédiatre (69 % occasionnellement), ou un pédiatre gastro-entérologue (74 % rarement, 24 % occasionnellement).
Position, changement de régimes et…anti-acides
Le traitement prescrit pouvait être non pharmacologique : réassurance des parents (91 % des cas), positionnement (86 %) ; changement de régime (53 % occasionnellement, 34 %, habituellement) ; modifications de fréquence et volume des repas (47 % occasionnellement, 42 % habituellement) ; arrêt de l’allaitement maternel (13 % occasionnellement) ; recours aux épaississants (54 % occasionnellement, 31 % habituellement).
Des traitements pharmacologiques étaient fréquemment prescrits : antagonistes H2 (47 % occasionnellement, 29 % habituellement) ; inhibiteurs de la pompe à protons (52 % occasionnellement, 30 % habituellement) ; prokinétiques (94 % rarement, 6 % occasionnellement). Les praticiens jugeaient ces traitements médicamenteux de modérément à très efficaces, particulièrement les IPP mais seulement 16 % les utilisaient habituellement en première ligne et 56 % occasionnellement.
Au total, ce sondage révèle que la majorité des praticiens généralistes prennent pour critère diagnostique les résultats à un essai de traitement postural et de modifications de l’alimentation et plus rarement ceux de l’administration d’un médicament suppresseur de l’acidité. Ce travail montre qu’il existe manifestement un manque de définition claire permettant de distinguer reflux physiologique et pathologique.
Pr Jean-Jacques Baudon