
Une jeune fille de 16 ans est hospitalisée pour des douleurs abdominales et une diarrhée sanglante. Cinq semaines avant l’admission, des diarrhées et des douleurs abdominales intermittentes, diffuses et accompagnées de crampes étaient apparues. Puis, la diarrhée était devenue plus fréquente, les selles commençant à contenir du sang rouge foncé, et les douleurs abdominales s’étaient aggravées. Sa mère l'avait alors emmenée aux urgences d'un autre hôpital. Son poids était de 98,7 kg ; l'examen physique était normal ; le taux d'hémoglobine de 12,5 g /dL (intervalle de référence N 12,0 à 16,0). Les cultures de selles pour la salmonelle, la shigelle, le Campylobacter et l'Escherichia coli O157:H7 étaient négatives, de même que les tests antigéniques pour la Giardia, le Cryptosporidium et la toxine de Clostridioïdes difficile. Un traitement empirique à base de ciprofloxacine avait été prescrit.
Au cours des trois semaines suivantes, malgré le traitement, les douleurs abdominales et la diarrhée sanglante se sont poursuivies. Le jour de l'admission, elle a présenté au moins 4 épisodes de diarrhée. A l’arrivée, elle décrit une asthénie, un amaigrissement, une diminution de l'appétit et des nausées et vomissements intermittents lorsqu'elle mange. Elle souffre également de céphalées et de douleurs articulaires et musculaires légères diffuses. Elle n'a pas eu de fièvre ni de notion de contage.
Dans ses antécédents on retient une obésité, un syndrome anxieux et un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité. Elle prend de la fluoxétine et de la dextroamphétamine. Elle ne consomme ni alcool, ni drogue illicite, ni tabac. Elle vit dans une région rurale de la Nouvelle-Angleterre avec sa famille, son chien, son chat et son lézard. Elle fréquente un lycée technique agricole et a de fréquentes interactions avec des animaux. Ses antécédents familiaux comprennent un cancer colorectal et une sclérose latérale amyotrophique chez son grand-père maternel, une diverticulose chez sa grand-mère maternelle et sa mère, un psoriasis chez sa grand-mère et son oncle maternels, et une maladie cœliaque chez son cousin paternel. Son père a une hyperlipidémie et sa mère a fait une fausse couche au premier trimestre de grossesse.
À l'examen, la température est de 36,4°C, la fréquence cardiaque de 112 battements par minute et la pression artérielle de 94/68 mm Hg. Le poids est de 89,8 kg et l'indice de masse corporelle de 32,7. La patiente est pâle, fatiguée et algique, les muqueuses sèches. L'abdomen n'est pas distendu, légèrement sensible dans les deux quadrants inférieurs. Il n'y a pas de lésion cutanée.
Sur le plan biologique, la numération des globules blancs est de 10 690 /µL (N 4500 à 10 700), les plaquettes à 188 000 /µL et le taux d'hémoglobine de 9,8 g/dL. Le taux sanguin de protéine C-réactive est de 248,0 mg /L (N 0,0 à 8,0) et la vitesse de sédimentation des érythrocytes de 71 mm /heure (N 0 à 20). Le ionogramme sanguin, la glycémie et la fonction rénale sont normaux. La recherche du SARS-CoV-2 est négative. Elle est perfusée, reçoit de l'acétaminophène et de l'ondansétron, et est hospitalisée. A J2 d’hospitalisation, le taux d’hémoglobine est passé à 8,2 g/dL et elle bénéficie de la transfusion d’un culot globulaire (CG).
Une fibroscopie œsogastroduodénale (FOGD) et une coloscopie sont réalisées qui mettent en évidence 2 ulcères œsophagiens à 30 cm des incisives, une inflammation diffuse du cardia et gastrique, de multiples lésions non obstructives du sigmoïde, friables, de couleur violet foncé qui sont biopsiées. Devant une hémorragie de sang rouge de grande abondance, elle est transférée en soins intensifs, de nouveau transfusée (2 CG) et un traitement par pantoprazole est initié.
Une tomodensitométrie (TDM) thoraco-abdominale montre un épaississement irrégulier de la paroi colique et de la graisse adjacente, le côlon sigmoïde distal et le rectum étant épargnés. Les reins présentent des zones d'hypoatténuation multifocales.
A J5 d'hospitalisation, une tachycardie et une tachypnée apparaissent. Le taux d'hémoglobine est de 8,8 g /dL et la numération plaquettaire de 67 000 / µL. Le temps de prothrombine est de 17,3 secondes (N 11,5 à 14,5), l’INR de 1,4 (N 0,9 à 1,1), le temps de thromboplastine partielle activée de 50,0 secondes (N 22,0 à 36,0) et les d-dimères sanguins supérieurs à 10 000 ng /ml (N 0 à 500). L'angiographie par TDM thoracique révèle un défaut de remplissage central dans l'artère pulmonaire droite distale correspondant à une embolie pulmonaire ainsi qu’un important épanchement pleural droit.
Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? Que(s) examen(s) demandez-vous ?
Envoyez vos suggestions avant le 24 mars 2023, à 13
heures en cliquant sur le bouton « Réagir » situé en bas à droite
de cette page. (Vos réponses ne seront pas publiées).
La solution de cette énigme sera publiée sur Jim le 24 mars 2023
dans l’après-midi.